Hommes sauvages d’Europe centrale

Illustration d’un article hongrois de 2013

Placés entre les pays fondateurs de l’UE à l ‘ouest, et la Russie, il y un ensemble de pays très divers qui ont en commun d’avoir chacun une histoire et une culture très riche. Dans cette partie centrale et orientale de l ‘Europe, où le folklore fantastique occupe une place importante, l’homme sauvage semble être, là aussi, chez lui. Il faut le rechercher un peu certes, mais il est bien présent, tapis dans l ‘ombre comme toujours.

Nous allons présenter quelques histoires d’homme-singe issues de cette vaste région en débutant par le Nord, la mer Baltique, pour descendre jusqu’en Méditerranée. En accompagnant comme toujours, les récits anciens par des témoignages récents

Etats Baltes

Un auteur polonais Jan Radwich aurait écrit qu’en 1661, plusieurs ours avaient été chassés dans la forêt lituanienne de Grodno. Parmi eux se trouvait un homme sauvage qui a été capturé et amené à Varsovie en guise de présent pour le roi Jan Casimir II. Le garçon avait autour de 13 à 15 ans. Son corps était recouvert d’une fourrure dense et lui-même ne pouvait pas parler du tout. La reine de Pologne a essayé d’humaniser cette créature et pour cela on l’a affectée à des travaux en cuisine. La créature au final a été présentée au vice chancelier Adamo Palinski, après quoi ses traces se sont perdues. Carl Linné a même présenté un nom latin pour le monstre comme il le désigne, Juvenus ursinus lituanus, jeune ours de Lituanie.

Un moment plus tard en 1694 l’histoire s’est répétée presque exactement, dans la forêt lituanienne un second garçon sauvage a été attrapé. Il a été amené aussi à la cours et présenté devant un autre roi, Jan Sobyeski III. Parmi d’autres observateurs, il a été examiné par le médecin personnel du roi Bernard Connor qui est devenu par la suite un membre du collège royal de médecine et de la société royale de Grande Bretagne. En plus des rapports de l’ouest de l’Europe il y a un rapport russe au sujet de ce garçon en Pologne disant que le roi Jan III a obtenu un homme-ours attrapé dans la forêt, ne disant rien mais rugissant uniquement. Hirsute de partout, il grimpait aux arbres.

 En automne 1936, un groupe de forestiers inspectant une des grandes forêts près de Riga, Lettonie, ont rencontré sans s’y attendre une entité extraordinaire semblable à un homme singe accroupie au pied d’un arbre. Quand elle a aperçu les hommes, elle s’est enfuie rapidement en se balançant à une branche en surplomb et en grimpant vers le sommet même avec une vitesse et une agilité remarquables. Quand un des forestiers lui a tiré dessus, l’entité a poussé un cri perçant et s’est abattue au sol où elle a été empoignée par les hommes, qui ont découvert qu’elle était couverte de poils et dépourvue de tout vêtement.

Pologne

Il y a de rares témoignages récents, comme ici, d’autre part il y a eu ce canular il y a quelques années, et sinon peut-être d’autres éléments ici.

Mais il s’est passé un phénomène intéressant concernant l’homme sauvage polonais, en effet il a été baptisé assez récemment, Getzko, suite à un seul et unique témoignage anonyme qui reste aujourd’hui, le texte récent le plus intéressant et le plus précis sur le sujet. Publié en 2006 sur le forum d’ un site internet aujourd’hui défunt, cryptozoology.com, ce récit a heureusement été sauvegardé par les cryptozoologues polonais de KryptoZoo.

Voici le témoignage, de l’utilisateur triceratops_khan qui l ‘ a posté le 16 mars 2006 . Il pourrait provenir d’une famille polonaise émigrée aux USA il y deux générations :

Je parlais ce matin à ma Bobczi (grand-mère) et elle m’a raconté une histoire que ses parents lui avaient racontée quand elle était petite, à propos d’êtres sauvages vivant dans la forêt. Finalement, je lui ai demandé ce que ses parents voulaient dire, s’il s’agissait vraiment d’êtres agités et malveillants, ou de quelque chose de plus. Sa réponse a été : « On les appelait Getzko. » Elle m’a dit que même si ses parents n’en avaient jamais vu, ils en avaient peur. Ses parents étaient nés à Orunkia dans le nord de la Pologne, (dans le texte original, l’auteur a utilisé le nom « Orunkya », qui se prononce « Orionkaja, il semble plus probable qu’il fasse référence à un endroit appelé Orynka ou Orinka dans les anciennes frontières orientales, actuellement à l’intérieur des frontières de la Biélorussie ou de l’Ukraine). Une ville qui n’est plus sur les cartes car elle a été détruite pendant la Seconde Guerre mondiale. C’était une ville habitée par des pêcheurs. La ville était hantée par des « Cavaliers noirs », probablement des Cosaques, entre 1895 et 1900…( il exista en Prusse deux régiments de hussards de la mort, habillés de noir et portant des têtes de mort sur leurs bonnets. Le premier régiment fut fondé en 1817, et le second fut transféré de Poznań en 1859. )

Qu’est-ce qu’un « Getzko » ? (ou peut-être un Guetch call ?) Apparemment, c’étaient des êtres très grands, d’environ 2,10 à 2,40 mètres de haut. Ils étaient couverts d’une fourrure sombre, sous laquelle seuls le nez, les yeux et la bouche étaient visibles. Ils pouvaient marcher debout ou à genoux, courir à quatre pattes et, paraît-il, courir aussi de côté. Ils étaient extrêmement puissants et étaient connus pour attaquer les gens. Ils se nourrissaient de « restes de bois » et parfois de poissons. Ils étaient connus pour être amicaux envers les chevaux, les chiens et les autres animaux. On disait qu’ils émettaient des sons de reniflement qui ressemblaient à ceux des chevaux [hennissements]. Un jour, quand ma grand-mère est rentrée de l’école en 1939, elle tenait un dictionnaire dans sa main. L’un des mots était « gorille » et il y avait une image d’un gorille debout. Lorsque sa mère a vu l’image, elle s’est mise à crier et à hurler « C’est Getzko, c’est Getzko » et ma grand-mère a dû lui expliquer « Non, maman, c’est un gorille ». Ma grand-mère se souvient que ses parents lui racontaient des histoires sur Getzko :

1) Une nuit, il y a eu une terrible tempête (ma grand-mère ne se souvient pas si c’était une tempête ou un blizzard) et un petit garçon n’est pas rentré à la maison. Le lendemain, quand il revint, il raconta qu’un géant velu l’avait traîné dans une grotte [et l’avait retenu là] jusqu’à ce que la tempête passe.

2) Un homme et sa femme furent attaqués par Getzko alors qu’ils marchaient dans la « forêt sombre », comme ma grand-mère se souvient que ses parents l’appelaient. Ils racontèrent qu’un des « cavaliers noirs » était allé dans la forêt pour tuer la créature. Deux jours plus tard, son cheval revint avec la tête du cavalier manquante. Le médecin de la ville (qui était aussi boucher) dit que la blessure ressemblait à une tête arrachée, et non sectionnée.

3) La famille essaya de vivre de la pêche. Un jour, l’un des « cavaliers noirs » leur dit que s’ils ne payaient pas, ils leur enlèveraient leurs enfants en guise de punition. Ils ne purent obtenir de réduction de la peine. La veille du jour où les « cavaliers noirs » devaient venir chercher les enfants, les voisins frappèrent à la porte le matin et leur dirent de sortir. Dehors se trouvait un énorme poisson « si gros que seul un cheval pouvait le sortir de l’eau ». Plus tard, grand-mère a dit que c’était un « steergun »… un esturgeon ? Quoi qu’il en soit, aucun des voisins n’avait de cheval, le seul était le cheval du « cavalier noir ». Ma grand-mère a dit qu’elle avait demandé comment c’était arrivé et sa mère a répondu qu’il y avait des empreintes de pas dans le sol, beaucoup plus grandes que des pieds humains normaux et seulement quatre orteils. Seuls deux animaux auraient pu sortir un poisson comme ça, un cheval et Getzko.

Ce sont les histoires dont elle se souvient le mieux, elle connaît aussi des bribes d’autres histoires, mais celles-ci sont les plus intéressantes. Quelqu’un d’autre a-t-il entendu parler du bigfoot polonais ? Comme tout le monde le sait probablement, le mot « Getzko » vient probablement d’un mot mal orthographié signifiant « fantôme » ou « apparition »… les termes « fantôme » ou « apparition » pourraient-ils indiquer un animal similaire à un sasquatch ? Mdr. Si jamais quelqu’un est originaire d’Europe de l’Est et connaît des histoires similaires, merci de me le faire savoir. ( fin du post)

Biélorussie

Au début des années 1970, un opérateur de tracteur du village de Mozir aurait aperçu un homme velu se cachant dans les broussailles, par deux fois durant une journée, dans la matinée et la soirée. La région de Homiel est densément boisée est située au nord de Chernihev près de la frontière de l’Ukraine et de la région de Bronsk en Russie.

Archéologue biélorusse de renommée mondiale, Ludmila Vladimirovna a effectué des inspections archéologiques le long des berge de la rivière Vienna de l’ouest en 1984 dans le district de Miyorsky de la région de Vitebsk, les membres d’un détachement militaire local lui a dit qu’ils ont aperçu une vieille femme de 3 mètres de haut marchant à la lisière de la forêt et portant soit un sac soit un fagot de bois de buissons derrière ses épaules.

Deux histoires aussi ont causé un grand émoi dans les journaux biélorusses des années 1980. Une est survenue en avril 1983 quand un élève de 1ère de l’école secondaire de Valmyanska, Yuri Maritzki près du village du district de Dushkovinski de la région de Minsk, a déclaré avoir rencontré une créature humanoïde de 3 à 4 mètres de haut dans une ancienne sablière. L’être s’est révélé être recouvert d’une fourrure épaisse qui présentait des nuances du marron foncé au noir sur différentes parties du corps. Une énorme tête velue était posée sur ses épaules directement. Les bras et les jambes étaient longs.

La seconde affaire est survenue en juillet 1989 à Rakov dans le même district de Velozynski lors d’un festival du camp des jeunes pionniers. Des enfants de toute façon du camp des pionniers effectuaient une marche et ils ont remarqué une étrange créature bipède. Sa description variait fortement. La description la plus précise appartient à Ruslan Lutzkin qui selon les enfants, a vu le monstre, de très près. Ruslan a décrit que c’était un géant nu qui faisait autour de 3,5 mètres de haut, couvert d’une fourrure épaisse marron gris. Sa tête était grosse et humanoïde. Il n’y avait aucun cou comme il est paru pour le garçon. Il n’a pas remarqué non plus le nez et les oreilles de la créature mais ses yeux paraissaient petits.

Au début de juillet 2008, un adolescent d’un village dans un district de la région de Gordno a observé un animal humanoïde précis de 1,5m de haut environ. Il ressemblait à un singe couvert d’une fourrure noir dans les pattes pendouillaient jusqu’aux niveau des genoux. Le grand singe a été aperçu aussi par la mère d’Eugène et les garçons du village de Krasnody dans le même district. De toute façon un des locaux s’est précipité vers la créature avec une fourche mais a remarqué qu’elle se trouvait déjà dans un bouleau situé à coté d’un champ de maïs. La créature s’est déplacée rapidement donc.

En 2022, plusieurs observation dans la région de Gordno, Le chef de la police du district principal de la région de Grodno a assuré que plusieurs douzaines de personnes avaient fait des dépositions écrites au sujet des observations d’une créature inconnue qui pouvait constituer à leur avis une menace envers des humains. Un résident de 74 ans du village de Krasnot a vu et a été le premier à contacter des agences des forces de l’ordre. Plusieurs autres villageois ont observé une grande créature hirsute sur deux jambes vagabondant dans un champ de maïs. Elle était couverte d’une longue fourrure épaisse et noir et par l’aspect externe elle ressemblait à un singe ou un grand singe mais se déplaçant seulement sur deux jambes. près de la rivière Rudna, des pêcheurs ont témoigné comment vraisemblablement un homme des neiges nageait d’une berge à l’autre et s’est dirigé vers le hameau. Des chasseurs locaux étaient tout à fait préparés déjà pour attraper ou tuer le monstre et il n’est jamais réapparu. On ne sait pas exactement où il est allé. Des tentatives pour prendre cette créature par embuscade n’ont pas été couronnées de succès. Des événement similaires se seraient produits dans cette région en 2014 et 2015. .

Plus d’éléments sur la Biélorussie et l ‘Ukraine ici et ici

Ukraine

Le Chuhaister (Чугайстер) est une divinité tutélaire ukrainienne des forêts. Il est spécifique aux Carpates ukrainiennes. C’est une créature fantastique de la mythologie ukrainienne, inconnue des autres peuples slaves.
Il était imaginé joyeux et recouvert d’une fourrure noire ou blanche et d’yeux bleus. Il danse, chante et chasse les mavkas qui attirent les jeunes bûcherons et bergers dans la nature et les détruisent. Les mavkas sont des esprits féminins de la forêt. Parfois, Chuhaister était imaginé sous la forme d’un vent ou d’une tornade.

Pour une personne, selon la plupart des idées reçues, le Chuhaister n’est pas dangereux. Il aime s’asseoir près du feu humain et y faire rôtir la Mavka attrapée. Parfois, le Chuhaister entraîne les gens dans une danse folle à laquelle les chaussures ne peuvent résister.

Il est connu sous les noms suivants : chugayster, chugaystyr, chugaistryn, ochugayster, chugay, homme de la forêt, grand-père de la forêt et simplement grand-père (Boykivshchyna), hibou de nuit (Transcarpatie), bosquet (Rakhivshchyna), grand-père. Les légendes sur Chuhaister ne sont connues que dans les Carpates ukrainiennes, elles sont plus répandues dans la région de l’éthnie Hutsul. Le mot Chuhaister n’apparaît pas dans les monuments historiques ni dans la littérature. B. V. Kobylansky a supposé que le personnage mythologique et son nom sont apparus directement dans les dialectes du sud-ouest de la langue ukrainienne en lien avec l’apparition d’ermites forestiers des monastères moldaves-bucoviniens aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Chuhaister, un personnage légendaire, inspiré d’humains hirsutes ? C’est bien possible, mais la coïncidence est que les Carpates ukrainienne sont également bien connues pour de nombreux récits concernant la version contemporaine de Chuhaister: l’homme sauvage de type Almasty, ou autrement dit, une sorte de Yéti. Et peut-être plus encore, car d’autres créatures plus ou moins similaires sont signalées, comme ces  » têtes de chiens », les récits de rencontre avec des cynocéphales ne sont pas l ‘objet de cet article, mais ils sont également très présents dans les autres pays d’Europe centrale.

Photo de 1984. Moulage réalisé dans les forêts proches de la ville de Yaremche, dans la région d’Ivano-Frankivsk.

Les Carpates ukrainiennes couvrent une superficie de plus de 24 000 kilomètres carrés. Elles mesurent 280 kilomètres de long et 110 kilomètres de large. Les Carpates forment la partie orientale du principal massif montagneux d’Europe, qui à l ‘ouest s’appelle  » Les Alpes ».

 Au début des années 1970, une grande expédition de folkloristes dirigée par l’éminent folkloriste ukrainien Oleksandr Day a quitté Kiev pour la région Hutsul. À la périphérie de Kosmach, et plus tard dans d’autres villages Hutsul, ces folkloristes ont enregistré des histoires intéressantes sur des personnages géants, appelés chugaystras.

De nombreux rapports sur la rencontre avec un bonhomme de neige proviennent du village de Kosmach, dans la région d’Ivano-Frankivsk. Dans le film « Carpathian Springs » du cinéaste Oleg Biima de 1986, les anciens de Kosmach racontent avec enthousiasme, se souvenant de leur jeunesse, comment ils travaillaient comme bûcherons, vivaient dans une hutte et qu’une créature mythique est venue vers eux au milieu de la nuit.

En 1997, dans le journal de la Transcarpate « Orbit », l’ancien éditrice du journal « Jeunesse de l’Ukraine » Ilya Ilnitsky, a publié des histoires des Gutsul au sujet de rencontres de bergers et de bûcherons, de chasseurs, de touristes, de géologues avec des créatures étranges. Voici quelques un de ces récits traditionnels ukrainiens sur l ‘homme sauvage ici.

Il semble que cet article bien documenté sur le yéti des Carpates provienne également des recherches d’Ilya Ilnitsky . Extraits.

En 1994. Dans le village de Medvezhy, dans la région de Tomchuchyno, un jeune homme, Vasyl, a rencontré une créature inconnue. Il était presque deux heures du matin, mais le ciel étoilé était si brillant qu’il était visible comme en plein jour. Vasyl s’est approché de la forêt et a soudainement entendu des pas derrière lui. Finalement, les pas commencèrent à devenir plus bruyants, le monstre se rapprochait. Vasyl a commencé à courir et lorsqu’il a réussi à s’éloigner de plusieurs centaines de mètres, il s’est caché derrière les arbres. Plus tard, il aperçut une créature beaucoup plus grande qu’un homme, avec un long cou et une petite tête. « Mes cheveux se dressaient. Je ne savais pas quoi faire, se souvient l’homme. – Il n’y avait qu’une seule pensée : s’enfuir. Il traversa la source salée et se mit à courir vers la chapelle de Medvezhy. Il courut à la chapelle, tomba à genoux et commença à prier. Un grand rugissement se fit entendre de derrière, il semblait que des pierres tombaient des montagnes dans les ruisseaux. Le monstre ne m’a plus couru après, il a probablement son propre territoire… ».

Plus tard, une histoire similaire s’est produite avec un jeune homme qui conduisait un cheval du pâturage jusqu’à sa maison. Dans une zone, l’animal ne voulait pas aller plus loin, le garçon n’a pas immédiatement compris ce qui s’était passé jusqu’à ce qu’il voie un bonhomme de neige devant lui. Cependant, elle ne courut pas après lui, mais se retourna et s’enfuit.

Petro, un autre habitant des hauts plateaux ukrainiens, raconte un cas intéressant : « Quand j’avais environ 12 ans, mes garçons et moi conduisions des chevaux dans la forêt la nuit. On allume un feu, on met des broussailles, on s’occupe à tour de rôle des chevaux. Nous nous asseyons près du feu et nous réchauffons. Soudain, les chevaux furent alarmés par quelque chose. Et une minute plus tard, il ressortait des buissons, complètement poilu. Nous avions très peur. Il s’est approché de nous, a pris Babiya dans ses bras (c’était le plus petit), puis l’a déposé au sol et est parti dans la forêt. »

Un monstre inconnu a également été vu par des chasseurs des Carpates, dont l’un a déclaré avoir vu un bonhomme de neige descendre d’un arbre. D’autres anciens de ce village parlent aussi volontiers du monstre, qui a été vu à divers endroits de Kosmach. Il y a quelques années, un jeune homme a disparu dans la forêt et n’a toujours pas été retrouvé. Les gens disent qu’il aurait pu être attaqué par un Chugaist.

Des expéditions de recherche ont également été organisées dans les années 1980 dans la station balnéaire de Bukovel, et la municipalité de Yaremche par l’enquêteur en paranormal Vladislav Kanyuka.

Carpates ukrainiennes

Hormis les Carpates, des témoignages proviennent d’autres région ukrainiennes.

Ainsi, en 1986, Varvara Zozulya a rencontré une mystérieuse créature dans les montagnes de Crimée. Elle se dirigeait vers le cap Malchyn. Elle atteignit l’une des falaises, où elle aperçut la créature. L’animal inconnu dormait. Lorsque la femme s’est approchée de l’animal pour jeter un œil, le monstre s’est réveillé et a commencé à la regarder. La femme a commencé à reculer de peur et a réussi à éviter le danger.

Le 23 février 1991, AS Tkachuk de la ville de Kremenchug, après son service à la boulangerie, est rentrée chez elle dans sa maison de plein pied. Elle était sur le point de s’endormir quand elle a senti que quelqu’un lui serrait la gorge avec ses mains. A 30cm d’elle, elle a vu une créature avec un visage « comme un humain, tout velu seulement ». Sur son visage près des yeux noir, les poils étaient légèrement plus courts. Elle a cru que c’était un démon mais il n’avait pas de cornes. Elle a saisi de ses mains les mains de la créature. Ses mains étaient petites avec des doigts humains. C’était davantage comme des mains que des pattes. Elles avaient des poils comme un singe et elles étaient chaudes. La couleur du pelage était châtaigne foncé. Il lui était visibles un peu au-dessus de la taille. La taille de ses épaules correspondait à la taille d’un enfant de 5 – 6 ans. Tkachuk a essayé d’arracher les mains de sa gorge mais la créature était plus forte que la fille. Elle a réalisé que c’était un mâle. Elle ne pouvait pas crier parce que sa gorge était toujours comprimée. Quand Tkachuk a réalisé qu’elle ne serait pas capable d’enlever les mains de sa gorge, elle a cessé de résister. Il l’a relâchée immédiatement et a disparu. Après cela, paralysée par la frayeur, la jeune femme n’a pas pu crier.

Un bonhomme de neige a également été aperçu dans les forêts de la région de Lviv. La réunion a eu lieu dans le district de Mostysky de cette région : « Mon grand-père a également raconté comment il avait vu une énorme créature ressemblant à un singe en 1926 à la frontière polono-ukrainienne, près du village de Krakovets. Le corps de la créature était recouvert de fourrure noire », se souvient Roman Melnyk, originaire de Lviv. « 

Il y a des récits plus proches de nous.

En 2003, par exemple, dans la station de ski de Slavsk, dans les Carpates, un groupe de touristes effrayés a quitté la forêt. Voici ce que se souvient l’une d’entre elles, Maria, 32 ans, venue de Lviv.
Ils ont décidé de se promener parmi les sapins à cinq heures du matin. C’était très beau et un peu sombre, juste au moment où le soleil se levait. Soudain, à une centaine de mètres, une créature trapue a traversé le chemin. Elle était couverte d’épais poils de couleur sombre et n’avait pas de vêtements. Elle atteignait une hauteur de deux mètres ou même plus. Le mari de Maria et elle ont eu peur parce qu’ils avaient avec eux une fille de cinq ans. Ils l’ont attrapée et ont failli rouler en bas de la montagne. Le couple a repris ses esprits en atteignant la route goudronnée, poussiéreuse de neige, et heureux d’avoir survécu.

En 2010, des scientifiques allemands se seraient déplacés, sous la direction de Martin Ikristov, qui cherchaient un bonhomme de neige dans le village de Kosmach, dans la région d’Ivano-Frankivsk.

 

Hongrie

Tout début 2022 un récit publié dans la presse hongroise fit sensation. Un jeune scientifique racontait ce qui était survenu lorsqu’avec un ami il entrepris d’étudier les formations de tuf rhyolitique appelée Fehérszék près de Mátranoväk.

Fehér-szék de la forêt de Mâtranovâk

Le massif montagneux de Mâtra, est le plus haut de Hongrie, culminant à environ 1000m.

Ils ont commencé à se sentir observer, puis a percevoir cette odeur nauséabonde de  » chien mouillé, et alors ils l ‘ont aperçu, assis au sommet d’une colline de tuf. La créature humanoïde, couverte de fourrure d’une couleur  » blanche et sale », s’est relevée, a émit un  » gazouilli » et s’est enfui. Laissant les deux scientifiques en état de choc. Mais tout de même ils ont réussi à le prendre en photo :

Est-ce un cliché du yéti hongrois ?

Cette histoire de rencontre parfaite, à laquelle il ne manque rien, même pas une photo correcte, est hélas complètement faux, inventé. C’est un canular qui a été repris tel quel dans la presse, et y figure encore. Ces scientifiques n ‘ont jamais existé, il s’agit en fait de l ‘œuvre de deux artistes, Kazsimér et K. Takács, inspirés par le folklore fantastique local et la crytozoologie. Leur canular est en quelque sorte un hommage à l’histoire légendaire de Hany Istok, un enfant sauvage velu trouvé au 18ème siècle dans un marécage en Hongrie.

Pour autant, le yéti hongrois n ‘est pas totalement bidon.

D’ailleurs son nom traditionnel est Mátranováki Fanyűvő, ce qui signifie quelque chose comme le bucheron, ou le mangeur d’arbre de la forêt de Mâtranovâk.

Le groupe ethnique Csángós des gorges de Gyimes a migré en Roumanie depuis la Hongrie au 18ème siècle. En 1987, l’ethnologue et éditeur hongrois de Transylvanie, Anikó Salamon a publié un recueil de contes, lectures et prières de ce peuple. L’homme sauvage y est décrit comme une créature à poils blancs, ressemblant à un singe,  » elle est recouverte d’une laine grise comme mouton, et on ne sait pas si c’est une femme ou un humain ».
Autre récit Csángós « Je suis allé dans une cabane plus ancienne à Királykút, dans un jardin tondu, puis les moutons sont sortis et la fille, ma sœur, est retournée à la cabane. Et puis elle l’a vu debout à la porte de la cabane. Es-tu un homme sauvage, comme un mouton gris ? Appuyée contre la porte, la fille a eu peur et a couru et il a couru vers ses parents avec un grand cri, mais il ne s’est pas présenté. là-bas, ils l’ont vu là-bas auparavant, dans une vallée appelée Királykút où ils se reproduisent peu.

Fanyűvő : grand, jusqu’à 2,5 à 3 mètres, allongé, voûté, avec des parties du corps disproportionnées (mains longues et longues jambes, tête trapue et corps élancé). Une créature forestière à fourrure principalement brune grisâtre et aux yeux brillants. Il évite la lumière du soleil, est principalement actif la nuit et sa présence est principalement reconnue par les coups monotones d’une hache qui résonnent dans la forêt nocturne calme. La plupart du temps, la créature se déplace sur deux pattes, mais selon certains témoins, elle descend sur quatre pattes et est plus rapide. De nombreuses personnes l’ont vu sur les arbres, il est donc probable qu’il puisse aussi grimper aux arbres. Vraisemblablement omnivore, mais la plupart des rapports le qualifient de carnivore.

Des rapports ont commencé à être diffusés dans les années 1980, une légende s’est répandue parmi les mineurs de Mátra à propos d’une créature aux cheveux blancs ressemblant à un singe vivant dans la forêt.

Certains des témoignage les plus récents provient de Pécel en 2011. Un groupe de campeurs a vu Fanyűvő marcher le long d’une rangée d’arbres, et il s’est enfui à la lumière de la lampe torche. Mais aussi, deux jeunes ont remarqué le singe blanc au bout d’un petit chemin très fréquenté. Timidement, il s’est enfui de la scène également.

Plus de détails sur les observations ici et ici.

Avant de quitter Fanyűvő, une autre photo a surgi en 2021 dans ce journal, montre t-elle le yéti hongrois ou un canular de plus ?

Le dossier de l ‘homme sauvage hongrois est, en dépit des canulars qui nous enseignent tout de même sa popularité, très intéressant. La forêt de Mátranovák tire son nom d’un vieux conte de fées hongrois, c’est une région vallonnée, il y a une immense forêt dense, presque intacte, pleine de creux, de ravins, de passages miniers abandonnés et de systèmes de grottes, qui font du paysage un terrain idéal même pour un être de taille humaine d’une espèce cachée, pour rester longtemps inaperçu.

 Selon une opinion répandue en Hongrie, il s’agirait d’une espèce de singe adaptée à la période glaciaire, qui aurait développé une longue fourrure blanche, qui le cache dans la neige et le protège du froid, et ses longs membres l’aidaient à se déplacer dans la neige et entre les rochers. Avec la fonte de la couverture neigeuse, l’espèce a été repoussée vers les montagnes au climat plus élevé et encore froid, comme les Carpates ou les Tatras. A cause de la déforestation dans les Tatras au 20ème siècle, l’animal a perdu ses principaux habitats et a été repoussé plus au sud, dans les Mátra. Cette théorie expliquerait pourquoi il n’existe que des récits sur l’animal datant de la fin du 20ème siècle.
 

Croatie

L’homme sauvage traditionnel de Croatie, est surnommé Védi/Védas nous allons rappeler ses caractéristiques grâce à un mémoire issu de l ‘université de Zagreb datant de 2021, qui décrit les principales figures fantastiques du folklore du nord de la Croatie. D’après l ‘autrice ces croyances sont loin d’être éteintes dans les régions de Bilogora ( montagne) et Podravina ( plaine) qui étaient autrefois une seule et même aire culturelle.

forêt Repas, Podravina

L’ouvrage de référence sur le folklore fantastique croate, est Mythological Traditions of Bilo-gora (1970) de Zvonimir Lovrenčević qui donne un aperçu de dix-huit créatures mythiques. On suppose que Lovrenčević a mené les recherches à partir des années 1940 (les premières données sur la narration datent de 1939 et les dernières de 1969). Bien qu’il n’y ait pas de données officielles sur les années et la méthodologie de la recherche, on pense que Lovrenčević a fait le tour des villages autour de Bjelovar à vélo et a recueilli des histoires auprès de la population locale.

extraits : Il y avait de bons et de mauvais védas. Les vedas mauvais ne s’associaient pas aux gens, ils restaient dans toutes leurs forêts, alors ils les appelaient les vedł de la forêt mais ils ne tuaient pas, mais s’ils trouvaient un homme plus jeune dans le gurna, ils l’emmenaient dans leur ville et le gardaient là pendant longtemps comme prisonnier. Ils l’ont souvent torturé, mais finalement ils l’ont laissé rentrer chez lui tout affamé, épuisé. ( Les védas étaient réputés vivre dans des sortes de  » villes  » au cœur des forêts.

Les bons védas avaient l’habitude de venir vers les gens et d’aider- Presque chaque maison avait son propre véda, qui était très affectueux, très attaché à la maison, souvent à un point tel qu’il avait l’habitude de faire toutes sortes de mal aux autres maisons des voisins, mais il était aussi dangereux pour sa propre maison, il dispersait le bétail dans les pâturages, déplaçait les poutres dans les étables ou les maisons, ce qui entraînait l’effondrement du toit, etc.

Bilogora

Dans les histoires recueillies dans la région de Bilogora, les védas sont décrits comme des êtres masculins ou féminins très grands. D’apparence similaire à celle des humains, et avec un corps couvert de poils, ces êtres surnaturels étaient « plus grands que les maisons » . cette caractéritique physique a été enregistrée à une époque où les maisons étaient assez basses par rapport à aujourd’hui. Étant donné qu’ils étaient assez grands, les vȅdi étaient des êtres forts. Selon une légende racontée à Lovrenčević par Ivan Matejak en 1958, nous apprenons que les vȅdi pouvaient déraciner des arbres et porter de lourdes charges, et qu’avec leur souffle, ils pouvaient soulever une tempête. Les vëdi étaient également décrits comme des êtres gigantesques qui protégeaient et aidaient les gens. Dans les recherches menées par Križanec-Beganović, le narrateur confirme les croyances enregistrées par Lovrinčević en 1970, selon lesquelles les Védas étaient très bruyants, ils étaient entendus la nuit, parlant et « chantant », et qu’avec la puissance de leur souffle, ils pouvaient soulever une tempête. Ils seraient vêtus de haillons.

Chaque village ou presque avait son propre nom pour désigner les Védas. Certains ont fini par désigner des lieux-dits, comme Miklići, Patački, Bušica, et le nom de famille Patačko, qui est assez courant dans la région provient des Védas.

Ferdinandovac

Les folkloristes nous apprennent que les vȅds vivaient dans les forêts entre les sommets de Bilogora et Kalinovac et près de la Drave. D’après Lovrenčević, les Védas vivaient en tribus, et dans les profondeurs des forêts, ils avaient aussi leurs propres villes. Selon des témoignages recueillis, des squelettes ont été retrouvés dans plusieurs endroits du pays qui avaient des fémurs de plus de 70 ou 80 cm. La légende raconte que vers 1964, des fosses ont été creusées pour des poteaux téléphoniques à Pavlanci et dans d’autres logements près de Ferdinandovac, et à cette occasion, des squelettes de longueur supérieure à la moyenne ont été trouvés. L’opinion dominante est qu’il s’agissait des ossements des janissaires. D’après Lovrenčević Un « cimetière Veda » aurait également été découvert – les morts ont été enterrés à cet endroit d’une manière inhabituelle : deux grands squelettes ont été placés dans de longs arbres creux, face à face.

Bien que les témoignages au sujet des Védas aient quasiment disparus après la seconde guerre mondiale, il semble que l ‘important patrimoine fantastique de ces régions du nord de la Croatie survive encore aujourd’hui dans la culture populaire. Pour davantage de récits tirés de l’oeuvre de Lovrenčević , et des témoignages plus récents, il y a cet article de référence sur l ‘homme sauvage des Balkans écrit par le regretté Dimitri Bayanov en 2010.

Nous arrivons au terme de notre périple sur les traces de l ‘homme sauvage et comme toujours en Europe, hors du travail de collecte des savants, les témoignages sont aussi rares que suspects. Ici, peut-être plus qu’ailleurs, le rationalisme, l ‘esprit cartésien, repousse ces croyances, ce savoir populaire et largement oral, aux confins de notre culture, au risque de les expulser définitivement de notre patrimoine commun. Hormis l’exemple notable en Scandinavie, il y a peu d’efforts des institutions pour conserver la traces de ce que fut l ‘imaginaire, et les modes de vies de nos ancêtres il n ‘y a pas si longtemps.

Pour prolonger l’intérêt pour l’ homme sauvage encore plus à l’ Est, nous vous conseillons nos articles sur le sujet ici, ici, et cet ouvrage.


6 commentaires

  1. Bonsoir,

    Merci pour ces éléments. J’en avais rassemblé un certain nombre in English, plutôt pour mes correspondants US, pour l’ensemble de l’Europe de l’ouest (mais jusqu’à la Croatie) sur la page https://daruc.fr/westeur.htm

    Je me souviens d’une photo, il y a quelques années, en Pologne, montrant une jeune femme, en short vert et haut de bikini pour une baignade, avec, était-il dit, un bipède velu qu’elle avait vu, un peu caché par la végétation. Quelqu’un d’autre s’en souvient ?

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