Hommage à François de Sarre

François de Sarre (16 mai 1947 – 05 février 2025)

François de Sarre, c’est pour moi ce premier message électronique en 2010 qui scella des échanges sur l’identité biologique du Mokélé-Mbembé après avoir publié des articles conjoints sur la question dans la revue de Michel Ballot Les cahiers cryptozoologiques africains :

Bonsoir Florent,

J’ai bien reçu l’article et vous en remercie. Je vais le lire tranquillement (en ce moment je suis sur un terrain de camping). Michel Ballot m’informe qu’il a mis en ligne sur son blog le petit texte que je lui avais confié, voici quelques jours, également sur le sujet de l’identité zoologique du Mokélé-Mbembé.

Bonne continuation et à bientôt,

                                                     François

Avec Michel Ballot en 2010

Après ce premier mail, nous avons poursuivi nos échanges jusqu’en 2025, notamment sur Facebook, concernant la cryptozoologie en général et l’hominologie en particulier. Chers lecteurs, rendons ensemble un dernier hommage à ce grand homme de la cryptozoologie.

Un vulgarisateur

François de Sarre est l’auteur ou le coauteur d’une centaine de publications, dans la presse spécialisée (notamment en ichtyologie) ou dans des magazines de vulgarisation scientifique. Mes propres recherches sur le calmar géant et le cœlacanthe font que je suis sensible à cette approche ichtyologique, et j’y pressens son goût appuyé pour l’anthropogénèse, qui fut encouragé dès 1984 par le grand cryptozoologue français Bernard Heuvelmans (1916-2001).

Bernard Heuvelmans (1916-2001), le père de la cryptozoologie

Il fonde alors le CERBI (1988-2010), c’est-à-dire le Centre d’études et de recherches sur la bipédie initiale. A travers le site internet et la revue papier (Bipedia), le CERBI devient l’un des organes les plus influents de la cryptozoologie, accueillant des collaborateurs de prestige comme Michel Raynal, Michèle Aquaron, Yvette Deloison, Lorenzo Rossi ou encore Michel Ballot. Le CERBI fut un site internet pionnier pour la recherche cryptozoologique, inspirant les futures expériences de Cryptozoologia (1993) d’Eric Joye ou encore de l’Institut Virtuel de Cryptozoologie (1997) de Michel Raynal.

Au fait de sa gloire cryptozoologique, François de Sarre participa à la Première Conférence Internationale de Cryptozoologie à Rome en mars 1999.

Deux controverses scientifiques

Son appétence pour la cryptozoologie et son sens de la vulgarisation l’amena à traiter deux querelles scientifiques : la bipédie initiale et le récentisme.

Le puissant organe du CERBI lui permet d’appuyer ses vues sur la théorie de la bipédie initiale, en vulgarisant adroitement les réflexions de Max Westenhöfer et Serge Frechkop sur le sujet dans un article sur Bipedia dès 1988.

Sommaire de Bipedia n°1 (1988)

Ensuite, il co-écrit avec Pascal Cazottes Sirènes et hommes-marins (Les Trois spirales, 2006). Ce premier travail de réflexion sur la bipédie initiale permet d’ancrer l’origine marine de l’homme : François de Sarre y soutient donc l’idée de « l’homoncule marin », un mammifère qui était déjà en station debout, dans l’océan, et qui sortira directement en station érigée.

Sirènes et hommes-marins (Les Trois spirales, 2006) avec Pascal Cazottes

 

Le fruit ultime de ses réflexions sur la bipédie initiale est l’ouvrage : La Bipédie initiale – Essai sur l’Homme d’hier et d’aujourd’hui (Hadès, 2014). Il y développe à nouveau sa thèse audacieuse d’une anthropogénèse marine.

La Bipédie initiale – Essai sur l’Homme d’hier et d’aujourd’hui (Hadès, 2014)

L’intuition de François de Sarre sera partagée dans des variations atténuées de la théorie de la bipédie initiale chez les paléoanthropologues Yvette Deloison (Préhistoire du piéton. Essai sur les nouvelles origines de l’homme, Plon, 2004) et Pascal Picq (Premiers hommes, Flammarion, coll. « Champs histoire », 2018).

Sa seconde controverse scientifique a trait à la « Nouvelle chronologie », une révision de la chronologie historique rejetée par la quasi-totalité de la communauté des historiens, des mathématiciens et des astronomes. Il a exposé ses idées à ce sujet dans l’ouvrage Mais où est donc passé le Moyen Âge ? Le Récentisme (Hadès, 2013). Vulgarisant les thèses d’Uwe Topper, qu’il rencontre à de multiples reprises à Nice et Berlin, François de Sarre argue que notre calendrier compterait environ 800 ans de trop. Ce surplus s’expliquerait par « un événement catastrophique majeur, venu bouleverser le cours de l’Histoire, en Europe et ailleurs », vraisemblablement l’impact d’une comète vers 1350.

Le récentiste Uwe Topperinfluencera Mais où est donc passé le Moyen Âge ? (Hadès, 2013)

La bienveillance du phénix

Vers la fin des années 2000, à la soixantaine, François de Sarre troque ses costumes étriqués de savant allemand pour une chemise hawaïenne de retraité-explorateur.

Aux cotés de son épouse Aor Phimphong

Chers lecteurs de Strange Reality, les dernières années de sa vie ont alors été un relâchement progressif de ces chevaux de bataille quelque peu controversés (bipédie initiale, récentisme) pour une plus grande ouverture au dialogue. Il était très apprécié du cercle cryptozoologique et conversait souvent avec les jeunes esprits curieux des sciences parallèles. A ce titre, toujours très actif sur Facebook, il se tenait régulièrement au courant des activités de Strange Reality, likant une dernière un article le 08 janvier 2025. Son article sur le Mokélé-Mbembé est à retrouver ici .

Il nous a quittés le 05 février 2025, à l’âge de 78 ans, mais ses encouragements indéfectibles et son esprit audacieux résonneront en nous pendant longtemps. Repose en paix, l’ami.

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