
C’est l’histoire d’un ours qui ne parvient pas à entrer dans un costume de gorille.
Cher lecteur, nous sommes bien au 21ème siècle, mais il faut se rendre à l ‘évidence. Probablement à l’instant même où vous lisez ces lignes, quelque-part dans le monde, des gens « normaux », de toutes conditions, sont pourchassés par des monstres, ou en tout cas affirmeront l’ avoir été.
Et cela pourrait bien se passer dans la cordillère des Andes, dans le nord-ouest de Argentine, où deux zones très peu peuplées de la province de Salta ont attiré notre attention : Les Yungas, une région boisée et humide au climat sub-tropical, et le Chaco, une plaine également boisée mais plus sèche.



Là -bas, une créature mythique sème la terreur : cet homme sauvage est surnommé généralement L’UCUMAR.
Nous allons débuter sa chronique avec certain de ses exploits les plus récents.
C’était pourtant une après-midi parfaite pour la pêche. Ce samedi de juillet 2012, Mario Reinoso, 47 ans, préparateur en pharmacie dans le centre commercial de la ville de ChangoMàs, part avec deux amis sur une des rives de la rivière Bermejo, au cœur de la Chaco de Salta.

Ce qu’il s’est exactement passé lors de cette sortie de pêche, nous ne le saurons peut-être jamais, mais Mario Reinoso, a finalement atterri à l ‘hôpital deux jours plus tard dans un état grave.
Toutefois nous pouvons en apprendre plus grâce à cet article : Le solide gaillard de 33 ans, père de deux enfants, a été retrouvé par ses compagnons au milieu d’une montagne près du camp où il s’étaient établis. Il était trempé de sueur, suffocant, en pleine crise de panique. Ses compagnons l ‘ont emmené dans cet état au camp sans avoir une idée précise des raisons de son étrange état nerveux et de son incapacité à articuler le moindre mot.
Au fil des heures, le pêcheur raconta, à travers des petits dessins, sa rencontre avec un humanoïde entièrement couvert de poils, qui pendant un laps de temps inconnu, l’a désorienté, tourmenté et effrayé restant à quelques mètres voire quelques centimètres seulement.
Un des deux compagnons de pêche de Mario Reinoso aurait également donné des éléments sur la nuit précédente, particulièrement agitée dans le camps des trois pêcheurs : l ‘apparition d’une mystérieuse jeune personne près du feu, au moment où Mario s’est volatilisé. Puis ses compagnons sont partis à sa recherche et l ‘ont retrouvé plusieurs heures plus tard, tremblant et gémissant.
Mario Reinoso a éprouvé des difficultés pour se rétablir de son choc post traumatique, restant longtemps muet, et subissant une paralysie partielle de son visage. Mais il a tenu a bien faire comprendre par des gestes et des dessins à Daniela son épouse, qu’il avait vécu une rencontre bien trop rapprochée avec l ‘homme singe mythique des Andes : L’ucumar.
Daniela Reinoso : C’est incroyable, mais, malgré son état de choc, il a clairement représenté un être étrange, un humanoïde de grande constitution physique, au regard pénétrant et entièrement couvert de poils, qui s’est rapproché de lui, selon ses gestes, d’aussi près que un ou deux mètres, dans la solitude de l’aube du Chaco.
Malheureusement, je n’ai trouvé aucune trace de ses dessins. Ce qu’a vécu Mario Rainoso, est sans aucun doute cauchemardesque, et cela ressemble davantage à un enlèvement, ou une tentative. Et s’il était parti seul cette après-midi là pour pêcher ? Serait-il présent aujourd’hui pour raconter son histoire, comme dans cette vidéo ?

Dès les années 2000, à Rosario de la Frontera, à cinq kilomètres de la ville de Rosario, la vie paisible des habitants fut bouleversée par des apparitions supposées de L’ucumar. Dans la zone connue sous le nom d’El Duraznito il y a la ferme-resort (bien)nommée Domaine Ukumari.
En 2001, le propriétaire des lieux, M. Rogelio Martínez, a déclaré que des ucumaris avaient tué plusieurs animaux, des chiens et des cochons, et qu’ils avaient dispersé les restes dans les environs de sa maison. Un autre voisin a affirmé que L’ucumar s’était allongé sur le capot de sa voiture un matin alors qu’il était à l’arrêt avec sa partenaire sur le bord de la route, et un autre affirme l’avoir vu traverser les rues du quartier « Arturo Menú » d’un pas lent et disgracieux.





De nombreuses localités de cette région ont eu à faire avec L’ucumar, en majorité des villages à la végétation luxuriante et à la faune variée, mais pas exclusivement : Finca Ukumari, Arroyo Salado, Las Termas et El Duraznito, Finca de San Martín, sur la rivière Rosario, Villa Los Álamos, le cours d’eau Agua Negra, dans le barrage de pêche près de Las Termas, dans le canal Alberdi et même dans les quartiers du centre-ville de Rosario de la Frontera que l’on voit sur cette photo.
Pompiers, policiers, journalistes, hommes politiques et grand public se sont lancés dans l’aventure passionnante de sa recherche, essayant de découvrir la vérité sur l’apparition du mystérieux humanoïde. L’affaire attirant de nombreux curieux, qui remplaçaient les touristes maintenant effrayés Ainsi le capitaine local des pompiers, M. José Ezequiel Álvarez (qui affirme l’avoir vu en personne), s’est mué en cryptozoologue, ne comptant pas les nuits passées à monter la garde dans la zone ; La tâche fut vaine. Certains habitants ont également déclaré avoir vu L’ucumar mort sur la route d’Ojo de Agua.
A cette époque, L’ucumar tenta même de défier des athlètes en plein entrainement ! ( ici)
En juillet 2010, un portail d’information de la province de Salta a publié une information choc: Selon le journaliste, deux marchands de Paraje, au milieu de la jungle brumeuse, et à seulement 40 kilomètres de la ville de Metán (province de Salta), avait chassé une créature à « l’apparence humanoïde étrange » et aux « incisives énormes et pointues ». Ils avaient aperçu deux énormes yeux verts les regardant dans la nuit, ils ont tiré au jugé, une balle qui a frappé l ‘animal à la tête. Les chasseurs ont alors coupé la tête, et ont jeté le corps dans un ravin. Et ils ont pris une photographie de la tête de l ‘animal mystérieux, qui s’est révélé, être un singe Cai –Apelle de Sapajuspeur.

Voici la tête coupée du gobelin de Salta,

Cette espèce de singe n’avait jamais été signalée dans cette zone, donc l’affaire est déjà une trouvaille en soi.
Mais c’est une publicité trompeuse et ce cas particulier n ‘est pas représentatif des descriptions faites par la vaste majorité des témoignages. Nous examinerons tout cela plus loin dans cet article. Mais pour l ‘instant, poursuivons notre revue des derniers épisodes du feuilleton de L’ucumar.
Au début du mois d’août 2012, le Paraje El Divisadero, à 25 km de la ville de La Unión, a vu sa tranquillité troublée par l’apparition d’un étrange être à fourrure, générant des troubles et de la peur parmi les habitants rares et isolés.
Les gauchos et les aborigènes de cette municipalité entourée par le massif montagneux Chaco de Salta, à 450 kilomètres au nord-est de la capitale provinciale, dans le département de Rivadavia, sont stupéfaits et demandent l’aide des autorités : depuis trois mois, les marchands de la région sont effrayés, car un être étrange et poilu, d’apparence humanoïde, qui se déplace sur deux jambes et mesure environ 1,70 mètre, rôde autour de leurs étals. « C’est L’Ucumar », disent-ils ( plus de détails ici).
En cette année de 2012, les témoignages recueillis ont été tellement nombreux, qu’il serait indigeste de tous les restituer ( témoignages ici et ici), contentons nous de celui-ci, un peu plus riche que les autres :
Francisco Alzogaray, un chasseur gaucho de la région, a suivi les traces du mystérieux humanoïde: Je sais, dit-il à la porte de son ranch, qu’ils sont venus roder ici j ‘ai vu leurs traces…. Jusqu’à récemment, j’étais sceptique sur ces histoires, qui sont plus anciennes que notre famille au bord de la rivière, mais il y a quelques jours, alors que je revenais de La Unión avec ma mère, à près de deux kilomètres d’ici, à 9 heures, j’ai vu d’étranges empreintes de pas dans la fosse. J’étais stupéfait, ils n’étaient pas humains, bien qu’ils se ressemblent. Je les ai suivis et j’ai atteint les ravins de la rivière et là ils se perdent. Pour qu’ils ne me prennent pas pour un menteur, je les ai photographiés et filmés. Nous avons analysé les images avec mes frères et cousins. Nous ne savons pas de quel animal proviennent ces traces, bien qu’elles semblent être une sorte de grand singe, de la taille d’un pied humain de 39 ou 40, mais un talon très large, plus fin dans la partie de ses orteils, soi-disant à cause des rainures devant chaque pas. Le propriétaire de ces pattes semble posséder des ongles puissants, forts comme des griffes. J’ai continué à chercher quelques jours plus tard et j’ai trouvé d’autres empreintes similaires près d’une grotte profonde où un homme de grande taille peut entrer, accroupi.
Ce témoignage donna lieu a des tentatives d’investigations de cette grotte, une empreinte fut photographiée, hélas tout cela ne donna rien d’exploitable.

Bientôt les autorités locales tentèrent de rassurer la population en affirmant qu’il s’agissait d’un singe hurleur, mécontent d’être venu se perdre ici. Les empreintes, les cris décrits comme » misérables » seraient des indices parlants. Partout ailleurs, sûrement, cette explication aurait mis fin aux rumeurs. Mais pas dans le Salta, visiblement :
« Pour sa part, le sergent ( municipal) Ricardo Alzogaray, né dans ces forêts et dont les proches sont les principaux témoins des apparitions de l’humanoïde, a déclaré : « La véracité des récits et le sérieux de ces personnes ne sont pas en cause. Nous avons été appelés par des familles qui n’ont jamais porté plainte, et des gauchos et des criollas qui ne perdent pas de temps avec des blagues. Les femmes aborigènes qui prétendent l’avoir vu sont des voisines respectables de la côte. C’est pourquoi nous sommes allés inspecter. Malheureusement, l’épaisseur de la montagne l’emporta. Du personnel approprié devrait venir aider à capturer cette créature, qui souffre sûrement et que nous ne voulons en aucun cas tuer », tandis que ses collègues du Chaco de Salta acquiesçaient.
Selon le pompier volontaire de la ville de Rosario de la Frontera nommé José Ezequiel Álvarez, :« La première observation a eu lieu le 13 février 2006 dans la zone de l’Arroyo Salado, près de l’hôtel Termas. Un couple se tenait devant lui, face à face et le décrivait comme un gorille d’environ deux mètres de haut et avec une terrible odeur nauséabonde. Puis, les apparitions ont suivi. Je les ai tous documentés. Il y en a 33 au total et la plupart d’entre eux ont été reproduits par El Tribuno. Tout semble indiquer que l’animal vit dans le fourré qui entoure la zone thermale locale. (…) Je l’ai vu de mes propres yeux. C’est un être anthropomorphe, fort, très grand, couvert de poils, comme l’ont décrit les marchands;
Voilà pour la décennie 2010, et évidemment cela continue aujourd’hui en ce moment même, il y a par exemple cet article ou encore ce témoignage très intéressant recueilli par la presse en 2019.



L’Ucumar est donc parfaitement connu de la population locale, trop peut-être ? Est-ce que chaque rencontre inopinée avec un gros animal, ( ours, ou un fourmilier, ou un singe ) finit par être interpétée comme une rencontre avec L’ucumar ? C’est sans aucun doute la cas pour un certain nombre de témoignages, comme celui-ci, on ne peut l’ignorer.
Mais, cet homme sauvage mythique des Andes fait intégralement partie du paysage culturel de la région depuis trop longtemps pour n’être que le résultat d’une méprise. Il est synonyme de peur ancestrale, et sa renommée a été propagée par la culture orale évidemment, mais aussi, par de nombreux écrits depuis les temps les plus anciens.
Selon Javier Tenorio, président de « Etnoandes », « ucumari » viendrait des mots « uku » (intérieur, profond, âme) et « mari », qui en alternant « m » avec « w » donneraient « wari » ; c’est-à-dire : indigène, primitif. Une autre signification du mot indique que le mot ucumar est un terme quichua et aymara qui signifie « ours » dans les deux langues. Le Dr Clide Valladolid explique qu’à Ayacucho, au Pérou, « ucumari » a cessé de signifier « ours » pour simplement « un être fabuleux, L’ucumar ».
Les Incas connaissait sans doute l’homme sauvage des Andes, qu’ils nommaient Tarma, le navigateur espagnol Pedro Sarmiento de Gamboa en parlerait dans la 2e partie de son histoire des Incas. L’écrivain bolivien hispano-inca Garcilaso de la Vega en parlerait aussi au 16ème siècle mais je n ‘ai pas retrouvé les passages en questions dans les ouvrages de ces deux auteurs. Je laisse l ‘information au cas ou quelqu’un aurait plus de réussite.
L’homme sauvage des Andes est décrit par Pedro de Heredia, un conquistador espagnol en 1554, ainsi : Le seul but de L’ucumar est la luxure, sans autre but pour son existence. Il vit dans des grottes ou au fond des ravins, constamment poursuivi par Inti (le soleil) car en sa présence il n’ose ni ne peut commettre ses méfaits ; En revanche, Mama-Qilla (la lune) semble le protéger, car sous ses rayons argentés elle berce la conscience des jeunes filles, les captivant. L’Ucumar ne choisit que les belles. Aime changer de proie. Il est agile et fort, il saute et saute, il est doux et féroce à la fois. Il est extrêmement audacieux mais pas courageux. Il erre sans but à la recherche d’aventure. « Tout le monde croit l’avoir vu mais personne n’a pu le capturer ou le détruire. »
Le Dr Manuel Lizondo Borda, un poête et écrivain du nord de l ‘Argentine décrivit L’ Ucumar en 1927 ainsi : À un homme presque bestial, laid et poilu, qui vivait dans les montagnes de Tucumán, il y a plusieurs années, et qui a occupé beaucoup d’attention publique jusqu’à ce qu’il soit arrêté par les autorités : on lui imputait des enlèvements de filles. (Ce nom faisait peur aux enfants, pour qui il signifiait quelque chose comme le monstre).»

Lewis V. Cummings dans la note n°11 de son ouvrage culte I was a head hunter explique : les indiens de la plupart des régions boisées croient fermement en l’existence de ce démon . On dit que c’est un homme velu et sauvage d’une force irrésistible et d’une grande férocité plus grand qu’un homme et complètement recouvert de poils longs et blonds; Parfois il enlève des femmes et les emmène dans une cabane où il les viole; D’autres fois ils tuent des guerriers apparaissant toujours si silencieusement derrière eux, et leur tord le cou jusqu’à leur briser leurs vertèbres cervicales. On croit aussi qu’il est anthropophage dans certaines occasions il a été vu près des moloccas ( campements indiens), toujours sous l’incertaine clarté lunaire et à l’affût de victimes féminines. Le démon ne peut être poursuivi si tant est que quelques courageux guerriers s’y risquent. Ces pieds ont deux talons et n’ont pas de doigts, les talons sont équidistants du malléole. Donc la pression étant équilibrée quelle que soit la direction, il laisse les mêmes traces.



Ce livre publié en 1953 dont l ‘action se situe au Honduras fait une allusion très curieuse à une légende locale selon laquelle il existerait un animal de petite taille d’un mètre et demi ( 5 pieds) environ tout recouvert de poils mais bipède et d’apparence humaine appelée la ninja, cela du aux traces qu’il laisse semblables à celle d’un enfant. Il jouit d’une très mauvaise réputation, enlèverait les femmes et se métisserait avec elles.
Les ingénieurs américains qui construisirent le fameux barrage de boulder City vinrent à Melan dans le Salta en 1956 pour étudier un tunnel creusé par les jésuites sous le Rio du Juramento; Un soir alors qu’ils campaient au bord de la rivière leur apparut L’ucumar. Ils se lancèrent à sa poursuite pendant plusieurs semaines ce fut sans succès.
Cette année 1956 est en quelque sorte le point de départ de la célébrité contemporaine de L’ucumar. Quand d’énormes empreintes humanoïdes ont été trouvées près de Cerro Macon à Tolar Grande.

Cerro Macon, culminant à 5611m (18214 pieds) au-dessus du niveau de la mer, se trouve à quelques 30km de Tolar Grande. Le sommet offre un champ visuel saisissant duquel on peut percevoir l’énormité du salar de Arizaro, le plus grand désert de sel de l’Argentine, aussi bien que les sommets de Llullaillaco, Socompa et d’Aracar, jusqu’à la chaîne de Cachi Palermo. Le sommet de cette montagne représente un sanctuaire typique de haute altitude, représentant une source précieuse pour l’étude archéologique sur les cultures pré hispaniques. A l’époque, des alpinistes locaux tels que Milenko Jurcich, Yosko Sutainich (du club andain du nord de l’école des sciences naturelles) et le Dr Apolo Ortiz ont affirmé avoir trouvé des traces humaines géantes sur le Macon.
Le mardi 17 juillet 1956, Claudio Level Spitch, un ingénieur travaillant sur Cerro Macon à une altitude de plus de 5500 mètres (18200 pieds) a déclaré : « Nous avons trouvé des empreintes d’une taille considérable qui zigzaguaient vers le sommet majestueux de la montagne, et qui selon le raisonnement logique, ne correspondaient à aucun humain ou animal de la région ». Il a poursuivi en ajoutant : « Les traces faisaient quelques 40cm de diamètre, très similaires à celles trouvées dans l’Himalaya et qui ont donné lieu à la légende du Yeti ». Autour de cette période il y a eu de multiples récits de témoins de locaux ayant prétendu percevoir d’affreux hurlements dans la nuit, les emplissant de terreur.
Parmi les histoires ayant eu le plus fort impact dans le public se trouvait celle racontée par un muletier et porteur nommé Taritolay, qui a prétendu avoir eu une rencontre frontale avec un être étrange. « Il était grand, musclé, velu et avec de grands pieds » s’est souvenu l’homme. Taritolay avait une arme à feu avec lui et a essayé de lui tirer dessus, mais le géant a disparu avec agilité parmi les gros rochers géants de la montagne.


Le dôme de Cerro Negro et le stratovolcan Cerro de Macón constituent la partie la plus occidentale du complexe volcanique Purico.
En pleine fièvre du yéti sud-américaine, en mai 1958, un groupe de campeurs à Rengo, à 50 miles de Santiago, au Chili, a rapporté avoir vu ce qu’ils ne pouvaient décrire que comme un homme-singe. La police a été appelée pour enquêter ; ils ont recueilli les rapports des témoins, parmi lesquels Carlos Manuel Soto qui a juré avoir vu un énorme homme couvert de poils dans les Cordillères.
Et cela a continué, vous pouvez le constater dans ces articles datant de 1973 que nous reproduisons en intégralité dans ce diaporama, merci à Axel Mazuer pour ces archives présentées dans son article de référence sur L ‘ucumar disponible ici.

Adolfo Colombres dans « Etres surnaturels de la culture populaire argentine » (1984): L’Ucumar est un homme-ours, poilu et laid, qui kidnappe femmes et enfants. Il est décrit comme un singe de la taille et de la forme d’un homme. C’est une légende du Nord-Ouest bien qu’elle s’étende jusqu’à Santiago del Estero où elle est conçue comme un monstre aquatique qui rôde sur les rives des rivières et s’y baigne.
Nous venons de constater qu’une créature de type homme sauvage est décrite par les population locales, par des érudits, depuis toujours, ou tout au moins depuis environ 500 ans. Mais il manque un regard moderne, celui du cryptozoologue, sur ce phénomène.
Une Française sur les traces de L’ucumar
Et bien pour nous aider, il y a le travail remarquable d’une de mes compatriotes ! Elle se nommait Christine Arnodin-Chibrac, elle est décédée en 2002.
Elle était archéologue mais aussi une grande dame de la cryptozoologie ( une de plus), née en France, dont le talent a marqué à tout jamais la science en Argentine. Car, en toute discrétion, Christine Arnodin-Chibrac a joué un rôle majeur dans l’a découverte dans l’Estancia Vieja del Rey, dans le Salta où elle habitait, des restes de deux fragments de squelettes d’une espèce jamais décrite de paresseux géant préhistorique. En 1977 la société scientifique du nord-ouest de l’Argentine à nommé cette espèce Megatherium arnodin-chibraci en hommage à Christine Arnodin-Chibrac. Quel rapport avec L’ucumar ? Aucun, nous allons y venir, simplement c’est un indice de son bagage scientifique. Le paléontologue Rodolfo Parodi Bustos qui a validé la découverte de ces ossements dans un fossé voisin de la ferme familiale des Arnodin-Chibrac fut impressionné par la description stratigraphique moderne et soignée de la jeune scientifique d’origine française .

L’histoire familiale commence avec des émigrés français quittant une Europe encore dévastée par la Seconde Guerre. Le 4 juillet 1948, ( à ce moment-là en France, la nourriture est encore rationnée) le Kerguelen accoste au port de Buenos Aires avec à son bord une fillette de 5 ans prénommée Christine Arnodin – Chibrac (1943-2002), son père Cristóbal (31 ans), sa mère Jacqueline (29 ans) et l’un de ses grands-parents. Ils viennent d’Onesse-Laharie, dans le sud-ouest de la France. Ils vont s’installer dans une colonie française à Azul (Buenos Aires) puis quelques années plus tard, alors que Christine a 16 ans, ils acquièrent la ferme Estancia Vieja del Rey et se consacrent aux activités agricoles et forestières.

Voilà ce que l’adolescente Christine Arnodin – Chibrac a vécu lors de son installation dans la province de Salta :
Il y avait quelques jours à peine que nous avions pris possession de la propriété c’était donc début novembre 1959, lorsqu’une nuit je fus réveillé par un bruit insolite. La fenêtre de ma chambre donnait sur une galerie extérieure à l’époque, cette dernière était carrelée. La clôture du jardin étant en très mauvais état, donc je pensais que c’était une vache. La vache en question grognait et soufflait, alors je me suis levée pour aller à la fenêtre, la nuit était très claire et du fond de la galerie, à une douzaine de mètres je vis venir vers moi quelque chose d’assez massif de la taille d’un homme assez grand et ne faisant aucun bruit en marchant. Eventuellement cela pouvait être une vache vue exactement de face ou de dos bien qu’ayant pendant 12 ans fait de l’élevage dans la province de Buenos Aires et sachant parfaitement ce qu’était une vache, une certaine impression de danger m’envahit. J’allais chercher ma lanterne et lorsque l’animal en question arriva à 5mètres plus ou moins de mois j’allumai. Malheureusement sur les fenêtres, il y avait du treillis métallique et du au reflet j’y voyais moins qu’avec la lumière de la lune. La réaction de ma vache fut foudroyante à une vitesse incroyable et sans le moindre bruit de sabots sur le sol carrelé elle vira au coin d’une des colonnes qui soutenait la galerie et prit la fuite comme un éclair. Tout ce que je vis fut un animal en position verticale car je ne vis pas le profil impossible à confondre d’une vache c’était une chose massive, poilue et complètement silencieuse je n’ai pas pensé à un seul instant que ce pût être un homme. Etait-ce un ucumar ? A l’époque je n’avais aucune référence sur la possible existence de cet être.
Cette observation initiale a changé la vie de Christine Arnodin-Chibrac. La jeune femme, retourna ensuite en Europe et étudia l’anthropologie à Moscou, apparemment avec Boris Porchnev, dont nous avons évoqué le rôle central dans l’étude de l’homme sauvage russe, ici et ici.
De retour à Anta, elle commença à recueillir des descriptions détaillées de L’ucumar. La jeune Christine a sûrement correspondu avec Bernard Heuvelmans au point que celui-ci, dans un de ses ouvrages, intitulé « Les bêtes ignorées du monde » (1978) lui rend hommage: A tous ces pays il faut ajouter l’Argentine, où une jeune française, Christine Arnodin- Chibrac, a récemment mené des recherches systématiques.
Voici quelques témoignages sur L’ucumar collectés par la jeune cryptozoologue vers 1971 :
Guillermo Alzogaray, piquete de Anta- Salta
Guillermo Alzogaray a environ 75 ans et c’est encore un célèbre chasseur de Jaguars, de Puma, de Tapir, on l’appelle El tigrero Alzogaray. Son adresse et son courage sont entrés dans la légende locale. Néanmoins c’est un homme charmant et tout à fait digne de foi, la simplicité avec laquelle il vous raconte les histoires les plus effrayantes est surprenante. Il y a quelques années une vingtaine probablement alors qu’il ramassait du bétail et longeait un ravin dans le fond duquel coulait un ruisseau il vit un homme velu penché sur l’eau en essayant d’attraper du poisson avec les mains. C’était sans l’ombre d’un doute un ucumar, après avoir longuement observé l’animal et quoique armé il s’éloignait silencieusement. L’ucumar très absorbé par son travail ne s’en rendit pas compte.
Docteur Jorge Boyo -géologue professeur à l’institut anthropologique de Salta
il y a quelques années je faisais une étude dans la zone d’Anta dans la montagne près de Las Viboras nous nous trouvions près d’une rivière et sur le sol j’observais des traces très curieuses. Les guides qui m’accompagnaient me dirent que c’étaient des traces du L’ucumar jamais je n’avais vu chose pareille. Elle n’était pas très grande et quoique très semblable à celle d’un homme elles étaient légèrement différentes, l’arc du pied était peu ou pas prononcé. Il n’y avait pas de traces de griffes ni de main, l’animal en question est évidemment bipède. Je n’avais pas hélas d’appareil photo je n’ai pu que les regarder longuement de façon à bien me les graver. A une autre occasion j’ai également entendu crier L’ucumar car c’est un cri long, étrange, très difficile à décrire c’est relativement semblable aux cris des « camperos ». Je ne puis donner aucune explication valable quant à l’identité de cet être.

Azucena Cordoba- La Ovégéria-Lumbreras -Salta
J’avais une dizaine d’années et ma mère s’était absentée me laissant seule à la maison avec un de mes petits frères. J’avais préparé le dîner sur le feu dehors il faisait déjà nuit et ayant oublié quelque chose dans la maison je partis le chercher. En revenant je vois devant le feu 2 êtres que je pris d’abord pour des hommes puis je vis qu’ils étaient couverts de longs crins et que c’étaient des ucumaris. Terrifiée, je courus m’enfermer dans la maison mon petit chien était resté dehors et hurlait. Par une interstice des planches de la porte je me mis alors à épier les 2 bêtes. Elles étaient de la taille d’un homme entièrement recouvertes de longs crins bruns roussâtres sauf la figure qui est celle d’un être humain ils étaient assis comme une personne près du feu et soufflaient les braises. Ils se levèrent et une fois debout firent plusieurs fois le tour de la maison en examinant tout attentivement puis partirent. Longtemps après je finis par m’endormir à l’aube je voulus sortir mais dans mon affolement j’avais coincé la porte heureusement quelques heures plus tard un Postero que je connaissais vint à passer je l’appelais et il me libéra. Je lui racontai mon aventure et il alla voir près du feu. Il y avait des traces, on voyait mal, le sol était comme balayé et nous y trouvâmes plusieurs longs crins.
Ces recherches ont amené la scientifique à la conclusion que cette créature a vraiment existé, qu’elle est encore présente, mais menacée d’extinction. ¨Prenons connaissances ensemble de certains éléments réunis par Christine Arnodin- Chibrac au sujet de L’ucumar :
Apparence générale : L’ucumar a l’aspect d’un homme, sa position normale est bipède, sa taille d’1 mètre 75 ( 5,7 pieds) en moyenne, la longueur de ses bras est proportionnée par rapport au reste du corps. ( il n’a pas l’allure simiesque). Les pieds et les mains sont humains et dépourvus de griffes mais munis d’ongles épais et forts. il est doué d’une force colossale. Il n’a pas de queue, il est entièrement recouvert de longs crins bruns roussâtres selon l’époque de l’année. La figure est d’apparence totalement humaine, celle d’un homme barbu il n’a pas de crocs visibles.
Lieux de vie : L’ucumar vit dans la montagne dans des cavernes, elles y sont très nombreuses. L’entrée en est fermée par un gros bloc de pierre qu’il semble pouvoir déplacer avec une grande facilité. Après avoir parcouru les environs ou la plaine selon l’époque, pendant un temps indéterminé il regagne sa caverne avec son butin et y demeure environ 15 jours. Puis il repart, il peut parcourir des distances considérables en se déplaçant de préférence la nuit par prudence.
Mode de vie : Apparemment les ucumaris ont un sens de la famille assez développé males et femelles vivent avec leurs petits alors que celui-ci est devenu adulte ou presque. Néanmoins ce ne sont pas des grégaires. Au printemps, il vagabonde dans la plaine et se laisse voir. Selon Christine Arnodin-Chibrac, il pourrait y avoir 3 raisons à ce comportement :
- C »est un omnivore et vers le printemps il n’y a plus rien à manger dans les montagnes tout y est sec. Les herbivores émigrent vers la plaine les carnivores les suivent.
- Parce que c’est la saison des amours bien qu’à proprement parler L’ucumar ne soit pas un animal rare, a-t-il du mal à trouver un compagnon ou bien son degré d’excitation est-il tel qu’il abdique toute prudence ?
- Faute de male ou de femelle de son espèce il enlèverait homme ou femme selon son sexe, il les enferme dans sa caverne les traite bien le rapportant nourriture enfin tout ce dont ils peuvent avoir besoin.
Alimentation : L’ucumar est très friand de maïs jaune, de citrouilles et de bananes peut-être de canne à sucre. Les veaux déjà grands ne lui font pas davantage peur que chèvres et moutons plus tout ce qu’il peut chasser dans la forêt : chevreuil, pécari, tapir etc… sans compter toutes sortes de racines et de fruits sauvages.
Interactions et communication: Il est extrêmement intelligent et très méfiant, ne craint pas l’homme sauf si ce dernier est armé. Il craint par contre le fouet et les chiens. Il est à noter que ces derniers n’attachent pas plus d’importance à ses étranges traces qu’il n’en apporte à celle d’un humain, serait-elle dépourvue de l’atypique odeur à bête ?
Si on lui fait front il se retire mais dérangé il serait agressif. Si on accepte de mettre de côté sa manie d’enlever des gens de temps à autre, il est redouté comme un être insolite mais bien moins que le Jaguar . En général plus que redoutable il est simplement gênant et voleur. Il court à une très grande vitesse en position bipède, il est très agile et à moins de l’acculer les chiens ne peuvent pas le rattraper. Il hurle, bavarde et siffle. Il ne craint pas le feu, il a une grande résistance à la balle, il est vrai que les indigènes (sauf la police) n’ont que des calibres 22 ou des fusils de petits calibres chargés de chevrotines faites maison.
Revenons sur un caractère essentiel de la légende de L’ucumar : cette habitude de vivre dans une grotte, fermée par un énorme rocher que lui seul peut manipuler, et aussi l’habitude d’y conduire les victimes humaines qu’il enlève. Ceci est exactement le déroulement d’une des légendes les plus anciennes et répandues en France, celle de Jean de L’ours. Cela ne peut pas provenir du hasard. Comment l ‘interpréter ? Est-ce un indice de l ‘influence culturelle des colons sur les légendes locales ? ( 17% de la population argentine est d’origine française). Est-ce un indice que l’ours, encore et toujours est au centre de l « histoire ? C’est sûrement vrai, mais cela pourrait-il être, aussi, un comportement commun à plusieurs espèces d’hommes sauvages? Peut-on s’autoriser une lecture zoologique, anthropologique d’un conte populaire ?
C’est un autre et vaste débat, mais il y a un élément qu’il faut apporter. La légende de Jean de L’ours pourrait bien avoir pour origine un authentique fait divers. En 1611, en France, une jeune femme nommée Antoinette Culet, a semble t-il vécu dans sa chair un scenario très semblable. L’ours en question, décrit comme prodigieux et tellement effrayant que sa vue même était insoutenable, finira par être abattu par une troupe militaire dépêchée surplace, après que la bête eut ravagé le village en tentant de reprendre la pauvre femme qui s’était enfui de la grotte où elle avait été, pendant longtemps retenue prisonnière. Cette histoire fit sensation et se trouva consignée dans des registres paroissiaux locaux et d’autres écrits d’époque. L’historien Michel Pastoureau revient sur cet épisode plus en détails dans cet ouvrage.
(Rappelons qu’un ours ne kidnappe personne, n ‘a jamais retenu quiconque en captivité. Le mode opératoire d’un ours est de clouer sa victime au sol avec ses pattes et ses griffes, puis de la dévorer immédiatement, ou en prenant son temps).
L’ucumar contre l’ours à lunettes
Commençons avec Tremarctos ornatus, la seule espèce d’ours présente en Amérique latine. C’est sans doute l’un des ours le plus rare et le plus menacé dans le monde. Il n ‘en resterait que quelques milliers d’individus sur tout le continent, essentiellement au Pérou. En tant que candidat pour incarner le mythique ucumar, il a de bons arguments : même allure, même corpulence, une habitude remarquée de se tenir debout. Cet ours est nocturne et crépusculaire, il mange des baies, de l’herbe, de la canne à sucre, du maïs, des petits mammifères… à peu près comme L’ucumar.





Partant de ce fait, la communauté scientifique locale, suivie logiquement par une bonne partie de la presse a sauté en toute imprudence sur une conclusion toute trouvée : les pauvres gens de Salta, qui n ‘ont jamais mentionné la moindre marque de couleur autour des yeux de leur ucumar, ont simplement observé un ours à lunettes.
L’ucumar est un ours ! Voyez, il suffit de le proclamer haut et fort et cela devient une vérité. Mais que faire des témoins, qui décrivent eux un homme-singe, dépourvu de griffes, dépourvu de crocs, et sans ces fameuses lunettes ? Il suffit de les ignorer et au passage de les mépriser. Le scepticisme appliqué sans discernement nous éloigne de la véritable connaissance, pire, c’est une posture qui peut conduire à l’obscurantisme. L’ucumar en est la preuve spectaculaire, vous allez le constater c’est très instructif.
Reprenons la thèse officielle : L’ucumar est un ours, et tous les témoignages sont donc des erreurs d’identification. Maintenant, je vous résume le problème : Le territoire de l ‘ucumar est situé en dehors de la zone de répartition de l ‘ours à lunettes. Oui c’est un peu embêtant !
Mais que cela ne tienne, il a suffit de recycler les témoignages d’observation d’homme sauvage, pour en faire des éléments accréditant la présence de l ‘ours à lunettes. Bien entendu, tout ce qui peut aider à la conservation d’une espèce est souhaitable. Mais c’est dommage qu’il faille pour cela instrumentaliser les innombrables témoignages relatifs à L’ucumar contre L’ucumar. Grâce à ce » tour de magie », mécaniquement, a mesure que les observations d’hommes singes se multiplient, elles renforcent la thèse de l ‘ours. ( ici, ici )

Extrait de l ‘article ci-dessus :
(Les entrevues ont été recueillies en 2006 à Santa María, Salta, Argentine)
Observations : Lors de visites de terrain dans la jungle du nord-ouest de l’Argentine (Salta et Jujuy) et d’échanges avec des gauchos en cours de route, lors de nos arrêts dans leurs ranchs et des conversations entre les deux que nous avons partagées avec du maté (boisson argentine) et des feuilles de coca, nous avons découvert qu’il existe un personnage aux nombreux noms, qu’ils appellent Juco, uco (a), ucumar (i), panda créole et cela a éveillé en nous le souci d’en savoir plus sur cet animal mi-homme mi-ours dont les gauchos disent qu’il sort dans la jungle ; notre surprise est que cet animal dont ils parlent tant et qui est même un mystère est notre charismatique ours andin (Tremarctos ornatus).
Voici quelques-unes des croyances qui sont tissées autour de l’ours à lunettes (Tremarctos ornatus) dans les forêts de nuages du nord-ouest de l’Argentine. (…)
La plupart des mythes sexuels de la jungle sont tissés autour de l’Ucumar. Il est considéré comme dangereux, surtout pour les femmes vierges qu’il enlève pour les copuler et avoir une progéniture avec elles. La femelle Ucumar, Juca ou Uca a une préférence sexuelle pour les jeunes hommes.
Les gauchos et les aborigènes disent que c’est pendant la saison des pluies que l’incursion d’une femme ou d’un homme est dangereuse dans les montagnes. C’est précisément à cette saison que le Juco descend de ses perchoirs et de ses grottes dans les hauts rochers de la jungle pour traquer les gens dans les hameaux et les villes des zones inférieures.
L’incursion de l’homme dans le domaine de l’UCU est dangereuse. (…) L’Ucumar remarque généralement la présence des hommes et les observe prudemment de loin ou sur les hauts rochers. S’il se sent persécuté, il poussera et jettera des pierres jusqu’à ce qu’il s’en débarrasse complètement. Cet innommable, sinon indirectement pour ne pas invoquer sa présence, des jungles humides et inhospitalières de brume où il a sa demeure, continuera à descendre année après année, à l’affût, vers les hameaux paysans des zones inférieures, à la recherche de ses jeunes filles.
Au cœur de la jungle d’Oran, au nord de Salta, nous sommes allés séjourner au poste « fortifié » d’un guide forestier, nommé Don Ruiz.
Dans une clairière ouverte dans la jungle, il avait son ranch. On y accédait depuis la plage de la rivière en évitant une falaise ombragée qui s’enfonçait dans la montagne. Autour de son petit ranch, il avait construit un « fort » en bois de laurier de deux mètres de haut, auquel il entrait par une porte de bâtons dodus à double épingle. Voyant en moi la surprise qu’une telle construction me causait, il s’excusa : « C’est pour éviter les arrivées au ranch, des overos (Jaguares) et des Juca. ( ucumar)..
Alors que le crépuscule saignait dans l’enchevêtrement de la jungle et qu’une légère brise attisait le feu du feu, il nous a dit quelque chose qu’il n’avait jamais ressenti auparavant : l’art du juco.
Et il a commencé : « Un matin d’été, j’ai trouvé des traces d’overo (jaguars), près du ranch, j’ai décidé de m’armer et d’aller traquer le tigre le long de la rivière. J’ai marché environ trois heures dans un ravin, en suivant les sentiers, alors j’ai senti que la proie de l’animal était à proximité. Vers midi, je m’arrêtai près d’une source pour manger et me reposer, j’étais assis le dos à des rochers à l’ombre des arbres, d’un rocher bas. C’est à ce moment-là que j’ai senti une odeur pénétrante et un reniflement dans mon dos, j’ai rapidement rejoint et pris le fusil et là, devant moi, j’ai été brutalement soulevé contre la canopée de la jungle, avec ces grands bras pendants, un Ucu mâle, tout sombre, épais, et hirsute, me regardant droit dans les yeux. Il était immobile, me fixant et moi, devant lui, sans même pouvoir pointer le fusil sur lui. Pendant un instant, il me sembla que tout se réduisait à lui, qu’il contrôlait tout… jusqu’à ce que, dédaigneux, il se retourne et s’enfonce dans la toile d’araignée de la montagne qui était tissée derrière lui et s’en alla « J’ai parlé de cette situation aux vieux gauchos (criollos) et ils m’ont dit que j’avais été victime de l’art de l’Uco ».
« Si l’animal fixe d’abord son regard soutenu et pénétrant sur les yeux du chasseur, il saisira sa personne, ses mouvements, il le contrôlera ; une sorte d’hypnose qui laissera la victime immobile pendant quelques minutes, sans même pouvoir y faire quoi que ce soit, jusqu’à ce que l’Uco soit parti… c’est son art, le soi-disant art du Juco.
L’Ucumar est un être légendaire né des croyances des populations rurales du nord-ouest de l’Argentine. Selon cette légende, l’ucumar est un animal poilu à physionomie humaine, petit, bedonnant, avec de grands pieds et de grandes mains, dont l’habitude est de voler les femmes pour satisfaire ses instincts sexuels. La femelle ucumar donne naissance à des mâles et donne très rarement naissance à des ucumarcitas.
Selon la littérature populaire, l’Ucumar (une sorte d’homme-ours, quelque chose comme le yéti) est un enfant non désiré issu de la relation entre un domestique de la campagne et le patron du ranch. Peu de temps après sa naissance, l’enfant fut abandonné dans les montagnes où poussaient ses cheveux et il survécut grâce à l’aide de Lucifer. De temps en temps, il retourne au ranch de son père pour se nourrir de maïs et voler des animaux dont il mange la viande crue, en la déchirant avec ses griffes. Parfois, il vole une femme pour satisfaire ses instincts vils.
On dit que l’Ucumar est dangereux, qu’il attaque et tue sans pitié. Leurs apparitions ont généralement lieu la nuit ou tôt le matin, avant l’aube, car les ombres servent de camouflage.
(…) L’ukumari est un plantigrade qui se tient généralement verticalement sur ses pattes pour voir de plus loin ou pour impressionner, acquérant alors une apparence humaine avec une certaine élégance. Être observé la nuit dans cette position aurait généré chez les locaux l’image et l’idée de l’être légendaire que nous avons déjà décrit.

Un animal qui vous lance des pierres, qui vous attrape, vous hypnotise et vous relâche indemne ensuite, ne peut pas être un ours. Souvenons nous du premier témoignage que j ‘ai rapporté dans cet article, Mario Reinoso, le pêcheur amateur, il n’a jamais parlé d’ours, fut il victime de l’Art du juco ?
Et voici une collection d’empreintes de l’ours à lunettes du Salta, qualifiées d’étranges par certains experts. L’absence de traces de griffes n ‘est pas inhabituelle pour cette espèce.

La chance pour notre ucumar, c’est que ce tour de passe-passe n ‘est pas vraiment passé inaperçu : une polémique a même surgit, et un conflit entre scientifiques a éclos au grand jour.
La quasi-totalité des zoologues, des employés des ressources naturelles de la région, des gestionnaires de la faune sauvage l ‘affirment haut et fort dans cet article :
Ils n ‘ont, dans toute leur carrière, recueilli aucun témoignage fiable d’observation d’ours à lunettes de la part des locaux, même après enquête. De même leur présence sur le terrain, depuis des dizaines d’années, n ‘a permis à aucun de ces professionnels de la faune et la flore locale, de constater des traces de présence indubitable de l’ours à lunettes. Ils sont catégoriques. (Et nous parlons bien de lieux d’où émanent des dizaines, et des dizaines, de témoignages sur L ‘Ucumar )
Car ces scientifiques nous apprennent ainsi que oui, des traces suspectes ont bien été repérées comme des griffures sur des arbres, ou des empreintes qu’ils qualifient d’étranges, mais cela ne constitue en rien une preuve qu’un ours en soit l ‘auteur.
Parce que qu’ il existe en réalité un protocole bien établi pour déclarer que l’ours est présent dans une région précise. Ce protocole n ‘a pas été mis au point par hasard, mais bien parce que, trop souvent, des traces suspectes ont été attribuées à l ‘ours, à tort. (Et oui…) Tant et si bien qu’il a fallu ce protocole rigoureux qui exige que plusieurs caractéristiques doivent être observées simultanément : griffures, empreintes claires, relief de nourriture, observations etc… ( preuve d’ailleurs, que les observations par la population locale, les témoignages, sont bien un élément essentiel pour réaliser un inventaire zoologique dans une zone précise ).
Si un seul des critères est absent, c’est que probablement il ne s’agissait pas d’un ours. Dans les environs de Rosario, les empreintes » d’ours » sont qualifiées d’étranges, les griffures aussi, et les autres caractéristiques manquent à l ‘appel.
Même si la présence de l’ours Andin sur le territoire de L ‘ucumar semble finalement avoir été prouvée très récemment par des données génétiques, elle est considérée comme extrêmement faible. Il semble même probable que ces animaux soient de passage. Impossible donc que l’ours à lunettes puisse être à l ‘origine de tous ces témoignages relatifs à L’ucumar.

Les scientifiques qui contestent la présence de l’ours dans les environs de Rosario défendent ils pour autant l’existence d’un homme singe ? Non ils n ‘abordent pas le sujet, mais en affirmant que l ‘ours à lunettes est tellement rare dans la région, que sa présence est remise en question, ils laissent sans réponse cette question cruciale : si ce n ‘est pas un ours, qu’est-ce que L’ucumar ? Qu’ont pu observer les habitants de Rosario et tous les autres témoins ? Un homme archaïque, comme le pensait Christine Arnodin-Chibrac ?

La scientifique, nous l ‘avons vu, fréquentait le milieu archéologique argentin, et elle fit une découverte fascinante, celle du rôle fantastique et méconnu des » proto humains » dans la paléontologie argentine. Une dernière surprise que nous réserve le dossier de L’ucumar.
Au début du 20ème siècle, un paléontologue argentin réputé Florentino Ameghino entreprit de prouver au monde entier que la Patagonie était le berceau de toute vie animal terrestre, le berceau de l ‘humanité compris. Il postulait que les singes étaient une forme regressive de l ‘Homme. Florentino Ameghino avait réunit une collection de crâne humains, vieux d’après lui de plusieurs millions d’années prouvant l’origine argentine de l ‘Homme sur terre. Il n ‘a pas convaincu ses pairs, et il s’est avéré que sa collection de restes humains fossiles à l ‘allure archaïque n’avait tout au plus que quelques milliers d’années.
Or comme un clin d’œil à cet hypothétique « Homo-américanus » argentin, un autre morceau de crâne fossilisé a retenu l ‘attention de Christine Arnodin-Chibrac . En 1955, le professeur Sirolli, fondateur de l ‘institut d’anthropologie de Salta a découvert une mâchoire humaine paléontologique qu’il n’a pas pu dater avec précision. Son aspect étrange laissait planer le doute qu’elle soit plus ancienne que le peuplement du continent par Homo Sapiens.

Christine Arnodin-Chibrac a pu examiner le fragment de crâne et échanger avec le Pr Sirolli.
Cette pièce et bien des points, elle est remarquable pour son indiscutable antiquité, par la protubérance du menton, pour la conformité aplanie de la face triturant des dents. Sans aucun doute cette mâchoire fut celle d’un végétarien. Le professeur Sirolli quoique notant la grande ressemblance de sa pièce avec celle de cro magnon avait tendance à vouloir la situer jusque dans le paléolithique inférieur l’identifiant éventuellement à l’homme de Heidelberg.
Des formes de primates évoluées, ou d’humain archaïques, auraient ils pu atteindre le continent américain longtemps avant Sapiens ? Comme l ‘ont fait les singes. Et ensuite, ces « paranthropus » ont ils été repoussés dans les confins lors de l’arrivée des hominidés asiatiques ? C’est la théorie que la scientifique française privilégiait. Quant à cette mâchoire, il serait très bien utile de la retrouver, ou bien l’article du Pr Sirolli qui la décrivait, publié en 1972. Cette mâchoire pourrait potentiellement être une pièce importante du puzzle; elle fait partie de restes humains retrouvés dans des terrasses fluviales des rivières qui traversent la ville de Salta. Ils seraient daté d’environ 8 000 ans selon des études de datation.
FIN









Again….outstanding work:)
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Thanks !
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