Leprechaun et le petit peuple Gaélique

carte postale de 1910

Chers lecteurs de Strange Reality, nous nous retrouvons pour cette nouvelle enquête au Nord des terres britannique, sur le territoire gaélique.

C’est une étape très importante de notre tour du monde du petit peuple. Car sur ces terres la légende du petit peuple est particulièrement vivace, une référence culturelle encore partagée par une partie de la population locale, et même ailleurs. Un peu comme une mascotte. Sujet de contes folkloriques indémodables, sujet d’inspiration pour de nombreux auteurs contemporains, mais aussi, encore de nos jours, objets de témoignages et d’observations.

La tribu des Gaëls, celtes originaire d’Irlande, profite du retrait des romains des Lowlands (423) pour s’établir en Aryll (Ecosse de l’Ouest), avant de peu à peu envahir toute l’Ecosse en absorbant la tribu des Pictes. Le royaume fondé par les Gaëls, Dál Riata, comprent à son apogée au VIIe siècle les territoires des Orcades, de l’île de Man, de l’Ecosse et de l’Irlande.

Peuple gaélique lors de l’apogée du Dál Riata (VIIe siècle)

Comme tous les peuples celtiques, afin d’asseoir leur hégémonie, les Gaëls s’intéressent au fer et à l’exploitation des mines, et croisent alors dans les grottes alentours des populations naines vraisemblablement autochtones.

Ainsi, les « Knockers » (Frappeurs) sont des nains associés aux mines de charbon de l’Irlande et de l’Ecosse. Ces nains mesureraient environ de 45 à 90 centimètres de haut et porteraient les vêtements des jeunes mineurs de leurs régions, ils portent également un tablier de cuir et un casque clouté, renforcés sur le nez et la nuque.

Ils attirent les mineurs vers les galeries riches en minerai en frappant les parois des galeries à l’aide de leurs pioches. Ils jouent aussi un rôle protecteur en avertissant ces derniers d’un danger imminent, comme un effondrement ou un coup de grisou (explosion due à une fuite de méthane).

D’après cet récit datant de 1722, les  Knockers, tiennent leur nom du fait que les mineurs entendaient souvent les bruits de mystérieux mineurs invisibles qui travaillaient à leurs côtés dans les puits. Ils percevaient  des coups répétés dans l’obscurité, et parfois des voix lointaines chantaient dans l’obscurité des profondeurs.

Les hommes de petite taille sont très recherchés pour le travail des mines : en effet, ils sont aussi petits que des enfants pour se faufiler dans les filons les plus étroits, tout en étant plus résistants et plus expérimentés. Ainsi, des nains achondroplases (la confrérie de Venise au Moyen-âge) prêtaient leurs services pour extraire des filons dans toutes les Alpes et les pygmées bambutis (de petite taille) sont actuellement prisés pour travailler dans les mines de Coltan de la RDC.

La croyance dans les Knockers, a traversé l’Atlantique et les premières mentions de Tommy Knockers dans des mines américaines, en l ‘occurence en Pennsylvanie datent de 1820. Plus ici.

Trow des Orcades

Un trow ou drow est une créature surnaturelle issue des croyances et du folklore des îles Orcades (Orkney Island) au nord de l’Ecosse. Dans l’Orkneyinga saga (Saga des Orcadiens), une chronique médiévale des Jarls vikings des Orcades écrite par un auteur islandais anonyme vers 1230, un personnage de nain appelé Snorro apparaît : « Personne ne savait d’où venait Snorro, ni combien de temps il avait vécu dans la chambre sombre à l’intérieur de la Pierre des Nains. Tout ce qu’ils savaient de lui, c’était que c’était un petit homme, avec un corps bizarre, tordu et déformé, et un visage d’une merveilleuse beauté qui ne paraissait jamais plus vieux, mais toujours souriant et jeune. Le nain avait habité la Pierre des Nains bien avant la naissance de l’homme ou de la femme le plus âgé de Hoy (île des Orcades) ».

L’écrivain et folkloriste Walter Scott (1771-1832), recueillant les coutumes locales des îles Orcades, entend en Ecossais que la pierre des nains est habitée depuis le temps des Vikings par « des nains et des trolls ». Comprenant mal l’Ecossais, Walter Scott traduit cela en « nain nommé Troll ». Ainsi, depuis sa monumentale Histoire d’Ecosse (1829-1830), apparaît dans les îles Orcades la métahistoire du « trou des nains habité par un nain nommé Troll(id) ».

Au XVIIe siècle, des voleurs ayant creusé un trou sur le sommet de la pierre et s’y abritant pour commettre leurs méfaits, la structure mégalithique est tout indiquée pour (re)devenir une maison de nain. Désormais, le trou a été rebouché avec du béton.

Dwarfie stane sur l’île d’Hoy (Orcades)

Cette pierre des nains existe-t-elle vraiment ? Oui, tout à fait, elle a même pris l’heureux nom de dwarfie stane (pierre aux nains). D’un point de vue scientifique, cette structure mégalithique est une chambre funéraire datant du Néolithique, sculptée dans un bloc unique de grès ancien rouge dévonien. C’est le seul tombeau funéraire des îles Orcades qui est coupé d’un seul bloc de pierre. Le bloc de pierre présent sur la photographie était à l’origine l’entrée.

Le site archéologique de Skara Brae sur l’île de Mainland (Orcades)

A l’exemple de la dwarfie stane, les Orcades bénéficient de nombreuses structures mégalithiques inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO au sein de l’ensemble « Cœur néolithique des Orcades ». Dans cet ensemble, le site archéologique de Skara Brae, mis à jour par Gordon Childe en 1927, est tout à fait remarquable : il comprend les restes d’un village de huit maisons datées du Néolithique (entre environ 3180 et 2500 av. J.-C.) qui, grâce à leur enfouissement dans le sable et aux pierres locales utilisées, ont passé les siècles sans subir d’importants dommages, faisant du site le village néolithique le plus complet d’Europe. Ces maisons sont reliées entre elles par des passages étroits et bas. Ce site fut occupé de 5000 à 3500 ans B.P. Quant aux poteries retrouvées, elles sont de style Grooved ware, un style que l’on retrouve à travers toute la Grande-Bretagne, jusqu’au Wessex.

 Fictionnalisation du petit peuple

Dans la mythologie irlandaise, le fir darrig, far darrig ou selon l’orthographe irlandaise fear dearg (« l’homme rouge ») est décrit comme un lutin qui a la manie de s’habiller en rouge. Son portrait-robot ressemble à s’y méprendre à celui des Bonnets-Rouges présentés dans l’article Petit peuple d’Angleterre.

Effigie de fir darrig (Cermaith, 2006)

 D’après les versions les plus récentes, il serait plutôt représenté comme un croquemitaine : il aurait tendance à forcer les habitants d’une maison à l’accueillir chez eux, et à lui réserver la meilleure place, au coin du feu. Par la suite, il prendrait ses aises, allant jusqu’à faire sécher ses vêtements répugnants imprégnés de son horrible odeur au-dessus de l’âtre. Si les habitants de la chaumière n’obtempèrent pas, le fir darrig leur jouerait toute sorte de tours et les harcèlerait sans répit.

D’après les versions plus anciennes du récit, ces lutins vivraient dans les chalets, entre le plafond et la chaume. Leur rôle serait la plupart du temps de jouer de mauvais tours aux habitants, mais aussi, en cas de danger, de les protéger. Le fir darrig revêt alors une fonction protectrice évidente du foyer, comparable en cela aux dieux lares du panthéon romain.

Les dieux lares étaient les dieux du quotidien qui protégeaient toute la famille du mauvais sort. On les fêtait autour du solstice d’hiver. Ils étaient de petits hommes, jeunes, vêtus de peaux de chiens selon Plutarque. Les lares domestiques protégeaient les habitants de la maisonnée tandis que les lares ruraux étaient les gardiens vigilants des champs de blés.

Autel romain dédié aux dieux Lares

Autre génie domestique, cette fois éminemment sympathique et travailleur, le brownie écossais effectue les tâches ménagères de la famille chez qui il s’est installé en échange d’un repas. Il apporte également la bonne fortune à la famille qui l’acceuille. La différence la plus significative entre les brownies et les Lares est que, alors que les Lares étaient liés en permanence à la maison dans laquelle ils vivaient, les brownies sont considérés comme plus mobiles, capables de quitter ou de déménager dans une autre maison s’ils ne sont pas satisfaits. Une histoire décrit un brownie qui a quitté la maison après que la ménagère avare ait licencié tous les domestiques parce que le brownie faisait tout le travail et a refusé de revenir jusqu’à ce que tous les domestiques aient été réembauchés (Florence Marian McNeill, The Silver Bough : Scottish Folk-lore and Folk-belief, vol. 1, Glasgow, 1957).

Un récit rapporte qu’un brownie des Highlands bat le grain pour des fermiers jusqu’au jour où, croyant ainsi le remercier, ces derniers lui offrent un bonnet et une robe. Il s’enfuit avec, ajoutant qu’ils sont bien bêtes de lui avoir donné ce présent avant qu’il n’achève sa tâche.

Le broonie est plus tardif que les autres nains gaéliques et fait son apparition dans la littérature scots vers le XVe siècle, avant d’être anglicisé en brownie et gaélicisé en brùnaidh.

D’abord, les brownies sont popularisés par l’auteur et illustrateur canadien Palmer Cox, particulièrement connu pour ses recueils de vers humoristiques et ses comic strips. Ses dessins furent publiés en plusieurs livres, dont le plus connu demeure The Brownies, Their Book (1897).

The Brownies, Their Book (1897) de l’illustrateur Palmer Cox

Lui emboîtant le pas, l’illustratrice Alice Woodward proposera une vision des brownies affublés d’un bonnet rouge dans The brownies and other tales (1910), modèle qui sera repris par la suite dans toutes les itérations illustrées de nains, dont le parangon demeurera le premier long métrage des studios Disney avec Blanche-Neige et les sept nains (1937) de David Hand.

Le brownie dans The brownies and other tales (1910) illustré par Alice Woodward

Cette silhouette devenue caractéristique de notre représentation du petit peuple a permis au terme brownie de traverser les époques. Comme le leprechaun, nous le verrons bientôt, le brownie est devenu un terme générique, on peut le constater, avec ces quelques témoignages récents.

Enfin, dans Willow (1988 ; 2022), Ron Howard imaginera des brownies facétieux mais ridiculement petits qui donneront la réplique à Woodward Davies, un nain achondroplase qui devient la star du film après avoir joué un ewok pour Lucasfilm dans Le retour du Jedi (1983) de Richard Marquand.

Des brownies minuscules donnent la réplique à Warwick Davis dans Willow (1988 ; 2022)

 Leprechaun d’Irlande

La mythologie gaélique en Irlande comprend de nombreuses créatures humanoïdes de petites tailles, dont le gruagach, un gobelin hirsute et peu raffiné. Dans les deux langues, le nom indique la présence de cheveux hirsutes : gruaig (irlandais) et gruag (gaélique écossais) signifient tous deux « cheveux ». Le terme gruagach a été repris par Mike Mignola, auteur et scénariste d’Hellboy  (1994) pour l’un de ses personnages, sans que ce dernier ne possède aucun des attributs de la gruagach.

La peallag, quant à elle, vit généralement à proximité des étangs et des rivières. Elle n’attache jamais ses cheveux ni ne se donne la peine de les peigner. Elle les laisse libre, hirsute, ébouriffés et se cache très souvent dans les joncs. La peallag est donc une variation très ensauvagée de la sorcière, que l’on retrouve notamment dans le Carmina Gadelica (1900) d’Alexander Carmichael. En cela, la peallag se rapproche fortement de la figure folklorique de la buggane de l’île de Man, vieille naine hideuse et décrépite.

Représentation de la pelleag en vieille femme fripée et abandonnée.

Mais la figure la plus importante du petit peuple irlandais demeure sans conteste celle du leprechaun. Les leprechauns sont généralement décrits comme des personnages de petite taille, mesurant généralement moins d’un mètre de haut. Ils portent des vêtements traditionnels de couleur verte, une barbe et un chapeau pointu. Ils ont souvent un aspect vieillissant. Le mot « leprechaun » dérive d’ailleurs du gaélique « leipreachán », qui signifie nain.

                   (Jean-Noël Lafargue, 2007)           (Leprechaun comptant son or, 1900)    

Il faut le savoir le Leprechaun est très populaire, on peut suivre un parcours touristique sur ses traces, en passant par le Leprechaun Park, et le Leprechaun muséum à Dublin pour leur rendre hommage. Voici son histoire.

Dans une première vague de pensée, qui correspond aux récits médiévaux – dont le récit épique Lebor Gabála Érenn (VIIIe siècle), les nains sont associés aux Tuatha Dé Danann, l’une des tribus de la déesse de Dana qui aurait vécu en l’Irlande avant l’arrivée des Celtes. Ces nains originels se seraient réfugiés dans les collines et les forêts après une lourde défaite contre les Celtes. Cette lutte entre les leprechauns et les hommes auraient pu avoir un fond de réalité, car un autre récit épique médiéval du nom d’Echtra Fergus mac Léti (VIIIe siècle) narre dans un épisode les mésaventures de Fergus mac Léti, roi d’Ulster, qui s’endort sur la plage et se réveille en se retrouvant entraîné dans la mer par trois lúchorpáin.

Dans une seconde vague de pensée, les leprechauns sont associées à des activités concrètes, artisanales et commerciales. Seraient-ils devenus, pour la plupart, les petites mains des hommes ? Ainsi, les leprechauns sont les gardiens vigilants des trésors cachés, souvent enterrés dans des chaudrons d’or. Ils sont réputés pour leur habileté à forger et à travailler le métal, en particulier l’or. Un leprechaun battant sa propre monnaie, qui n’a aucune valeur sur le marché des hommes, est appelé un cluricaune. Les leprechauns sont souvent des cordonniers talentueux et passent leur temps à fabriquer des chaussures de la plus fine trempe. Ils amenaient souvent leur propre tablier d’outils de cordonnier.

Dans une troisième vague de pensée, les leprechauns semblent en chute démographique (uniquement représentés par des vieillards) et semblent aussi développer un penchant dangereux pour la boisson. Quittant peu à peu les collines, ils partaient se réfugier dans les caves des humains, privilégiant les propriétaires alcooliques, qui possèdent régulièrement de nombreuses bouteilles. C’est ainsi qu’on redoute leur présence dans les tavernes sous peine de voir les tonneaux de Guinness vidés trop rapidement. Ce penchant pour la fête et l’alcool, qui n’est qu’une alcoolisation massive de ce petit peuple en perte de repères identitaires, en fera la mascotte idéale pour la fête de la Saint-Patrick qui célèbre l’évangélisation du pays (et le plus grand débit de Guinness de l’année).

Le leprechaun, goguenard et porté sur la boisson, en mascotte idéale de la Saint-Patrick

Une facette moins bon enfant et espiègle du leprechaun sera peu à peu explorée à partir de la série de films horrifiques Leprechaun initiée en 1993 où le nain irlandais est à nouveau incarné par Warwick Davis, l’un des rares nains achondroplases à être une grande star hollywoodienne.

La star hollywoodienne Warwick Davis incarne le Leprechaun (1993)

Existe-t-il une croyance sincère dans la Leprechaun de nos jours?  Il semble qu’il soit encore remarquablement pris au sérieux par les générations actuelles. Il y a par exemple ce recueil de nombreux témoignages, qui ne sont malheureusement ni datés, ni localisés, ni signés, ou encore ce thread. Ces Leprechauns contemporains sont-ils, comme un produit dérivé de ce film fantastique devenu un classique ? Où n’est-ce que le dernier épisode d’un feuilleton qui dure depuis des milliers d’années ?

Et il y a ces émeutes de Leprechaun qui se sont déroulées en Irlande et ailleurs en terre britannique, voire encore beaucoup plus loin ! Le terme Leprechaun est en quelque sorte devenu un terme générique pour désigner les créatures de type gnome, lutin.

Oui des émeutes. Il faut rappeler la croyance qu’une fois capturé un Leprechaun vous conduit à un chaudron rempli de pièces d’or. Il suffira même de le secouer un peu pour qu’il relâche quelques pièces de ce trésor. Certaines observations de Leprechaun ont provoqué une telle fièvre que des dizaines de personnes de sont lancées à sa poursuite en espérant ainsi devenir immensément riche.

C’est arrivé en 1908, à Killough, dans le comté de Westmeath. Des écoliers ont affirmé apercevoir à plusieurs reprises, des êtres minuscules habillés en rouge, coiffés de curieux chapeaux, décrits exactement comme des Leprechaun. Les adultes, se sont engouffré dans cette histoire, sans qu’aucun des parents d’élèves, ou de leurs professeurs n’ait pu corroborer ces témoignages. Mais qu’importe, il y avait une chance de capturer un Leprechaun et de profiter de son trésor !

Mais après plusieurs mois de traque tout de même, la police locale parvint à mettre la main sur le coupable. Enfin, un coupable. Un homme de petite taille, muni d’un chapeau à l’aspect et au manières très étranges, il était sale, s’exprimait par des grognements.  Le Leprechaun capturé, quid de son trésor ? Il fut possible de lui soutirer quelques mots, et d’en savoir plus sur son histoire, Logiquement il s’est avéré que la créature capturée n’était qu’un pauvre homme atteint mentalement. Son comportement et son apparence suffisait tout de même à en faire une attraction locale. Pour son plus grand malheur, car le Leprechaun, fut vendu 10 livres par son père à un cirque ! Jusqu’en 1914, il fut exhibé au Panopticon, un théâtre de music-hall de Glascow. Dernière précision utile pour cette histoire, il fut établi que le parcours du pauvre fou éliminait la possibilité qu’il fut l’objet des fameuses observations initiales. Les dates ne correspondaient pas ! Toute l’histoire, avec les articles de presse d’origine ici et ici.

Un phénomène semblable se déroula en 1964, cette fois hors de l ‘Irlande, à Liverpool -Kirby, Des petits personnages verts, de la taille d’un nain de jardin, étaient aperçus la nuit dans les parcs et les terrains de golf de la ville, ainsi que dans les maisons et les appartements des particuliers. L’excitation devint si intense lorsque les rapports furent largement diffusés, qu’une foule de personnes se rassembla près du bowling green d’Edge Hill en août 1964 dans l’espoir de voir et d’attraper une petite créature. « Je ne crois pas aux Leprechaun » retorqua James Nolan, agent des parcs d’origine irlandaise, et la police fut appelée pour calmer ces « émeut de Leprechaun » Plus tard la même année, une femme vivant à Wavertree a affirmé que trois petits hommes en vêtements verts s’étaient assis sur le mur de son jardin et jetaient des pierres à son chien, et que d’autres femmes les avaient vus grimper à un arbre dans le parc de Wavetree. ( article)

Les Leprechaun, ont continué à tourmenter de pauvres bambins, et à susciter des observation collective. Cette fois-ci près de Nottingham, au cours d’un épisode restée fameux depuis 1979 comme Les gnomes de Wollaton Park. Des enfants jouaient dans le parc tard dans l ‘après-midi. Lorsque le crépuscule a commencé de s’installer,  une troupe de  nombreux lutins a surgit des bosquets, jouant, grimpant, sautant, certains d’entre eux conduisant des automobiles. Effrayés par ces étranges équipages, les enfants auraient fui leur terrain de jeux pour se réfugier dans les rues voisines. C’est un cas qui a été abondamment discuté, vous pouvez en savoir plus ici, ici, et le texte des enregistrements effectués à l’époque auprès des témoins.

Enfin en 2006, un canular probablement en lien avec la St Patrick, a provoqué une autre fièvre du Leprechaun aux USA.

Ces nains du folklore gaélique, qui paraissent si concrets et tangibles, si éminemment présents, comme les leprechauns irlandais, auraient-ils leur correspondance fossile ? L’homme de Clonycavan semble être un candidat tout à fait sérieux : faisant partie de la série protohistorique des hommes des tourbes, ce corps momifié a été trouvé à Clonycavan (comté de Meath, Irlande) lors de l’hiver 2003. Une datation au carbone 14 indique que le corps a été jeté dans la tourbière entre 392 et 201 av. J.-C. Deux faits retiendront notre attention : sa très modeste stature (1m57) et sa coiffure de type « mohawk », proche de la crête iroquoise.

Ces deux éléments distinctifs, à savoir la taille médiocre et une coiffe spécifique, nous font douter que cet homme de Clonycavan ait pu appartenir à une tribu celte. De plus, sa mort n’est pas paisible : sa tête et son torse présentent des marques de violences infligées avant d’être jeté dans la tourbière. Il avait reçu trois coups de hache en pierre à la tête qui lui avaient ouvert le crâne, laissant sortir des parties de cerveau et il avait aussi reçu un coup à la poitrine et avait été éventré. L’homme de Clonycavan était donc une victime guerrière d’une lutte intestinale avec une tribu ennemie, possiblement celte.

L’homme de Clonycavan et sa reconstitution faciale

Si les corps momifiés dans la tourbe sont remarquablement conservés, l’acidité aigue (PH en dessous de 4) des sols ne permet pas une bonne conservation de l’ADN et une analyse du matériel génétique de l’Homme de Clonycavan n’a pas pu être proposée. Alors, cet homme de faible stature était-il préceltique (haplogroupe C ou I) ou bien celtique (haplogroupe R1B) ? Le mystère demeurera entier autour de cette momie fondamentale pour la compréhension de l’histoire du peuplement de l’Irlande.

Lieu de sépulture antique d’un homme de petite taille (Clonycavan, 1m57), le territoire gaélique est aussi un lieu de mémoire consacré aux nains : les Orcades mettent à l’honneur le trow, l’île de Man la buggane, l’Ecosse le brownie et l’Irlande le leprechaun.

Ce dernier étant le dossier le plus documenté du folklore gaélique, nous avons pu dégager trois phases dans la relation entre les hommes et le petit peuple : d’abord, une confrontation entre les leprechauns et les Celtes qui se soldera par une fuite du petit peuple dans les collines ; ensuite, une phase d’assimilation où les leprechauns accepteront les basses besognes manuelles (forgerons, cordonniers) ; enfin, sa lente disparition et un déclin identitaire, notamment symbolisé par cette référence à l’alcoolisation massive. Les récits folkloriques collectés rendent alors compte d’un mécanisme de confrontation entre deux groupes ethniques, l’un préceltique et l’autre celtique, l’un au détriment de l’autre, les deux derniers mécanismes étant ceux de l’assimilation et de la disparition.

Ce mouvement de prévalence identitaire et génétique se retrouve dans les récits des nutons de Belgique, et dans bien d’autres séquences historiques plus récentes, à l’image du sort réservé aux peuples amérindiens ou bien aux pygmées de la RDC.

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