Hommes sauvages de Chine

Shennongjia abrite le Musée des sciences et de la technologie qui présente une sculpture d’ hommes sauvages très civilisés.

Prologue : Le professeur sauvage

Nous sommes le 12 janvier 1997. Dans une maison de retraite d’une banlieue reculée de Shanghai, un pensionnaire vient de décéder.

Aucun parent n’est venu accompagner le scientifique pour son dernier souffle. Seuls quelques patients, qui l’ont toujours considéré comme fou. Mais pourquoi donc s’obstinait-il à parler des sauvages aux rares visiteurs qui venaient jusqu’ici ?  L’incompréhension à son encontre empira, il fut placé à l’isolement, et quelques jours plus tard, une hémorragie cérébrale l’emportait.

Son nom était Liu Minzhuang, vingt ans auparavant, le savant était au sommet de sa gloire. Chasseur de yeti le plus actif de Chine, il recolletait aux quatre coins du pays des centaines d’échantillons, de poils notamment.

Il était connu de tous comme : le professeur sauvage.

Liu Minzhuang ( à droite) inspectant un éventuel nid d’homme sauvage

Voici le « testament cryptozoologique » de Liu Minzhuang :  Il y a plus de sauvages que de pandas géants. Notre équipe d’expédition a vu des sauvages 16 fois, moi y compris… Au siècle prochain, les humains pourront découvrir complètement le mystère des sauvages. Je suis confiant… Le pays doit s’organiser, cela ne peut pas se faire tout seul… Vous pouvez utiliser la télédétection infrarouge… Quand je serai prêt, je transmettrai l’essentiel des documents originaux non publiés. 

Liu Minzhuang

Il est décédé sans avoir pu réaliser son dernier souhait, malheureusement. Mais le professeur sauvage a des héritiers.

La Chine, pays de l’homme sauvage

Nous retrouveront le professeur sauvage au cours de cet article, ce petit hors d’œuvre, cher lecteur doit vous avertir. Ce que nous allons aborder ici est assez prodigieux et méconnu. Il semble n’y avoir aucun tabou en Chine à envisager l’existence de primates de grandes tailles, possiblement du genre Homo, vivant aujourd’hui à nos côtés.

Quelques exemple de l ‘appétit des chinois pour l’homme sauvage

Un engouement populaire suscitant le sensationnel évidemment, mais aussi un travail de qualité : articles de fond, enquêtes de terrain, la presse chinoise produit parfois des articles très complets, dignes des enquêtes cryptozoologiques les plus fouillées. Je me suis basé sur ce matériel, car autant les blogs que les organes officiels traitent abondamment des « sauvages » comme ils sont nommés en Chine.

C’est aussi la limite de ce compte rendu. Le chinois n’étant pas ma langue maternelle, je n’ai pas pu vérifier la plupart des récits, autant que cela devrait l’être. Je n ‘ai pas pu localiser nombre d’éléments matériels recueillis lors des expéditions. Il se peut que certains toponymes soient mal orthographiées ou certaines erreurs de traductions aient été commises. Je plaide la bonne foi, la bonne volonté, et j’ai appliqué, autant que possible la vérification systématique par croisement des sources. Libre à qui le souhaite d’aller vérifier tout cela par elle ou par lui-même.

Notre panorama de l’homme sauvage en Chine va se concentrer sur trois zones géographiques distinctes. Préparez-vous à une foule de chasseurs de monstres obstinés, à une montagne de récits fantastiques, d’empreintes, de poils non identifiés, l’homme sauvage en Chine, c’est parti !  

( Juste un dernier avertissement : certaines histoires sont choquantes pour un public sensible)

La montagne de la Lune

Selon cet article : L’équipe de l ‘expédition est entrée dans la nature sauvage de Moon Mountain, et a trouvé des empreintes de sauvages. légende seconde photo : j ‘ai trouvé des traces de sauvages troisième légende : traces de sauvage et restes de coquilles de noix .

province du Guizhou

La montagne de Lune est un massif montagneux situé à la jonction des comtés de Rongjiang et Libo dans la province du Guizhou. Une fois au sommet, au milieu des nuages, il serait possible de sentir la présence de la lune dans le ciel, d’où son surnom. C’est une région nichée au milieu de la Chine, couverte de forêt vierge, inaccessible à l’homme, une terre d’exil intérieur. Certains peuples qui y vivent furent les premiers occupants du pays, c’est le cas des aborigènes Miao, une importante minorité.

Libo

Zaidang Dong, Comté de Rongjiang

Cynops Pyrrhogaster

Les plantes rares et des espèces animales endémiques sont innombrables, outre le célèbre triton de Newt (Cynops pyrrhogaster) : des ours noirs, des léopards, des loups et des buffles.

 D’après les villageois, il faut ajouter également à cet inventaire des créatures humaines aux traits simiesques, que l’on nomme les «  sauvages ». Parfois, nous ne pourrons pas vous donner les lieux exacts des aventures que nous allons vous raconter, car ils sont tenus secrets par superstition très enracinée localement. Parler d’un sauvage peut porter malchance, en voir un est signe d’un malheur imminent. Néanmoins, il semblent que certaines noms de localités reviennent plus que d’autres dans les récits : monts Leigong et de la Lune,  le mont Guyao dans le sud-ouest de la province, le comté de Rongjiang en général.

M. Zhu Fazhi, est un ancien membre du comité permanent du comité du parti du comté de dans la province du Guizhou. Mais il a consacré une bonne partie de sa vie à enquêter sur les sauvages il était membre de la China Rare Animal Research Society ( qui n ‘existe plus à priori) ), fondée par Liu Minzhuang, le professeur sauvage dont nous vous avons parlé au début de l’article. Zhu Fazhi est en quelque sorte un de ses héritiers, comme lui il parcourt toute la Chine sur la piste des sauvages. Autour de la Montagnes de la lune, il a recensé plus de 1000 témoins, cela en faisant d’après lui le lieu principal pour la recherche sur les hommes sauvages en Chine.

Il semble que 12 épisodes relatifs aux sauvages soient enregistrés officiellement dans la zone, j’ai pu en retrouver une poignée, développés autant que possible.

Une Mère Sauvage !

Jiji est un village traditionnel de l’ethnie Miao situé dans l’arrière-pays de la Montagne de la Lune. Un jour de juin 1930, 12 hommes conduisaient leurs chiens de chasse dans les montagnes pour chasser ensemble. Soudain, les chiens ont aboyé bruyamment, et les chasseurs ont immédiatement levé leurs fusils et se sont mis en joue, mais ce qui a attiré leur attention était un étrange animal humanoïde debout entre deux grands arbres, avec une paire d’yeux effrayés les fixant les chasseurs et leurs chiens avec fureur.  Il était recouvert de poils noirs et jaunes, les cheveux longs pendaient jusqu’à la la taille mais les joues étaient imberbes, laissant apercevoir une peau mate et deux énormes seins dont s’écoulait encore du lait. Si on oublie les poils, la forme entière est exactement que celle d’un corps féminin d’une taille d’environ 1m80 ( 6 pieds).


Illustration dans « Sancai Zuhui » sous la dynastie Ming.

Alors que le chef du groupe restait stupéfait, les chiens de chasse qui aboyaient se précipitèrent un à un. Au milieu des hurlement et des aboiements, les 11 chiens de chasse finirent démembrés. Les chasseurs se mirent à  tirer, et un grand jet de sang rouge vif jaillit de la cuisse de la femelle sauvage, qui s’agenouilla sur le sol. Alors tous les chasseurs bondirent sur elle. Cette nuit-là, les hommes, les femmes et les enfants du village mangèrent entièrement cette sauvage, ne laissant qu’un squelette blanchi.

À la fin des années 1950, les services d’État compétents auraient pris connaissance de cette épisode et ont confisqué aux villageois ce squelette d’une grande valeur scientifique. Certaines des personnes qui ont participé à la chasse aux sauvages sont encore en vie aujourd’hui.

Au milieu des années 1990, Zhu Fazhi s’est rendu pour la première fois dans la montagne Guyao pour interroger les villageois locaux  qui ont mentionné de nombreux cas de sauvages rencontrés ou capturés par les chasseurs. Cela se serait produit au début des années 1950. On raconte que le gouvernement avait organisé des milices montagnardes pour réprimer les bandits. Au cours de leurs patrouilles, ils rencontraient souvent des sauvages, sans en faire grand cas, mais un jour ils seraient tombés nez à nez avec un groupe importants, ils en auraient alors tué un et l’ont remis au gouvernement du comté.

Zhu Fazhi a cherché à vérifier cette histoire, et le fait que les cadavres de sauvages étaient toujours remis aux autorités. En 2001, il s’est rendu dans le village de Gaobian Dong, dans la ville de Langdong, au pied de la montagne Leigong, pour effectuer un relevé ethnique et culturelle, et la providence lui a fait rencontrer, justement le chasseur qui ce jour là avait tiré sur la créature.

gauche : Wu Zuochang, droite : Zhu Fazhi

Une autre femme sauvage abattue

Son nom est Wu Zuochang, et voici son récit, selon ses souvenirs recueillis par Zhu Fazhi. En 1951, le comté de Rongjiang a mis sur pied des milices pour se rendre sur la Montagne de la Luner pour y chasser des bandits, en priorité des cantons de Bakai et de Jijia. Au cours du septième mois du calendrier lunaire, plus de 100 miliciens se sont rendus dans la montagne Guyao pour effectuer des recherches. Il y avait 6 personnes dans le groupe de Wu Zuochang. Au bout de deux jours dans la montagne, ils sont entrés dans le bassin de la rivière Xiguyaoxi. Après avoir marché environ deux ou trois kilomètres, les bambous sont devenus de plus en plus denses. Pendant qu’ils marchaient, plusieurs miliciens devant se sont précipités en arrière. Wu Zuochang pensait avoir localisé des bandits, alors il s’est approché d’eux avec son fusil prêt à  tirer et leur a demandé : « Avez-vous rencontré des bandits ? » « Pas des bandits !  Il y a beaucoup de sauvages dans le ruisseau devant nous. Ils veulent nous mordre. Nous n’avons pas osé avancer, alors nous avons couru en arrière ! « 

Après avoir entendu ça, Wu Zuochang et ses compagnons sont allés, fusils en main regarder ce qui pouvait bien se passer.

Wu Zuochang ; Quand j’ai marché vers l’avant, j’ai vu qu’il y avait au moins quatre-vingt ou quatre-vingt-dix sauvages, vieux et jeunes, grands et petits. Il y en a des aux cheveux roux, des aux cheveux jaunes, des aux cheveux noirs et des aux cheveux marbrés. Le grand mesurait sept ou huit pieds et le plus jeune est toujours tenu dans les bras du plus âgé. Toutefois, la plupart étaient de taille moyenne.. Des deux côtés d’un ruisseau au bas de la pente, des sauvages faisaient diverses choses au soleil, certains grimpaient aux arbres, certains se cherchaient des poux et d’autres jouaient dans l’eau. Cette situation était très animée !

Homme sauvage 1983

Wu Zuochang et ses compagnons se sont cachés, projetant de capturer un sauvage.. Finalement, ils choisirent comme cible un sauvage immobile assis sur un rocher. Wu Zuochang pointa son arme visant le cœur du sauvage. « Bang  » un coup de feu retentit dans la vallée, et les sauvages coururent dans les bois paniqués au milieu des cris et disparurent en un instant.

« C’est tombé ! C’est tombé ! Allez voir ! », a crié le compagnon de Wu Zuochang. Ils ont couru pour jeter un coup d’œil et ont découvert que celle qui avait été touchée était une femme sauvage aux cheveux tachetés, mesurant environ 1,3 mètre ( 4 pieds) et pesant environ 45 kilogrammes ( 100 livres). Les poils de son corps mesuraient plus de 20 centimètres ( 0,6 pieds) de long, brillants et beaux. Le corps est un peu mince, les poils sur le dos des mains sont longs et les paumes sont glabres. Le visage ressemble à un singe et un peu à un humain, mais le menton est un peu court.

Wu Zuochang : Que faire de cette femelle sauvage ? Certains ont dit qu’ils l’emporterai pour la manger, tandis que d’autres ont dit qu’ils la laisseraient pourrir ici. Finalement, le leader a dit, reprenez-la et remettez-la au gouvernement !

Libo

A cette époque, il fallait deux jours de marche de Guyaoxi au comté de Rongjiang, mais un seul jour jusqu’au comté de Libo. Tout le monde a décidé de transporter le sauvage à Libo pour le livrer au public.

« Nous avons transporté la femelle sauvage au gouvernement populaire du comté de Libo. De nombreuses personnes se sont rassemblées pour la voir. Certains ont dit qu’ils n’avaient vu que des ours et des sangliers auparavant, mais aujourd’hui ils ont vu un sauvage ! Certains ont demandé ;  où l’avez vous chassé ? La viande est-elle comestible ? Après avoir attendu un moment, l’un des chefs est venu nous voir, nous a félicités et m’a remis un reçu qui disait :  » Attestation au milicien réprimeur de bandits Wu Zuochang qui a tué un sauvage. De plus, j’ai été récompensé par un drapeau rouge. »

Dans les années 1950, les coopératives d’approvisionnement et de commercialisation de fourrures autour de La Montagne de la Lune auraient eu à traiter plusieurs peaux « sauvages ». Afin de permettre aux acheteurs de distinguer les « ours humains » des « ours chiens « l’entreprise aurait même accroché les deux types de peaux côte à côte dans le magasin pour les comparer. Avant la construction de la route sur la rivière Rongjiang, les marchandises locales entrantes et sortantes étaient transportées par eau sur la rivière Duliu et la rivière Maoren, un affluent de la rivière Qingshui. À Guzhou, où se trouve aujourd’hui le comté de Rongjiang, environ dix tonnes de peaux d’animaux étaient entassés chaque jour au quai de Dahekou, traversant la rivière Duliu.

Only found hair…!

Selon Zhu Fazhi, la présence de sauvages dans la région est plus ancienne que celle de Shennongjia dans la province du Hubei. De nombreux villageois locaux ont vu des sauvages de leurs propres yeux, mais comme ils n’arrivent pas à les identifier, ils appellent souvent les sauvages « bianpo » et « homme-ours ».

Il semble être fait référence aux sauvages non seulement dans les annales de la préfecture du sud-est du Guizhou qui explique : Les hommes-ours, communément appelés sauvages, ont une forme complètement humaine et les deux sexes vivent ensemble, mais aussi dans les « Chansons anciennes Miao », qui comporterait des chapitres sur la façon de se prémunir et de traiter avec les sauvages. ( Il semble qu’il s’agirait entre autre d’une sorte de ruse, qui consisterait à garder au creux des mains des tiges de bambous, et quand le sauvage vous pourchasse, vous vous laissez attraper par les mains, ce qui lui procure une intense satisfaction et un plaisir tel qu’il en ferme les yeux. Vous retirez alors doucement vos mains, le sauvage continue à tenir des tiges de bambous, et ne remarque pas que vous avez pris la fuite !)

Une journaliste du China National Geographic, Shui Xiaojie, a enquêté sur les sauvages de la Montagne de la Lune, et a estimé que ce qu’elle a vu et entendu lors de l’enquête sur le terrain montrait que les villageois ont l’habitude de chasser depuis des générations d’ici et l’éventualité qu’ils confondent les ours, les singes et d’autres animaux avec des « sauvages » est pour elle assez faible.

Même niche écologique supposée, même aspect, l ‘ours noir d’Asie est un candidat idéal

Comme presque partout avec les hommes sauvages, il faut garder une attention particulière à la méprise avec l’ours. Il semble qu’en Chine aussi les analyses aboutissent souvent à cet animal, enfin pas toujours nous le verrons plus loin dans cet article. L’opinion commune de ceux qui étudient les sauvages en Chine les classent dans le genre Hominidés Homo sapiens, affirmant qu’il s’agit d’un primate non découvert et bipède,  plus évolué que les singes et possédant une certaine intelligence. Cela remplace peu à peu l’hypopthèse du gigantopithèque

Au milieu des années 1970, des villageois locaux se sont rendus dans une forêt dense appelée Laohuchong pour cueillir des pousses de bambou. En chemin, ils ont rencontré de manière inattendue une « femelle sauvage » qui mesurait environ 170  ( 5 pieds) centimètres, pesait environ 150 kilogrammes (330 livres), fortement bâtie.

Patrouille armée à la recherche de sauvages ( photo Zhu Fazhi)

D’autres événements ont dû se dérouler dans les années 1980, car une expédition dans la région a été organisée et le srofesseur sauvage a débarqué pour commencer son enquête dans la région. À l’automne 1984, le professeur Fang Gu, (alors président exécutif de l’Association chinoise d’exploration et de recherche sur les sauvages), a formé une équipe de dix experts en « expéditions sur le terrain » menés par Liu Minzhuang. Ils ont pu collecter les cheveux et la peau des sauvages tués dans le comté de Rongjiang. Après des tests sur des poils de « primates avancés inconnus », il s’est avéré qu’ils se trouvaient « entre les singes et les humains ». ( je n’ai rien trouvé de plus sur ces analyses, malheureusement).

Un jour de 1985, alors qu’un cadre du village de Baile partait travailler dans les montagnes, il a vu un groupe de « petits sauvages » mesurant 70 centimètres ( 2 pieds) de haut. Ils se sont soigneusement alignés et sont passés calmement devant le cadre du village.

À l’automne 1994, alors qu’il chassait sur le mont principale de la Montagnes de la Lune,  un chasseur vit de ses propres yeux une « femelle sauvage » aux cheveux roux et longs.

En 1996,  Zhu Fazhi aurait collecté des cheveux d’hommes sauvages, des caillots de sang coagulés sauvages, des excréments sauvages et d’autres indices.

La belle-mère démoniaque

Il faut savoir que la région de la montagne de la lune est très faiblement développée, il y a peu de route , l ‘électricité est arrivée dans les années 2000. Les populations locales vivent de l’agriculture vivrière, des ressources naturelles, l’environnement est le même depuis des milliers d’années. Il y a une croyance bien enracinée sur le fait que les sauvages sont fait des créatures surnaturelles, des  » belles-mères transformées », des « cinglés » , des  » travestis » comme ils sont surnommés. En résumé : des âmes défuntes se réincarnent en « belles-mères démoniaques » qui provoquent la mort et le malheur. Est-ce la présence systématique de cheveux rouges et le caractère irascible de ces créatures qui autorise cette comparaison ?

La superstition veut que l ‘on n’évoque jamais leur existence, à aucun prétexte, et nous le verrons cela a put avoir de fâcheuses conséquences.

couverture d’un roman de 1988

Dans l’après-midi du 29 février 1996, Zhu Fazhi décroche son téléphone : au bout du fil Long Anyue, le secrétaire du Comité du Parti du comté de Rongjiang :   Un cas de inexpliqué s’est produit dans le village de Zhuola. D’après les premiers rapports du terrain, les gens, « les masses » pensent qu’un sauvage est le coupable. La population est effrayée je vais y aller pour faire mon travail et les villageois.. Voulez-vous venir enquêter M. Zhu Fazhi ? La suite il le raconte lui-même dans cet article.

Zhu Fazhi : Il semblerait que la victime soit un homme Miao de 64 ans qui vit avec sa femme, ses trois fils et sa belle-fille. Le vieil homme menait une vie simple et travailleuse, gardant l’étable pendant de nombreuses années et rentrant rarement chez lui. Le 4 février, la victime a acheté des produits du Nouvel An à la ferme, deux petits pots, et les a emportés jusqu’à l’étable distante de 3km. L’étable est située à flanc de montagne près du ruisseau, entourée de champs en terrasses. Il y a des forêts vierges denses des deux côtés et vous pouvez vous rendre directement au sommet principal de la Montagne de la Lune en longeant le ruisseau.

Avant d’être tué, il a eu un accident alors qu’il gravissait, pots en main,  une pente d’environ 40 mètres de haut et avec un dénivelé d’environ 55 degrés. Il a perdu l’équilibre et a dévalé la pente, mais ce qu’il transportait a été retrouvé (protégé par de la paille)  à moins de 5 mètres en contrebas de l’endroit où l’homme a commencé sa chute, normalement l’homme, et cette l’histoire aurait du s’arrêter là. Mais hélas, ce n’était pas terminé pour lui. Son corps a été retrouvé dans la rivière Chaxi tout en bas, mais en plus, sur l’autre rive ! Encore une dizaine de mètres plus loin. Sur le chemin, toute la végétation avait été écrasée.  Et surtout, il y avait juste à côté du cadavre, un profonde tanière pas du tout naturelle, faite d’épines, de vignes et d’arbustes entrelacés, profonde d’1m50.

L’endroit où le corps du vieil homme a été retrouvé a été retrouvé,

L’homme aurait été entièrement dénudé, ses vêtement auraient ensuite été noués autour de son cou. L’autopsie finale a révélé que le pénis du vieil homme serait enflé et visiblement allongé, et que la base de ses cuisses étaient rouges et enflées, qu’il avait été serré par la taille. Les experts en sécurité publique ont finalement déterminé qu’il s’agissait d’un cas de décès dû à des abus sexuels violents.

Après avoir soigneusement inspecté les lieux, Zhu Fazhi  a interrogé des villageois. « Il avait encore quelques yuans de monnaie dans sa poche, une douzaine de yuans dans son portefeuille  et les sept ou huit vaches et des dizaines de poulets et de canards de sin étable  étaient encore là . Ce n’est pas un vol qui se serait mal passé.

« Ce vieil homme a toujours été en bonne santé et n’a jamais été malade. Il peut transporter 40 à 50 kilogrammes de charge en montée et en descente. Lorsqu’il est allé au marché ce jour-là, il a également aidé les autres à acheter du vin et des médicaments (jiuqu) . Il était en bonne santé à cette époque « il n’était pas malade

« S’il a dévalé la montagne et est tombé à mort, il aurait dû mourir là où il est tombé. Pourquoi s’est-il retrouvé de l’autre côté de la rivière Chaxi ? Lui qui ne savait pas comment enlever son pantalon ! » – Il n’est pas mort de sa chute.

Les villageois ont également déclaré que quelque temps avant d’être tué, le vieil homme avait dit à plusieurs reprises aux cadres du village et à certaines personnes : « Il y a une bête sauvage dans les bois, une « femme », très méchante. Notre village l’ignore mais un jour il sera détruit.  Quelqu’un cause du malheur à quelqu’un, alors tout le monde devrait faire attention !  » Le vieil homme avait-il aperçu la créature qui l’a tué ?

A cette époque également, la « bête » aurait poussé la porte de son étable plusieurs nuits de suite. Au début, il a cru que quelqu’un venait voler les vaches, mais plus tard il s’est rendu compte que c’était la « bête ». D’après les villageois, ceci n’a rien d’anormal et se produit de temps en temps chez eux aussi.

Selon la tradition populaire, en montagne, lorsque les sauvages sont en chaleur et qu’ils rencontrent un être humain du sexe opposé alors ils veulent le « prendre pour eux». Cependant, les villageois insistent sur le fait qu’il ne passe généralement pas à l’acte et qu’il n’y a pas récit impliquant des sauvages violents envers les hommes.  Parfois ils prennent même l’initiative d’aider ou de sauver les humains. Bon, c’est une affirmation un peu étonnante, si on tient compte de certains récits connus, voire très connus sur les agissements des sauvages dans la région. Est-ce une preuve de plus que la superstition, et la crainte sont omniprésentes ?

Selon les villageois, la femelle sauvage était en ovulation lorsque le vieil homme a été tué. Elle a essayé de pousser sa porte pendant de nombreuses nuits sans l’ouvrir, mais elle a refusé d’abandonner, ce qui a finalement conduit à la tragédie.

Ces poils roux longs de 50cm sont attribués à une femelle sauvage. (photo Zhu Fazhi)

Il semble aussi que l’épisode entier se déroula face à quelques témoins situés dans la montagne d’en face, dont un bouvier qui a témoigné de ce qu’il a observé. D’après eux le vieil homme et la femme sauvage aux cheveux rouges se battaient déjà en dévalant la pente, elle l’aurait attaqué au cours de son ascension.

Cette histoire est aussi brutale qu’incroyable, mais il semble que pour les habitants de cette région, cela fasse partie du quotidien ou presque. Il y a ce rapport d’enquête très sérieux sur cet incident, et sur d’autres tout aussi violents, survenus dans la zone.

Six mois avant que le vieil homme ne soit tué, alors que Zhu Fazhi  collectait des récits folkloriques dans un village Miao voisin, deux personnes âgées ont dit : « Le mois dernier, nous avons vu une femme sauvage sur le sommet principal de la Montagne de la Lune, et ses cheveux étaient rouge, d’un rouge est rouge vif et très joli

Plus de dix jours après, des villageois ont vu un animal aux cheveux roux pêcher des crabes dans le ruisseau au pied de la montagne. Il était un peu loin à ce moment-là,  dans l’eau jusqu’à la taille et garda se tête baissée. Son visage ne pouvait donc pas être vu clairement.

Illustration pour un musée de Shenzhen, fin 1998

Une nouvelle agression

Au cours de l’été 2004, deux jeunes femmes et une grand-mère nommée Wu se dirigeaient vers Wulong pour cueillir de l’amarante. Soudain, un « cinglé/travesti » aux poils roux a surgit d’un buisson. Les deux jeunes femmes ont pris leurs jambes à leur cou, et ont regagné le village. Laissant une vielle dame faire face à un homme sauvage en furie. Mais elles ont fait encore pire : par superstition, par crainte et par pur égoïsme, elles n ‘ont rien dit de cet incident.

illustration tirée de cet ouvrage

La famille Wu s’est mise à sa recherche le soir même, mais aucune des deux témoins n’a déclaré quoi que ce soit. Devant l ‘insistance du fils de Wu, une des jeune femme a avoué l ‘incident, et finalement a accepté de désigner l (endroit, un ruisseau où l ‘attaque s’est produite. Le fils de Wu s’est imémdiatement précipité et il a retrouvé sa maman à cet endroit précis. Elle était allongée, dénudée, et inanimée dans le ruisseau. Son corps était froid, et il était clair que de précieuses heures avaient été perdues lors des recherche. Mais alors que son fils s’apprêtait à porter le corps de sa mère, celle-ci s’est mise à soupirer, encore inconsciente. Wu était encore vivante, mal en point, traumatisée, mais encore vivante.

Elle a recouvré peu à peu, autant que possible, sa santé, et elle n’e se souvenait plus de rien ‘avait aucun souvenait concernant cet incident. Mais il semble bien qu’un homme sauvage en chaleur ait attaqué ces femmes. Il aurait d’abord jeté le couteau que portait Wu, puis il l’a projeté à terre. Pendant ce temps les temps autres femmes avaient jeté leurs paniers et leurs outils pour partir plus vite.( deux ans après les objets y étaient encore, les locaux n ‘osant les toucher par superstition). Malheureusement, il semble qu’ensuite Wu ait été violée. Elle a été retrouvée dévêtues, des traces de suçons, des pincements violents ont été relevés sur tout son corps. Wu a mis un certain temps à retrouver la parole, à sortir de son traumatisme.

Wu

En août 2016, dans le village de Pingyan, au cœur de la Montagne de la Lune, le cultivateur de plantes médicinales Wu Zhizhong a gravi la montagne pour collecter de quoi confectionner les médicaments et a trouvé des « empreintes de pas sauvages » sur un énorme rocher, deux fois plus gros que les pieds d’un homme adulte.

Zhu Fazhi a visité presque tous les villages autour de la Montagne de la Lune, il s’est forgé une conviction : de nombreux sauvages hantent la région, ils marchent debout, sont plus grands que des singes, possèdent une certaine intelligence, sans avoir pu les vérifier par nous-même, il est possible d’ imaginer qu’il ait en sa possession un certain nombre d’échantillons divers de primates inconnus.

D’après lui, il y a 3 types différents d’hommes sauvages autour de la Montagne de la Lune

-Le premier type de « sauvage » est affublé d’un noble surnom :  « petit dieu de la montagne », car il ne mesurerait pas plus de 70 centimètres. Sa fourrure est de différentes couleurs, notamment le jaune, le rouge et même le vert ! La plante de ses pieds est orientée vers l’arrière, tandis que les talons sont placés en avant, et il n’y a pas de queue. Il a un tempérament doux.. Non seulement il n’attaque pas directement les gens, mais il peut également « coexister pacifiquement » par exemple,  attirer des proies.

-Le deuxième type de « sauvages », est appelé par les locaux  « bianpo », lui non plus n’est pas très grand,  il ressemble beaucoup à un humain. La plupart d’entre eux sont roux, leurs cheveux mesurent plus d’un mètre de long et ils sont toujours ébouriffés. « Bian Po » a une personnalité étrange, il est très fort et très cruel, il court très vite. Les gens superstitieux disent qu’après leur mort ils se transforment en un esprit venu effrayer les gens et nommé « Chanpo ».

-Le troisième type de « sauvage »,  est appelé « homme-ours » par les locaux, il est grand et à peu près de la même taille qu’un ours noir, mesurant jusqu’à 1,9 mètre de haut, et couvert de poils. Il ne fait généralement pas de mal aux gens et aime suivre les gens en montagne, ni de trop loin ni de trop près.

extrait d’un reportage de 1981

Le fantôme de Shennongjia

La province du Hubei est considérée comme l’épicentre du phénomène en Chine, la créature locale est connue dans le monde entier sous le nom de Yeren, également orthographié yeran 野人, « homme sauvage ». C’est un terme global, il y a le Yeren de Shenongjia, le Yeren de la Montage de Lune, etc….En fait Yeren a aussi désigné il y a très longtemps un peuple autochtone de Mandchourie, les Jürchens, Nomades, chasseur-cueilleurs, ils formaient aux yeux de l’ethnie Han, un peuple « sauvage ».

province du Hubei

Aujourd’hui, et depuis le siècle dernier, les termes Yeren/sauvages désigne uniquement des créatures de type homme-singe, et Shenongjia, au sud-ouest de la province,  est considéré comme leur capitale en Chine. (L’histoire du Yeren est bien connue des amateurs, il y a par exemple cet article ou encore celui-ci du Dr Jeff Meldrum.

yeren 1996

 

Cette forêt vierge de plus de 3000km² est un trésor naturel, un endroit sauvage à la beauté préservée, un paradis végétal où s’est élaboré en grande partie la pharmacopée et la tradition culinaire chinoise. Les forêts de Shenongjia représentent donc un patrimoine essentiel, un livre de recette, un traité de médecine à ciel ouvert qui a obtenu 3 distinctions :  la « Réserve naturelle nationale de type forêt et faune » de Chine, le « Réseau de protection de l’homme et de la biosphère » nommé par l’UNESCO et le « Réseau de conservation de la biodiversité » confirmé par le Fonds mondial pour la nature

Reserve naturelle de Shennongji
Shennongding by ZhangQi

Le plus haut sommet, Shennongding, culmine à 3 105,4 mètres au-dessus du niveau de la mer , le plus haut du du centre de la Chine . Le climat à Shennongjia peut-être décrit assez simplement, situé au nord de la zone tropicale avec des températures plutôt tempérées. Dans la vallée, c’est l’été, le printemps dans les moyennes montagnes, l’automne lumineux règne pied des contreforts, au sommet de la montagne, Le gel, la pluie et la neige ne permettent plus de distinguer le printemps, l’été, l’automne et l’hiver le vent..

  C’est une montagne à 4 saisons, un endroit propice à la prospérité de nombreuses espèces animales rares. Plus de 1 050 espèces d’animaux divers vivent ici, dont 70 (singes dorés, ours blancs, antilopes de Sumatra, salamandres géantes, grues blanches, aigles royaux….) bénéficient d’une protection nationale. La faune il est vrai présente là-bas quelques curiosités.

Une faune étonnante

  En tant qu’espèce rare et unique, ce n’est que dans les années 1880 que le singe doré, ce trésor national de la Chine a été reconnu par la communauté animale internationale. Ils sont répartis dans les zones montagneuses profondes du Shaanxi, du Sichuan, du Guizhou et d’autres provinces du centre de la Chine. Quant à savoir si les singes dorés existent à Shennongjia, il y a eu un débat entre experts et universitaires qui a duré plus de 20 ans.

Singe doré, Rhinopithecus roxellana

 

Il y a une particularité assez remarquable à Shennongjia, c’est le nombre fantastique d’espèces animales albinos.

D’ailleurs, il existe là-bas une variété d’ ours blancs dont au moins 10 spécimens ont été exposés dans des zoos de Wuhan, Pékin, Shanghai et ailleurs. L’ours blanc adulte de Shennongjia, qui n ‘est pas un ours polaire,  il mesure environ 1,75 mètre de long, environ 0,8 mètre de haut à l’épaule et pèse environ 200 kilogrammes. Il mange des plantes comme aliment de base et aime manger des pousses de bambou, du maïs et des fruits. De nombreux chercheurs chinois pensent que l’ours blanc de Shennongjia est étroitement lié au panda géant, trésor national, en termes de classification, et qu’il constitue une espèce d’ours indépendante de la famille des Ursidae.

La présence de cet ours, comme celle du Panda géant, peut constituer une indication de la présence de sauvages.

Au début de la période glaciaire du Quaternaire, il y a 2 millions d’années, la faune « panda géant-gigantopithèque-stegodon » existait largement dans le sud de la Chine et le nord du Vietnam, tout au long du Pléistocène moyen. On pense que ces espèces ont disparu il y a plus de cent mille ans.

La glaciation a tout tout modifié et précipité la disparition de nombreuses espèces certaines ont disparu, d’autres ont migré. Mais certains autres ont survécu comme les volumineux pandas géants pendant des millions d’années, en dignes « fossiles vivants ». Des descendants du Gigantopithèque ont-ils suivi la même voie ? (Il faut avoir en tête qu’à partir de 500 000/ 800 000 ans, plus aucun fossile de Gigantopithèque n’a été mis au jour, pour l ‘instant).

Shennongjia, le fief du Yeren

Pour résumer :  il y a eu une fièvre de l’homme sauvage à Shennongjia dans les années 1970 avec des centaines de témoignages répertoriés, et des expéditions de recherches officielles lancées. Tout cela s’est poursuivi dans les années 1980, pour aboutir à la conclusion apportée par Zhou Guoxing, un scientifique expert qui a passé une bonne partie de sa vie à percer ce mystère. D’après lui, il n’y avait aucun homme sauvage dans ces montagnes. Il avait bien scrupuleusement remonté toutes les pistes, analysé tous les échantillons, rien, il n’y a rien qui puisse permettre d’envisager la présence d’un grand primate inconnu. Il explique tout cela lui-même dans cet article.

Zhou Guoxing est paléoanthropologue, ancien directeur adjoint du muséum d’histoire naturelle de Pékin

Un épisode lui a laissé un gout particulièrement amer : Zhou Guoxing a envoyé un jour un échantillon de poils roux suspects aux USA pour une analyse ADN. D’après le laboratoire américain, ces cheveux étaient des cheveux européens, mais teints. Des cheveux colorés, de personnes de race blanche. Était-ce une supercherie, tout ce tapage autour du Yeren n’était qu’une farce montée par des escrocs ?

En conséquence, le 14 décembre 1998, les autorités chinoises ont officiellement annoncé qu’il n’y avait aucun homme sauvage à Shennongjia. Une information confirmée en 1999 par l’Association chinoise pour la conservation de la faune lors d’un colloque pluridisciplinaire voulant clore définitivement le débat. En quelque sorte l’acte de décès officiel du Yeren, alors tout le monde a dû se rendre à l’évidence

Tout le monde, sauf les sauvages qui n’avaient sûrement pas reçu l’information. Ils ont continué leur jeu préféré, le cache-cache avec les enquêteurs.

La fièvre du Yeren dans les années 1970

D’abord il y avait eu des précédents, dans les années 1940, Zhou Xingding a vu les empreintes de sauvages sur la montagne Laojun. 

Puis dans les années 1970, Mao Rizhao, alors capitaine de production, a spontanément organisé des villageois pour fouiller les montagnes afin de tenter de capturer des sauvages vivants. Il avait un jour été témoin d’un tel animal.

À cette époque en 1974, Li Jian était fonctionnaire dans le district de Yunyang, et il a signalé au comité central, une curieuse histoire : un homme sauvage à la fourrure blanche serait descendu de sa montagne, décrit comme approchant les villageois les bras tendus, comme pour faire un câlin.

Une étreinte peut-être pas si douce, puisqu’un homme nommé Yin Hongfa s’est empoigné avec l’homme sauvage et lui a arraché quelques poils.

Yin Hongfa a déclaré : « Sa forme est la même que celle d’un être humain. Ses yeux sont juste un peu plus saillants. Au niveau de sa forme il n’y a pas d’autre différence. » Dans les montagnes de Shennongjia, on dit que les cheveux des sauvages peuvent guérir les maladies, c’est pourquoi les cheveux que Yin Hongfa a arrachés aux sauvages ont été collectés par les gens. Cependant, au cours d’enquêtes ultérieures, il a été découvert que les poils dits sauvages n’étaient en réalité rien de plus que les poils de chèvres serow….

Puis, un an ou deux plus tard, Li Jian a mentionné un autre incident, impliquant des gardes forestiers de Shennongjia qui circulaient en Jeep dans la zone forestière. Il semble que le groupe soit tombé nez à nez avec une créature qui s’est retrouvée coincée entre leur véhicule et la pente de la montagne, ce qui a résulté d’un face a face de quelques minutes qui a permis aux témoins d ‘avoir un bon aperçu de l’hominoïde. 30 ans après le souvenir est encore vif. Voici leurs témoignages,

  Cai Xianzhi : Je me suis approché d’elle et elle avait peur, elle paraissait affolée. De ce côté de la montagne elle ne pouvait pas s’échapper c’était comme une impasse, je n’ai pas bougé tout a duré quelques minutes. Il y a des poils sur le visage, mais ils sont très clairs. Les cheveux sont relativement longs et il n’y a pas de queue. Parce qu’il s’est retourné et a couru quelques pas en avant, ses fesses étaient sorties et la lumière brillait dessus. Il était clair qu’il n’y avait pas de queue, pas de queue du tout. Aucune. Les cuisses sont épaisses, et les bras sont épais aussi.

  She Chuanqin : Nous pouvons clairement voir les poils sur l’abdomen. Ils sont vraiment si longs et pendent. Les pommettes sont hautes, les yeux sont ronds et la bouche et le visage sont plus longs et plus beaux que ceux d’un orang-outan. Il a des hanches et un derrière, presque comme un être humain.

  Chen Liansheng : Il est couvert de poils roux et sa couleur est rouge vif. Ses yeux ne reflètent pas la lumière comme les animaux ordinaires et leurs yeux sont plus proches des yeux humains. Le visage est comme un âne et les oreilles sont dressées. Il est droit, très grand, plus grand que les gens ordinaires comme nous, mesurant près de deux mètres.  

( La mention de la tête d’âne est interessante, car il pourrait exister un autre cryptide à Shennongjia, un canidé à tête d’âne.)

Selon la description du professeur sauvage, Liu Minzhuang, les Yeren sont bipèdes, couverts de fourrure, ont les cheveux longs et ils savent sourire. Leurs visages ressemblent à la fois humains et simiesques, leurs mains atteignent les genoux, avec de longs doigts et des pouces fourchus. Les poils du corps peuvent être brun-rouge, rouge vif, jaune-brun, brun chanvre, gris chiné ou même blanc. Plus précisément, ses yeux sont vers l’avant, ses oreilles sont de côté, son nez est légèrement plus haut que le nez humain, ses doigts sont longs et son pouce est séparé des quatre autres doigts, il n’a pas de queue, ses fesses sont grosses et ses poils du visage sont fins et courts, ses arcades sourcilières proéminentes et sa bouche saillante. Les sauvages de Shennongjia ont des caractéristiques de primates et sont différents des singes et des orangs-outans, mais ils sont plus primitifs que les humain.

Yeren 1982

Le 15 juin 1976, Huang Wanbo dirige une équipe d’enquête dans la mystérieuse région montagneuse de l’ouest du Hubei, et commence à relever les témoignages et prendre des photographies.  Mais des nouvelles arrivent du comté de Fang, province du Hubei, adjacent à Shennongjia, selon lesquelles Gong Yulan, une femme de la commune a aperçu un homme sauvage sur un pont. L’équipe d’enquête s’est immédiatement précipitée sur les lieux et a trouvé des dizaines de poils sur un tronc d’arbre dont l’ écorce a été griffée..

Huang Wanbo a comparé les cheveux collectés avec ceux d’humains, d’ours bruns, d’orangs-outans, de singes dorés et de macaques, et a invité des experts concernés du ministère de la Sécurité publique et de l’Union Medical College à étudier conjointement, et ils sont rapidement arrivés à la conclusion qu’il devait s’agir d’un primate avancé proche des humains et des orangs-outans.

Les poils recueillis après le témoignage de Gong Yulan.

Les cheveux collectés sur place et identifiés et étudiés par le géologue Huang Wanbo, ont fourni des informations importantes.

Il y a en fait deux catégories :

1) De poils fins, légèrement courbés, doux en texture, de couleur noire, avec des tiges capillaires cylindriques et quelques pointes jaunes. Ils mesurent généralement environ 50 mm de long, les plus longs pouvant atteindre 200 mm. En apparence, ils ressemblent beaucoup à des cheveux humains. .

2) Mais il existe aussi un type de duvet, doux, semblable à un cordon, gris clair, mesurant généralement 30 à 40 mm de long, le plus long ne dépassant pas 60 mm. Il y a un sous-velours à la racine des cheveux fins, ce qui n’est pas une caractéristique des cheveux humains. De plus, des agrandissements et des coupes de tissus ont été réalisés, et des études comparatives ont été menées avec l’ours brun, l’ours noir, le singe doré, la civette et les cheveux humains. Il a été observé que le poil de ces étranges animaux est relativement proche de celui des primates. L’identification préliminaire a au moins nié que ce que Gong Yulan avait vu était un ours..

La bataille de Shennongjia

Ces résultats poussent en 1977, l’Académie chinoise des sciences et le Comité provincial du Hubei du Parti communiste chinois à mettre sur pied  « l’équipe d’expédition scientifique sur les animaux exotiques du nord-ouest du Hubei ». Animaux étranges, ou exotiques c’est le terme qui sera employé ensuite pour désigner officiellement les hommes sauvage.

 Les 110 membres de l’équipe d’expédition sont des scientifiques de 16 collèges et universités, des unités de recherche scientifique des muséums naturels et des zoos de tout le pays, ainsi que du personnel scientifique et technologique du district forestier de Shennongjia, des cadres locaux et des chasseurs expérimentés. Par le nombre de participants, par le nombre d’institutions scientifiques et officielles impliquées, par la durée de l’expédition  ( plusieurs années) et son périmètre d’action, il s’agit de l’entreprise de recherche de l ‘hommes sauvage la plus sérieuse qui n’ait jamais existé.

Photo de groupe Zhou Guoxing est le second en partant de la droite

Tellement sérieuse cette expédition, qu’elle fut menée comme une bataille militaire. Il faut prendre conscience à quel point les autorités chinoises utilisent, ouvertement et publiquement, de grands moyens lorsqu’elles estiment qu’il y a une chance de capturer un homme sauvage. Jugez par vous-même :

  Avant le départ, dix jours d’entrainement dans le comté de Fang, apprentissage de l’utilisation de pistolets d’anesthésie, à se comporter avec des sauvages ( !) et à d’autres problèmes. 

Photo de groupe prise pendant une réunion publique avant une expédition

A l’issue du stage de formation, l’équipe a tenu une réunion publique pour annoncer les buts de recherche. Il était impossible de cacher la lourdeur de l’ organisation car cette fois-ci l’armée populaire de Libération chinoise était à l’œuvre. En effet, 56 éclaireurs ont été dépêchés pour participer à l’expédition, l’armée a fourni des véhicules, des armes et des radios.  une gestion militarisée stricte a été mise en place et a établi un groupe pour le commandement, un groupe de travail politique ( !), un groupe pour le recueil des données et un groupe pour la logistique. Le commandant général était Wang Gaosheng, commandant adjoint de division d’une certaine unité de la région militaire de Wuhan, et Huang Wanbo, Yuan Zhenxin et d’autres savants de l’Académie chinoise des sciences avaient le rang de commandants adjoints, ont reçu un pistolet et ont été escortés par des soldats lorsqu’ils sortaient. Un tel traitement a surpris ces scientifiques qui n’y étaient pas habitués.

  En mars 1977, la première bataille de l’expédition scientifique commence.  Shennongjia et ses environs sont divisés en quatre zones d’inspection à explorer une par une. Le personnel d’inspection était divisé en dix groupes  et deux détachements volants. La principale méthode d’inspection est « s’asseoir et attendre, observation statique généralement situées en haute montagne, à plus de 2 000 mètres d’altitude. Quelqu’un a suggéré que les animaux des montagnes sont sensibles à l’odeur corporelle des étrangers. C’est pourquoi l’équipe de l’expédition a proposé aux intellectuels des grandes villes de porter des vêtements de leur ville natale, de ne pas utiliser de dentifrice ni de brosses à dents, de ne pas fumer de cigarettes et de fumer le cigarettes locales de la ville natale et porter des chaussettes en tissu et des sandales en paille.

Wang Shancai en pleine surveillance. Il y avait une recommandation de taille :  il s’agissait de capturer un spécimen vivant.

Les équipes volantes ont du pénétrer au plus profond des forêts vierges pour vérifier s’il existe des conditions environnementales permettant à des groupes de sauvages de vivre et de se reproduire dans des zones inaccessibles. Mais la capture est bien le but recherché : détecter, suivre, capturer : voilà le protocole prévu.

  Au bout de quelques mois, sans résultat tangible, l’excitation du début est retombée. Et le doute s’est installé : Y a-t-il vraiment des sauvages à Shennongjiia ? Après cette défaite initiale, l’expédition décide de livrer une deuxième bataille en août 1977. La tactique a changé : terminé l’inspection par zones, mais plutôt des vérifications ciblées, et mutilplier les patrouilles, grâce au personnel nombreux de l’expéditions. Le but est de relever toutes les traces d’activités étranges, faire un suivi des observations, organiser des battues, dans le but d’obtenir des preuves direct, à défaut de spécimen.

Bientôt Yuan Zhenxin découvre des traces de sauvages dans la zone du temple Bajiao, le commandant adjoint Wang Gaosheng,  pris une décision rapide et a décidé de mobiliser ses forces dans une bataille ultime pour capturer vivant cet étrange animal d’un seul coup. À ce moment, de nouvelles informations arrivent montrant que Yuan Zhenxin est parvenu à suivre les traces du sauvage.  Le quartier général de l’expédition est alors temporairement déplacé au temple Bajiao, et le gouvernement du district forestier de Shennongjia mobilise des miliciens, des guides et des chasseurs pendant la nuit pour aider l’équipe d’expédition dans sa chasse.

  Le 3 septembre, plus de 100 personnes s’étaient rassemblées et cinq équipes d’enquête ont été mises en place le long des crêtes et des cols de montagne en dehors de la zone de découverte, et elles se sont relayées pour garder les pistes importantes pour les animaux, jour et nuit. Dans la zone centrale, deux groupes d’inspection dirigés par Yuan Zhenxin continuent la recherche d’une manière dynamique.

  Le 4 septembre, les deux détachements arrivés en toute hâte ont été divisés en plusieurs groupes et ont choisi des emplacements pour tendre une embuscade dans les endroits cachés environnants. Des jeeps ont commencé à patrouiller sur l’autoroute. Le quartier général du commandement a ordonné qu’une fois qu’un sauvage est aperçu, des coups de feu soient tirés en l’air. Dès qu’ils entendront le bruit des coups de feu, tous les groupes en embuscade se rassembleront à l’endroit où le coup de feu a été tiré. Une fois qu’un sauvage aura été capturé, ligoté, il sera mis dans une jeep et livré au quartier général. ( un peu léger, il eut fallu prévoir un camion avec une cage imposante !)

Tous les membres de l’équipe d’expédition prennent position et se préparent à l’action, l’excitation est à son comble. Mais à ce moment-là, le sauvage qui avait été suivi s’est évanoui dans la nature. Les membres de l’équipe de l’expédition ne se sont pas découragés et ont continué à attendre cachés.

potentielle tanière de sauvage

  « Bang » Au petit matin du troisième jour, un coup de feu a brisé le silence de la forêt de montagne. Le signal de bataille tant attendu retentit enfin ! Tout le monde a sauté hors de sa cachette et a couru vers la direction des coups de feu en criant « attrapez les sauvages ». Mais lorsqu’ils parviennent au le lieu du coup de feu, les chercheurs découvre non pas un homme sauvage mais un pauvre soldat blessé. Il s’était endormi et avait malencontreusement appuyé sur la détente de sa mitraillette, se logeant une balle dans le pied. Tout un symbole, en même temps il avait précipité l’échec de toute cette entreprise de capture d’un homme sauvage.   Après le coup de feu et le fracas qui a suivi, il n’y avait pas d’autre alternative que de se rendre à l’évidence :  il fallait plier bagages, Le sauvage de Shennongjia avait gagné la guerre.

Tout de même, l’’enquête a révélé qu’à Shennongjia et dans ses zones adjacentes seulement, plus de 160 personnes ont aperçu des sauvages lors de 54 rencontres, 62 sauvages ont été décrits,  et  des centaines de poils collectés et des empreintes d’homme sauvages. Des excréments, et différents nids et «  trous de couchage » ont été suspectés de lui appartenir.

« Scalp » trouvé par le professeur sauvage chez un fermier

Le regretté Liu Minzhuang a compté plus de 300 témoins, et quelques échantillons de poils sauvages ont été identifiés, sur une récolte de plus 3 000 cheveux ! Yang Qingen, professeur au département de médecine légale du Wuhan Tongji Medical College, a été chargé de procéder à l’identification.

8 échantillons de poils ont été suspectés de provenir du Yeren. Les principales caractéristiques des cheveux « sauvages »; c’est qu’ils sont proches des humains modernes alors que les animaux et les primates avancés ont des formes nettement différentess. Ces photos ont été sélectionnées parmi des centaines de photos qu’il a prises au microscope électronique.

L’identification des empreintes et des cheveux en 1981 prouve en outre que l’identification des cheveux effectuée par l’Académie chinoise des sciences, le ministère de la Sécurité publique et le professeur Huang Wanbo en 1976 est crédible et peut être reproduite à plusieurs reprises.

Quelques exemples de ces nombreux échantillons de poils recueillis aux fils des expéditions. Il faut savoir que le simple fait de les toucher rend une analyse génétique de ces poils impossible. Pour éviter au maximum la contamination humaine il faut utiliser des outils les plus stériles possible pour les manipulations, et conserver les échantillons dans un récipient stérile et les donner le plus rapidement possible au labo. Et toujours exiger une analyse morphologique avant l ‘analyse génétique, pour déterminer si l’analyse génétique est vraiment nécessaire

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Ici une analyse morphologique de poils de primates inconnus recueillis à Shennongjia.. Ils semblent très proches de poils humains.

Après analyse morphologique, les poils n’appartiennent pas à des ours ou à d’autres animaux connus dans la région, ce qui fournit une preuve préliminaire qu’un grand primate, situé entre les humains modernes et les singes modernes est possible. Ils sont très rares, mais les poils de primates non identifiés existent bel et bien ! (Nous avions déjà montré un échantillon provenant de Sumatra.)

Ici un autre exemple de poil de primate inconnu à gauche, comparé à un poil humain à droite, suspecté de provenir du yeren, collecté en 2003 à Shennongjia et analysés par Zhang We professeur à l’École des ressources en faune sauvage de l’Université forestière du Nord-Est.

Voilà pour les poils, maintenant les empreintes

Wang Benyou, directeur du bureau de gestion des reliques culturelles du district forestier de Shennongjia : « A gauche, c’est l’empreinte d’un adulte. C’est l’empreinte de Liu Minzhuang, ( le professeur sauvage) membre de l’équipe d’expédition sur le terrain à l’époque, la disparité est trop grande, l’empreinte de sauvage mesure 48cm  de longueur.

Ce moulage d’empreinte serait conservé bureau de gestion des reliques culturelles du district forestier de Shennongjia.

  

Huang Wanbo, célèbre paléoanthropologue découvreur du plus vieil humain en Asie, l’homme du Wushan a déclaré que cette empreinte était proche de l’humain.

  

Zheng Daoli, directeur de la Division des enquêtes criminelles du Bureau de la sécurité publique de Wuhan, est également le secrétaire général adjoint de la société de recherche des animaux rares. Il est diplômé du Collège de police criminelle de Chine avec une spécialisation en inspection des traces et est un expert bien connu en matière d’inspection des traces dans la province du Hubei. « Cette empreinte est très grande, mais chaque partie est proportionnelle. Après l’avoir vue, j’ai douté qu’elle ait été fabriquée artificiellement. Plus tard, grâce à mes mesures et calculs, j’ai vu que c’était impossible, complètement impossible. Ses proportions étaient si harmonieuses. Plus tard, au cours de l’étude je l’ai réduite et, une fois de petite taille, il était clair alors, qu’elle était exactement la même que celle des individus modernes. »

 Au terme de son analyse des empreintes, Zheng Daoli a affirmé :  D’après cette empreinte, tellement symétrique et cohérente, ce primate inconnu que nous appelons généralement un sauvage, existe réellement, ces empreintes sont réelles, et mon opinion l’est aussi ! »

Le retour effectué par le yeren en 2003 a aussi laissé des empreintes sur son passage

Zheng Daoli : Pour une empreinte aussi grande, sa hauteur doit être d’au moins deux mètres selon notre jugement normal actuel. A en juger par ses cinq orteils, il n’a rien pour s’enrouler autour de lui, ce qui lui permet de s’allonger, et l’avant-pied est particulièrement large, surtout les cinq orteils, sa largeur atteint 18 centimètres, et toute la puissance réside dans l’avant-pied et Les orteils, et les orteils ont tous des signes de cueillette, et la force est très lourde. Alors il marche avec force.

Des échantillons d’excréments, de nids, de résidus alimentaires et d’autres échantillons ont également été trouvés dans les zones d’activité « sauvages ». Selon l’observation de Yuan Zhenxin, les selles se présentent sous la forme de tubes et de bandes, de section circulaire, d’un diamètre de 2 à 2,5 cm et d’un poids estimé à environ 500 grammes. Les résidus alimentaires étaient fins et constitués de fibres provenant de racines, de tiges et de feuilles de plantes, de fragments de petites écorces et d’un grand nombre de petites coquilles d’insectes. Il est probable que ces deux excréments aient été laissés par d’étranges animaux.

En plus, accidentellement, l’existence de singes dorés à Shennongjia a été confirmée, grâce à la veste en peau de singe doré portée par un cadre local du parti. La présence du singe doré à Shennongjiia est officielle depuis 1986.

Au fil du temps, certaines personnes ont progressivement abandonné les recherches, tandis que d’autres ont persisté. L’Académie chinoise des sciences a organisé deux autres inspections scientifiques à grande échelle, en fait, les expéditions officielles et privées n’ont jamais cessé, la dernière en date eut lieu en 2010. 

Dans cet article Li Guoha raconte ses expériences de recherches

Mais voilà, les Chinois ont un problème un peu particulier. Parce qu’ils ont, au gré des expéditions, récolté des échantillons en grand nombre, et ils ont cru que la capture d’un spécimen devrait suivre, logiquement, fatalement et rapidement. Ce serait vrai pour n ‘importe quel animal, mais pas pour un homme sauvage dont la survie même est conditionnée à son invisibilité. Donc, contre toute attente, les enquêteurs n ‘ont jamais pu identifier, décrire, montrer les créatures qui laissaient ces empreintes et ces poils; et qui interagissaient avec la population locale.

Ils n ‘ont capturé aucun sauvage, ils n ‘ont rapporté aucune photo de yeren. Même floue.

Feng Zuojian, chercheur à l’Institut de zoologie qui a participé à trois expéditions scientifiques de l’Académie chinoise des sciences, estime que si ces animaux se déplacent beaucoup dans une même zone, alors aurait du être possible de leur tendre une embuscade. Comme les expéditions scientifiques massives n’y sont pas parvenu, et plusieurs poils « sauvages » ont été identifiés comme « faux », peut être que, conclu le chercheur, il n’y a pas de « sauvages » à Shennongjia. L’incapacité des expéditions à rapporter un homme sauvage dans ses filets, a plaidé contre lui, et donc logiquement, la communauté scientifique chinoise ne reconnaît pas son existence officielle. La zone forestière de Shennongjia, couvre environ 3000km, et se réduit sous la pression de la déforestation et du tourisme, et pour certains cela n ‘est pas suffisant pour une population viable de primates. Paradoxalement, l’exemple du Panda Géant est assez instructif. L’espèce ne compte que quelques centaines d’individus mais elle a su limiter l ‘isolement génétique en vivant car séparés les uns des autres par de longues distances.

Zhou Guoxing avait il raison lorsqu’il déclarait que toutes les observations sont des erreurs, des méprises, ou des canulars ? Que la plupart des témoins oculaires ne pouvaient même pas s’entendre sur la description de la créature qu’ils ont vue ?

Il est temps de se pencher sur le passé, existe t-il mentions d’un mystérieux animal humanoïde dans les vastes classiques chinois anciens ? Il semble que oui.

Dessin d’un Xingxing du Sancai Tuhui-Publié en 1609

Dans le Livre des Montagnes et des Mers, par exemple : Xianyang est un être humain avec un visage humain, de longues lèvres, un corps noir avec des cheveux et des talons retournés. Il sourit quand il voit les autres.

Dans le folklore chinois, il y a plusieurs autres êtres velus ressemblant à des humains qui se rapprochent du concept d’ homme sauvage, nous apprend cet article. Les traditions orales sur ces créatures remontent à plus de deux milles ans, et l’homme sauvage chinois est également mentionné dans la littérature ancienne. (Ces sources ont été compilé par Yuan Zhenxin et Huang Wanpo en 1981).  

Peut-être que la première mention d’un monstre ressemblant à un humain apparaît dans un poème (Jiu Ge, 9) de Qu Yuan (340-278 avant notre ère) qui décrit un shan gui (山鬼), un « fantôme de la montagne comme un homme… portant une feuille de vigne »Un commentaire de la dynastie Qing sur ce poème (non daté, mais datant probablement du XVIIIe siècle) ajoute une note explicative : « les fantômes des collines peuvent généralement être inclus comme une sorte de kui , mot qui signifie ressemblant à un homme. Il a été avancé que Qu Yuan dans son poème décrit une créature semblable à un homme qui porte des feuilles de vigne comme vêtement.

L’ancien caractère chinois pour le babouin est [trois chiffres plus petits en haut et un 禺 en bas], ce qui signifie qu’il ressemble à un être humain avec ses cheveux étalés et qu’il peut manger les gens rapidement. Il s’agit d’un type de fantôme légendaire, différent des animaux. Plus sur le lien entre le babouin mythologique chinois et l ‘homme sauvage ici.

Cette interprétation est cependant contestée par les chercheurs qui affirment que le monstre est un démon ou ogre. Si Qu Yuan est écarté, la première source à mentionner les hommes sauvages est Shan Hai Jing (compilé entre le IVe et le Ier siècle avant notre ère), qui décrit des « peuples poilus » lointains (maomin). Yi Zhou Shu (IVe siècle avant notre ère) et un dictionnaire chinois, Erya (IIIe siècle avant notre ère), font référence à une  créature poilue d’apparence humaine nommée feifei (狒狒, généralement traduit par « babouin »). Le dictionnaire donne cette définition ;  « Feifei ressemble à l’homme; il a les cheveux longs qui lui descendent dans le dos, court vite et dévore les gens. »

Un autre type d’homme sauvage mentionné dans Erya est xingxing (猩猩, généralement traduit par « orang-outan »). Au deuxième siècle l’édition annotée de Huainanzi (139 avant notre ère) par Gao Yu décrit le xingxing comme ayant un visage humain mais le « corps d’une bête ». Le nombre de sources littéraires faisant référence à l’homme sauvage a augmenté au cours de la Époque de la dynastie Tang (618-907), par exemple, Li Yanshou dans Nan Shi (Histoire des royaumes du Sud, vers 650) a écrit à propos d’un groupe de maoren (« hommes poilus ») qui ont escaladé un mur d’enceinte de la ville. Duan Chengshi dans son Youyang Zazu (un recueil de légendes, 853), décrit le feifei comme suit : Si vous buvez le sang du feifei, vous pourrez voir des fantômes. C’est si fort qu’il peut porter mille chats… sa lèvre supérieure couvre toujours sa tête. Sa forme est comme celui d’un singe. Il utilise la parole humaine, mais cela ressemble à un oiseau. Il peut prédire la vie et la mort. Son sang peut teindre des choses en violet foncé et ses cheveux peuvent être utilisés pour fabriquer des perruques. La légende raconte que ses talons sont tournés vers l’arrière… les chasseurs disent qu’il n’a pas de genoux.

Une illustration de shōjō du Wakan Sansai Zue de 1712

La présence avérée, et massive de références à un homme singe, à un véritable grand primate sauvage dans le foklore réduit en théorie à néant l ‘hypothèse selon laquelle les hommes sauvages sont le résultat d’erreurs d’identifications. En quelque sorte, une vision sceptique contemporaine entend associer les mythiques xingxing, ou feifei aux orang outangs et autres gibbons. Cela contredit totalement les écrits anciens.

Concernant le sauvage de Shennongjia, les premières observations de remontent au XVIe siècle : Fangxianzhi, un journal local de Fangxian mentionne pour la première fois le yeren en 1555. Durant la dynastie Qing (1644-1912), Fangxianzhi publia un article qui disait qu’un groupe de grottes étaient habitées par des Yeren dans les montagnes de Fangxian (à environ 90 km au nord de Shennongjia); on disait que ces mystérieux hommes sauvages mangeaient des poulets et des chiens domestiques. Zhou Guoxing souligne que les histoires de monstres velus de Shennongjia et Fangxian remontent à la plus ancienne histoire enregistrée.

Qoui qu’il en soit, les témoignages sont tellement nombreux, avant et après la déclaration de la non existence du yeren, qu’il serait fastidieux de vouloir en rendre compte. Mais nous allons tout de même nous concentrer sur un cas emblèmatique.

Un après-midi d’avril 1995, sur cette montagne appelée Tangjiapo, la fermière Chen Anju, qui coupait de l’amarante, a accidentellement levé les yeux et a soudainement découvert un animal étrange qu’elle n’avait jamais vu auparavant. « Je l’ai observé depuis cette haute pente, où il mangeait des fruits. Il me tournait le dos. Il n’était pas petit et aurait pu abattre l’arbre. « C’est un sauvage ».  » Six mois seulement après que Chen Anju ait rencontré un animal inconnu, Zhao Tan, institutrice de 75 ans, a également rencontré un étrange animal humanoïde en rentrant chez elle. « Cheveux longs, noirs, tombant sur les épaules, pas de poils sur le visage, pas d’oreilles visibles »    « Ça ne peut être qu’un sauvage »

Banggu est une sorte de cri, de chant puissant c’est une des traditions dans  le district montagneux de Shennongjia. Comme une sorte de yodle en quelque sorte. Chaque fois que les récoltes sont mûres, les locaux se servent du Banggu  pour chasser les animaux sauvages qui mangent les récoltes. non seulement les animaux sauvages, mais aussi les « sauvages » qui descendent souvent de la montagne pour voler du maïs. 

Le 23 septembre 1999, plus de 30 pieds de maïs plantés par le fermier Wang Lianlu ont été mangés pendant la nuit par des créatures inconnues que les locaux nomment homme-ours. Les caractéristiques du maïs récupéré sur les lieux montrent qu’il n’a été mangé ni par les sangliers, les chiens, les ours et les singes.

Celui qui a mangé les épi du cultivateur Wang LianLu  se tenait debout et marchait comme un être humain. Il mangeait les épis de manière régulière, les cassait et les ouvrait. Contrairement au sanglier qui mâche même les feuilles extérieures, il les déchirait de manière soignée, et détachait les grains.

En octobre 1999, Yuan Zhenxin, le professeur de l’Institut de paléontologie et de paléoanthropologie des vertébrés de l’Académie chinoise des sciences, Wang Fangchen et d’autres membres du Comité spécialisé pour l’exploration et la recherche  d’animaux exotiques et rares se rendent sur les lieux. Il a été constaté que plus de trente épis de maïs avaient été cassés, mais aucune tige de maïs n’était renversée ou brisés. Les épis de maïs mangés étaient aussi propres que ceux mangés par les humains.

Epis crus qui auraient été proprement rongés par le sauvage

L’endroit où le sauvage se serait assis et où il aurait dégusté placidement els épis environnants.. Seul l ‘épi é été retiré, la tige n ‘est pas brisée.

À en juger par les déchets laissés dans le champ de maïs, la créature qui a mangé le maïs a cassé le maïs et a pelé la peau avec ses mains. Il pouvait détacher l’épi de la tige de maïs et donc mesurait au moins 1 mètre 80.

Cet épisode peut paraître banal, mais pour notre homme sauvage chinois c’est un pas important. Il a été constaté de manière scientifique et professionnelle, que seul un primate inconnu avait pu manger ce maïs. ( l’être humain de mange pas les grains crus).

C’est une preuve, donc il devrait être possible, sur la foi de ce type de constatation effectuée dans les règles de l’art, et donc sans posséder un spécimen au préalable, de débuter un programme de validation scientifique qui au bout d’un certain temps, à mesure que d’autres preuves autoscopiques seront récoltées, va aboutir à la capture d’un holotype. La capture de spécimen ne peut être que l’aboutissement d’un processus massif, long et difficile. C’est la fin de l’histoire et non le début.

Revenons à nos épis de maïs. En Chine, après un tel épisode que se passe-t-il généralement ?

En janvier 2000, juste après les premières chutes de neige du nouveau millénaire, une équipe d’expédition scientifique se lance à nouveau dans un périple dans la région forestière de Shennongjiia. En 2003 une observation collective sur le bord d’une route déclenche de nouvelles vocations, une expédition privée est menée en 2010, dirigée par Wang Shancai, chercheur de 75 ans à l’Institut provincial des reliques culturelles et d’archéologie du Hubei et anthropologue archéologique. Il avait fait partie de la « bataille » Shennongjia en 1977. Pour lui, il s’agissait de clore à ce débat de qui dure trop longtemps.

Et qui va manifestement perdurer puisque cette expédition comme les autres, n’a rapporté, aucun « sauvage » vivant, les « fantômes» de Shennongjia restent un mystère.

Lieu d’une observation collective survenue en 2003.

Une attraction touristique

En attendant, Shennongjia est pour le meilleur et pour le pire la capitale mondiale de l ‘homme sauvage. Jugez vous-même, c’est un véritable parc d’attraction que les autorités scientifiques et provinciales ont installé sur les terres du Yeren.

Bon il faut le reconnaître, même si elles sont très expressives et assez fantaisistes, les attractions sur le yeren restent relativement sages, et présentées de façon plutôt rationnelle accompagnées par des cours de science. Il y a quelques musées (gratuits avec l’entrée au parc naturel), dont un proposant une grotte « hantée, un labyrinthe, rempli d’hommes sauvages qui se cachent et de haut-parleurs émettant des cris bestiaux. Pour un petit supplément, on peut poser avec un homme en costume yeren .

L’autrice de cet article a pu converser avec un yeren

Les deux Yetis de Mêdog

Et oui la Chine, c’est aussi le Tibet depuis 1949, et qui dit Himalaya, dit…Yéti ?

Dans la partie sud-est du plateau Qinghai-Tibet, au pied sud de l’extrémité orientale de l’Himalaya, se trouve une perle verte incrustée, c’est Mêdog, le comté le plus reculé du sud-est du Tibet. Il est appelé « Boyu Baima Gang » dans les écritures bouddhistes tibétaines, ce qui signifie « lotus caché ». c’est le lieu de naissance du maître bouddhiste Nyingma Dudjom Rinpoché.

En 1950, un tremblement de terre majeur mesurant 8,5 sur l’échelle de Richter s’est produit à Mëdog.

Le comté de Medog /Metok est situé au sud-est du Tibet et sur le bras inférieur du fleuve Yarlung Tsangpo( Brahmapoutre). Il couvre une superficie de 30 553 km2 (11 797 milles carrés). L’altitude moyenne est de 1 200 m (3 900 pieds) au-dessus du niveau de la mer.

Dans la section fluviale inhabitée centrale de plus de 20 kilomètres du Grand Canyon, il y a quatre grands groupes de cascades dont certaines ont des hauteurs de 30 à 35 mètres. 

Après avoir coulé vers l’est sur environ 1 700 kilomètres depuis son origine, le fleuve Brahmapoutre est bloqué par l’Himalaya dans la ville de Pai, Après avoir reçu le Parlong Zangbo, un affluent de la rive nord, il quitte les montagnes du village de Basika dans le comté de Mêdog et se jette dans la plaine de la vallée de l’Assam. Le Grand Canyon de Yarlung Zangbo  mesure 504,6 kilomètres de long et a une profondeur maximale de 6 009 mètres. . Le fleuve présente un coude unique en forme de fer à cheval entourant le pic Namjagbarwa à l’extrémité orientale de l’Himalaya. Il traverse les hautes montagnes de l’Himalaya et traverse les pentes abruptes du sud-est du plateau Qinghai-Tibet en un « V » continu.

De nombreuses légende circulent sur le Grand Canyon du Brahmapoutre. Par exemple, certaines de ses fameuses cascades semblent changer régulièrement de place, comme celle surnommée Rainbow falls. Il y a une forêt d’ifs sauvages découverte récemment, ce qui est extrêmement rare, des arbres géants, des insectes censés avoir disparu depuis longtemps.

Medog est lui aussi un « Musée des animaux et des plantes » de Chine, et contient probablement des sources de nourriture abondante. De nombreux fruits comestibles poussent dans les forêts vierges locales. Mêdog possède également un terrain difficile d’accès pour la population qui offre de nombreuses cachettes.

Mêdog possède également l ‘abrie le plus grand de Chine ( 80m de hauteur).

Exemples de la faune locale, dont le tigre du Bengale, le langur à longue queue.

Le Grand Canyon est la patrie des peuples Lhoba et Monba que plus grand chose, à part quelques coutumes, ne distinguent des autres Tibétains de l ‘ethnie majoritaire Zang. En ce qui concerne leurs origines, certaines personnes disent qu’ils viennent de la région de Bomi, à l’extérieur du canyon. Une rumeur encore plus ancienne est que leur histoire remonte à l’époque de l ‘habitat troglodyte. Quoi qu’il en soit le peuple Monba est enraciné sur cette terre depuis l’Antiquité et possède une capacité de survie extrêmement forte.

Un petit village du comté de Medog.

La ville de Medôg

Medôg est un plateau, avec de l’air raréfié et un climat froid. Les montagnes sont couvertes de neige pendant près de la moitié de l’année, le terrain est escarpé, les transports sont difficiles, l ‘endroit est presque isolé du monde. Avant 2009, Medog était le seul comté du pays dépourvu de routes. Sans technologie agricole avancée, les populations locales dépendent de la pêche et de la chasse comme principaux moyens de subsistance depuis des milliers d’années, et pour échanger contre des produits de base. Les serpents et bêtes venimeuses infestent le Grand Canyon, des avalanches et des coulées de boue se produisent de temps en temps. Les conditions techniques ont limité le développement des riches ressources naturelles locales, et les produits disponibles sont également relativement rares. Et comme si cela ne suffisait pas, il y a là-bas deux types d’hommes sauvages, un petit, et un grand.

Les premiers incidents enregistrés remonteraient aussi loin que 1784, et ils continuent jusqu’à aujourd’hui,.

Le type géant

Selon les descriptions locales, le yeren de Medôg a un physique très fort, avec une tête plus grosse qu’un humain et une taille légèrement plus élevée qu’un humain. Le mâle mesure environ 180-220 cm et la femelle mesure également 150-190 cm.

La créature est couverte de longs cheveux roux ou brun-noir, habituellement, les cheveux roux sont toujours sur le dessus et les cheveux sont tombent généralement jusqu’aux yeux ; tout le corps est couvert de poils longs, généralement noir-rouge, violet-rouge et brun-rouge, seul l’intérieur les cuisses et les paumes des mains sont glabres.

Slavomir Rawicz raconte sa propre observation datant de 1942 lorsqu’avec un groupe de prisonniers, il s’est échappé d’un camp de travail sibérien. Ils ont marché vers le sud et ont traversé les vastes espaces de la Mongolie, de la Chine occidentale, du Tibet, et l’Himalaya pour aller en Inde. En traversant l’Himalaya enneigé, Rawicz et ses compagnons ont un jour rencontré deux grands hominidés, se tenant juste en avant sur leur passage. Slavomir Rawicz en a tiré un croquis qu’il a signé pour bien signaler le fait qu’il s’agissait selon lui d’un récit authentique.

Les épaules du « sauvage » sont très larges, les bras sont plus longs que les bras humains, mais le dos est voûté. Leurs pieds sont très grands, 2 fois plus grands que les humains, et leurs traces sont larges à l’avant et étroites à l’arrière. Leurs orteils peuvent être écartés. Lorsqu’ils marchent, leurs pas sont si forts qu’ils peuvent être entendus à 100 mètres à la ronde.

Leurs visages ressemblent un peu à ceux des orangs-outans et des ours, avec un peu de cheveux blancs sur le dessus de la tête, un front saillant, une paire de grandes oreilles, des yeux enfoncés, une très grande bouche saillante, mais un petit nez. Ils sont décrits généralement comme ayant la bouche rouge, le nez rouge, et certains auraient même la peau rouge. Il peut marcher debout et prononcer des syllabes simples. La rumeur les dit capables de taper dans leurs mains, de jeter des pierres.

Ces « sauvages » utilisent également des outils rudimentaires, comme des pierres pour casser des noix. Ils construiraient également des nids d’herbe relativement simples. Ces nids d’herbe sont généralement construits dans des endroits relativement secrets afin qu’ils ne soient pas découverts par d’autres prédateurs. Les « sauvages » construiront également des lits, les recouvrant de branches ou de bambous, puis plaçant des couches épaisses de nattes dessus, des feuilles épaisses, très chaudes.

Leur nourriture est très simple, se composant principalement de fruits sauvages et de noix, et parfois ils capturent des cerfs. Fait intéressant, chaque été, lorsqu’il fait très chaud, les « sauvages » sortent de la forêt vierge et se rendent au fleuve Brahmapoutre pour se rafraîchir.

Les « sauvages » sont assez puissants. Même s’ils rencontrent un bison pesant quatre à cinq cents livres, ils n’ont pas peur. Ils se précipiteront sans hésiter et saisiront les cornes du bison à deux mains. Le bison n’ose pas se battre et est instantanément effrayé.

Offrandes courroucées ( tibétain : kang dze ), une peinture sur coton du XIXe siècle, représentant un éventail de divers symboles effrayants représentant des êtres et des objets pouvant être offerts aux divinités. Au milieu des animaux sauvages, un couple de mi-go/yeti. Ces types de peintures étaient généralement accrochées dans les plus petits temples protecteurs

Les « femmes sauvages » ont des seins rebondis et on dit qu’elles aiment aussi surprendre les hommes en train de faire des travaux agricoles dans les montagnes. Lorsqu’un homme rencontre une « femme sauvage », il ne doit pas gravir la montagne en courant, il ne doit la descendre pour être en sécurité. Parce que les seins dodus bloquent la vue de la « femme sauvage » lorsqu’elle descend, elle ne pouvait pas rattraper son retard rapidement. Il y a beaucoup de légende de femmes sauvages descendant de la montagne pour s’accoupler avec des humains et y retournant pour accoucher.

Les peuples locaux Lhoba et Monba croient fermement que les « sauvages » existent réellement, et ils leurs donnent même de jolis noms, tels que Yeti, Mizhe et Zeshi. Des traces de « sauvages » ont été trouvées depuis les montagnes enneigées à environ 6 000 mètres d’altitude jusqu’aux denses forêts vierges du fond de la vallée.

voici la chronique de ses actions d’éclat.

Dès 1784, un livre les décrit comme suit : ils peuvent marcher debout comme les humains, aiment toujours aboyer et faire du bruit, ont un corps grand et puissant et ont des poils partout  sauf sur leurs visages, les pieds sont semblables aux pieds humains.

En 1848, Sangda du village de Xigong, a été attrapé et tué par un « bonhomme de neige ». Après inspection, il a été constaté qu’il y avait effectivement des griffures spectaculaires sur son corps et qu’une odeur désagréable persistait.

Durant tout 20e siècle, des rapports faisant état d’observations de sauvages  ont continué à provenir de Medôg. 

En 1950, un chasseur nommé Anbu de Medôg s’est rendu au Grand Canyon pour chasser avec les villageois. Le groupe a suivi quelques takins et est arrivé à une forêt primitive. Il y avait une grotte à flanc de colline. Il y avait de nombreux os et peaux d’animaux sur le sol et un endroit couvert de feuilles épaisses. Il semblait que quelqu’un y avait dormi, et il y avait des empreintes de pas à côté. Soudain, plusieurs cris étranges s’échappèrent de l’entrée de la grotte, et un monstre qui ressemblait à un humain mais pas complètement se tenait à une douzaine de pas devant lui.

Certaines personnes auraient même entretenus des contacts réguliers. En 1952, Changbadan, le frère cadet de Yixi Phuntsok, vice-président de la CCPPC du comté de Medôg, aurait noué une relation directe avec un groupe de sauvages. 

Le chasseur Renqing se souvient qu’en 1972, alors qu’il n’avait que 12 ans, il a gravi la pente et est arrivé au pied de la falaise rocheuse du village de Dongbu. À ce moment-là, une chose poilue est soudainement apparue et l’a poursuivi. Il faisait très sombre à ce moment-là, il avait très peur et n’osait pas regarder de près. Il rentra chez lui en courant, trop effrayé pour parler.

En mai 1979, le vieux chasseur Danqing traquait sa proie et aperçut un « sauvage » poursuivant un petit « cerf odorant » (Muntiacus reevesi). La chose marchait parfois debout et parfois rampait. Après avoir couru pendant environ un demi-mile, le sauvage a finalement attrapé le muntjac. Lorsque Danqing s’est approché et a regardé, il ne restait plus qu’un tas de poils de muntjac sur le sol.

 

Mi-go et (autres ?) singes, illustrés et décrits dans le Dri-Med Shel-Phreng

Ces dernières années, de nombreuses équipes d’expéditions sauvages se sont rendues à Médôg, à la recherche de traces de « sauvages ». Medôg a son propre professeur sauvage, il se nomme Ji Wenzheng. Cet expert faisant autorité dans l’étude des  sauvages  dans le Grand Canyon de Yarlung Zangbo a participé à  32 expéditions dans la forêt vierge locale.

En juin 1955, alors que Ji Wenzheng revenait de Bomi à Medôg, il trouva soudain de grandes empreintes de « sauvages » sur la neige du versant sud de Duoxiong, à plus de 4 000 mètres d’altitude. En descendant la montagne, il vit beaucoup plus d’empreintes de pas sur une zone humide. Les foulées sont longues, deux fois plus grandes qu’un pied humain, les pieds sont plus larges que les pieds humains, les orteils sont séparés et les gros orteils sont tous inclinés vers l’intérieur.

Ji Wenzheng en 1955

Le professeur Ji a successivement découvert des traces de « sauvages » dans la vallée de Nuwang, le bassin de la rivière Baima Xiren, Khanmi, le sommet de la montagne Duoxiong et la zone forestière de Pubarong sur la rive ouest du Grand Canyon. Dans cette forêt dense, un nid « sauvage » a été découvert, couvrant une superficie de plus de 40 mètres carrés, et il y avait une source chaude non loin de là. Ce « sauvage » savait vraiment choisir son endroit ! Arrêtons nous un instant sur cet épisode.

Le savait-il ? Ji Wen Chang ‘en parle pas, mais la coïncidence est pour le moins troublante; Cette source d’eau chaude est aussi un endroit connu localement pour abriter des empreintes de mains de sauvages fossilisés. Il s’agit d’empreintes de pieds ou de mains humains, incrustés dans les roches bordant les sources. Elles ne sont pas gravées, elles furent exécutées par simple pression des membres, alors que les matériaux étaient meubles comme de la glaise, c’est à dire il y ‘a très très longtemps. En fait une datation a été effectuée, et ces empreintes ont entre 207 000 et 188 000 ans. Sachant qu’Homo Sapiens est sorti d’Afrique il y 70 000 ans, cela signifie que ces empreintes ont été laissées par une autre espèce humaine. Or, des fossiles de Dénisoviens datés de 160 000 ans ont été récemment découverts à une altitude légèrement inférieure, non loin sur le plateau tibétain. L’opinion dominante a toujours été que la clé de la disparition d’autres espèces humaines anciennes telles que les Néandertaliens et les Dénisoviens réside dans la différence de capacités cognitives entre eux et les humains modernes. Ces empreintes, exécutées peut-être par des denisoviens/sauvages, prouve que l ‘espèce humaine n ‘était pas la seule a posséder des capacités cognitives suffisantes pour envisager l ‘Art.

Zhang Dian, professeur à l’Université de Guangzhou a mis au jour d’anciennes empreintes de mains et de pieds humains dans la source chaude de Qiusang, sur le plateau Qinghai-Tibet, les doigts de ces empreintes digitales sont relativement longs, surnommés « mains d’araignée ». Ce phénomène se produit souvent dans les zones peu peuplées.

Revenons à Ji Wengzheng. Après plus de 20 ans de recherche, Maître Ji regrette de ne jamais avoir vu les sauvages de ses propres yeux, car en Chine, la récolte de poils non identifiés, et les empreintes semblent tellement habituels que cela semble ne pas compter. On ne peut pas leur en vouloir, ailleurs dans le monde, ce n ‘est pas différent.

Ji Wengzheng aujourd’hui : S’il n’y avait pas de  sauvages  à Medog, il n’y aurait aucune chance qu’il y ait autant d’histoires sur eux  transmises de génération en génération. Et il n’y aurait aucune chance que des centaines de personnes affirment avoir vu des sauvages de leurs propres yeux. Plus important encore, leurs descriptions sont également très détaillées, et les détails sont très similaires.

Le mini-yeti de Medôg

 

  Le comté de Linzhi est la zone d’altitude la plus basse du plateau Qinghai-Tibet et est connu sous le nom de « Jiangnan du Tibet ». Il existe là-bas de nombreuses histoires sur des petits sauvages. Dans le village de Juenu, les villageois ont déclaré que les petits sauvages qu’ils ont vu mesuraient environ 1 mètre de haut. En termes de taille et de comportement, ils ressemblent à des singes courant de haut en bas du ravin.

Le villageois Dansong, un vieil homme, a également vu un petit sauvage avec une seule jambe, il se disait que ces singes avaient l ‘habitude de s’entretuer dans des bagarres.

Taschi, un chasseur local raconte qu’en 1960 il allait en famille déterrer des champignons Cordyceps dans les forêts de montagnes. Comme ils ne pouvaient pas rentrer ce soir-là, ils décidèrent de rester surplace. La nuit, ils faisaient du feu et cuisinaient dans les bois. Taschi sentit soudain quelque chose tirer sur son sac.

Au premier coup d’œil, ils ont vu un petit sauvage les regarder par derrière. Effrayé il a eu le réflexe de jeter des braises sur le petit sauvage qui s’est enfui aussitôt. Mais après que tout le monde se soit couché pour la nuit, le sauvage est revenu pour récupérer leurs sacs.

Il semble que les histoires concernant le yeti pygmée se concentrent autour d’un ravin au pied du pic Namjagbarwa, les locaux pensent que ce sont des singes qui, en quelques milliers d’années se sont transformés en  » elfes ».   D’après eux, les petits hommes sauvages de Medôg sont issus de lignées différentes de leurs cousins géants, se rapprochant du mode de vie des singes, ainsi ils vivraient uniquement dans la forêt ils ne mangeraient pas de viande.   

Il existe des légendes sur les petits sauvages non seulement à Linzhi, mais aussi dans certaines régions du Yunnan et du Guangxi. Les Dai du Yunnan appellent ce petit sauvage « Yabei » et « Dongdu », tandis que les minorités ethniques du Guangxi l’appellent « mandrill », « shangui », « shanwazi ».

Nous avions consacré cet article à l ‘énigme du mini-yéti. 

L’ours, encore et toujours

Pour expliquer les témoignages sur le yéti de Medôg, certains pensent à une méprise avec l ‘ours, et ici, plus qu’ailleurs, c’est cohérent. Il y a environ 30 000 ours bruns recensés au Tibet, et une forte chance pour compter dans cette population ursine des individus à l ‘aspect et au comportement suffisamment atypique pour provoquer la surprise des locaux les plus endurcis

Liu Wulin, un expert en zoologie de l’Association pour la conservation de la faune du Tibet, a conclu, sur la base de ses nombreuses années de recherche, que les légendaires « sauvages » de l’Himalaya sont très probablement des ours bruns. Un cheminement en 5 étapes :

  • Tout d’abord, une « peau de sauvage » a été trouvée près d’un temple dans le comté de Gongbujiangda. Liu Wulin l’a prise pour identification et a découvert qu’il ne s’agissait pas du tout d’une « peau de sauvage », mais d’une peau d’ours brun de l’Himalaya.
  • Deuxièmement, un chasseur de Medog a affirmé qu’il avait un os laissé par un « sauvage » dans sa maison. Plus tard, il a été identifié qu’il s’agissait également d’un os d’ours brun de l’Himalaya.
  • Troisièmement, lors d’une excursion sur le terrain, Liu Wulin a entendu un cri qui, selon les habitants, provenait d’un « sauvage », mais le lendemain, il a trouvé des cheveux et des empreintes d’un ours brun à l’endroit où se trouvait le « sauvage ».
  • Quatrièmement, quelqu’un a rapporté avoir trouvé des empreintes « sauvages ». Lorsque Liu Wulin est arrivé, il y avait effectivement une empreinte humaine de 30 centimètres de long, mais les empreintes n’avaient pas d’arches. Il s’agissait en fait d’empreintes laissées par un ours brun de l’Himalaya.
  • Cinquièmement, la couleur du pelage des ours bruns de l’Himalaya varie considérablement. La fourrure épaisse a des couleurs différentes. Les ours bruns de l’Himalaya peuvent également se tenir sur deux pattes comme les humains. Il est normal que les villageois les prennent pour des sauvages.

Il y a de nombreuses légendes dans les régions pastorales tibétaines selon lesquelles des sauvages kidnapperaient de belles femmes pour donner naissance à des enfants.

Liu Wulin « Ces légendes n’ont aucune base scientifique. En fait, les soi-disant « sauvages » enlevant des personnes sont des incidents d’ours bruns mutilant des personnes. Ces dernières années, de nombreux incidents de ce type se sont effectivement produits dans certains endroits du Tibet. Rien qu’en août de cette année, Sanchi, un berger du village de Dawa, comté de Coqin, préfecture de Ngari, a été griffé par un ours brun blanc. Quant à la légende selon laquelle les « ours humains » peuvent monter à cheval et marcher debout comme les humains, et imiter les gens en portant des « chapeaux. J’ai vu un jour de mes propres yeux tout le processus d’un ours brun chassant un cheval domestique. .C’était bien un ours brun montant sur le cheval et le mordant, la proie étant fatiguée par le poids. Quant au dicton selon lequel « les sauvages portent des chapeaux comme les gens », je pense que c’est parce que la tête des ours bruns est recouverte de bouse de vache. Tout cela ce ne sont que des idées fausses sur les ours bruns. »

Ours bleu du Tibet
Ours brun de l’Himalaya

Le  sauvage  Medög, est un sujet sensible, qui interpelle profondément la population locale. Les chasseurs locaux insistent sur le fait que le cri de l ‘homme sauvage est particulier, très différent de celui de l ‘ours. Pour eux le cri de l ‘homme sauvage leur fait penser à quelqu’un qui vomit. L’homme sauvage de Medôg ne crie pas, il  » vomit’.

Récemment, l’expert en zoologie Lin Liguo a avancé une idée audacieuse : il n’est pas d’accord avec l’opinion selon laquelle les sauvages Medôg sont des ours bruns de l’Himalaya car les chasseurs ont une riche expérience de chasse et connaissent parfaitement l’ours, il leur était donc impossible de confondre les ours bruns avec des sauvages. Lin Liguo a estimé que les légendaires « sauvages » de Medôg étaient probablement des gens reclus, des ermites ensauvagés qui peuvent vivre facilement de ce que la nature leur apporte dans cette environnement luxuriant.

Des ermites, ou des étrangers hirsutes.

La littérature révèle que les Chinois ont longtemps été fascinés par la haute taille et la pilosité des Européens. Certains pensent que l’origine de l’homme sauvage en Chine (la première référence date d’il y a plus de deux mille ans) coïncide avec la première rencontre des Chinois avec des Grecs, qui leur étaient inconnus mais qui les intriguaient en raison de leur barbe et de leurs cheveux longs, une apparence qui leur a voulu l’appellation d’hommes sauvages. Il convient également de noter qu’une analogie peut être trouvée dans les rencontres entre les indigènes de l’île indonésienne de Halmahera et les Portugais surnommés biri-biri ou yawas.  Les traditions sur l’homme sauvage auraient persisté en Chine en raison des contacts renouvelés que la Chine a connus avec les Européens ( aux cheveux roux ?, tels que les marchands byzantins rencontrés le long de la Route de la Soie et les Néerlandais arrivés par la mer au début des temps modernes.

L’anthropologue Grover Krantz évoqua brièvement l’hypothèse de l’Européen poilu (ou de l’homme barbu) en guise d’homme sauvage : « il s’agissait en réalité d’hommes européens barbus, une histoire qui a été acceptée surtout après avoir été transmise par quelques individus qui n’avaient jamais fait face à un de ces hommes velus ». Grover Krantz (décédé en 2002) lui-même mesurait près d’1m90 et portait une longue barbe. Les villageois l’ont taquiné en le qualifiant d’homme sauvage lors de sa visite dans le Guangxi en 1995.

sauvage des montagnes du nord ouest 1979

Conclusion

Dernière précision alors que nous arrivons au terme de ce périple vertigineux. il y a des histoires de sauvages dans d’autres parties du Hubei, et aussi au Yunnan.

La Chine est donc le pays le plus avancé dans les recherches sur l ‘homme sauvage. Certes, la haute technologie, et les analyses génétiques ne sont pas assez utilisées à ce stade, elles le seront sans aucun doute en cas de nouvelle fièvre à Shennongjia ou ailleurs. Comment expliquer l’importance accordée à l ‘homme sauvage en Chine ? Sans sous-estimer l’esprit de conquête, la soif connaissance, et le haut niveau de la science chinoise, il y a quelque chose de paradoxal. Ce qui est plutôt négligé, marginalisé chez nous en occident, est affiché au grand jour en Chine. Les gens sont ridiculisés d’un côté du monde, de l ‘autre on les croit et leurs témoignages ( parfois avérés faux) suscitent des expéditions officielles. Comment expliquer que les autorité chinoises soient aussi réceptives à ce qui est considéré partout ailleurs comme des histoires ridicules ?

Sur quoi pourrait porter cette différence ? Le contrôle social extrêmement étroit de la population chinoise transparait ici : il semble que chaque responsable local du parti, chaque fonctionnaire chargé de tâches politiques doivent rendre compte des moindre faits et gestes, des sujets de discussions d’agitations. La population locale étant en ébullition, il faut en rendre compte à la hiérarchie, peu importe qu’il s’agisse de sauvages, ou d’un autre sujet. Voila peut-être pourquoi en Chine plus qu’ailleurs les autorités reçoivent autant de rapport officiels sur les sauvages, et agissent en conséquence. Et l ‘activisme scientifique chinois en paléoanthropologie nous permet de deviner la suite : la question des hommes sauvages étant l ‘une des dix « urgences » anthropologiques sur lesquelles se pencher selon la publication de référence New Scientist, capturer un spécimen pourrait apporter des bénéfices immenses pour le pays. Qui seraient amplement mérités.

FIN

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