par Richard Freeman
La première fois que j ‘entendis parler du biologiste ukrainien Grigory Panchenko, ce fut dans le livre de Dimitry Baynov Sur les traces de l’homme des neiges russe. Il détaillait une rencontre rapprochée qu’il avait eue dans une grange avec l’almasty, un hominidé relique qui habiterait une grande partie de l’Asie centrale et de l’ex-URSS. Quelques années plus tard, j’ai pris connaissance de manière plus approfondie avec son travail de longue haleine dans les montagnes du Caucase comprenant de nombreux rapports provenant de la partie de Kabardino-Balkarienne de cette chaîne de montagne. Panchenko pensait que la population d’almasty était en croissance dans la région.

On dit que l’almasty, connu également sous le nom d’almas ou albasy, est une bête velue ressemblant à un homme. Il est plus petit et plus humain dans son apparence que le yéti ou le sasquatch mais plus grand et plus musclé qu’un homme. On pense généralement qu’il appartient au genre homo plutôt qu’à un pongidé. Les archives le concernant remontent à des centaines d’années en Asie centrale et il a été inclus dans plusieurs recueils sur la faune locale.
Je me suis dit qu’une expédition conjointe entre les membres du CFZ et la propre équipe de Grigory pourrait être une bonne idée. Mais, le temps que je réussisse à mettre la main sur un numéro et une adresse email, l’année était presque écoulée !

Nous avons pu inviter Grigory à s’exprimer sur la cryptozoologie dans le Caucase lors du Weird Weekend 2007, la conférence annuelle de la CFZ. Grigory avait amassé une grande quantité d’informations dont la plupart n’avaient jamais été diffusées à l’ouest. En plus des hominidés, des serpents noirs géants atteignant 10 mètres de long avaient, pendant des siècles, été signalés dans la région. Son discours s’est avéré être l’un des moments forts de la conférence. Et nous avons pu organiser une expédition pour juin / juillet 2008. Grigory et ses collègues seraient sur le terrain deux semaines avant l’arrivée de l’équipe CFZ.
Le contingent britannique, à part moi, était composé du Dr Chris Clark, pilier de la plupart des expéditions précédentes du CFZ. Dave Archer, membre du CFZ qui a organisé ses propres expéditions dans le passé. Adam Davies, un voyageur expérimenté et cryptozoologue spécialiste des expéditions extrêmes. Et Keith Townley, un ami d’Adam qui l’avait accompagné dans certaines de ses aventures passées.

Peu de temps avant notre départ, nous avons été contactés par le professeur Bryan Sykes de l’Université d’Oxford. Le professeur Sykes est l’un des plus grands généticiens du monde. Il s’est intéressé sérieusement à la possible survie des hominidés et aux possibles métissages entre hominidés et humains modernes au cours des siècles passés. Au cours de son travail de référence sur la cartographie du génome humain, il n’a pu trouver aucune trace d’ADN d’autre chose que l’homme moderne. Il a proposé de faire des analyses sur tous les échantillons que nous avons rapportés et a souhaité que nous effectuions des tests sur écouvillon sur des habitants locaux.

Les sept filles d’Ève. À partir de 15 000 analyses d’ADN, le généticien Bryan Sykes identifie sept lignées dans la population du continent européen. Dans les années 2010, le professeur Sykes s’est intéressé aux hommes sauvage, avec un succès mitigé. Dans un premier ouvrage, il postulait que le yéti d’Himalaya est en fait très proche de l ‘ours polaire, Puis, il a enquêté sur Zana et ses descendants et a publié également un livre sur le sujet dans lequel il questionne son identité biologique. Ces derniers travaux ont valu au professeur Sykes d’être violemment critiqué par la communauté scientifique.
Après une attente hallucinante de dix heures à Moscou, nous nous sommes envolés pour Mineranye Vody où nous avons été accueillis par Grigory et Alexey Ahokhov, un très grand informaticien et archéologue russe. Alexey avait un chien délicieux appelé Humma, un croisement entre un setter rouge et un épagneul. Elle nous a accompagnés dans toutes nos aventures russes.
Après une nuit passée dans un hôtel spartiate du Tyranyauz, nous avons parcouru des routes de plus en plus sommaires le long de falaises et de berges en ruine jusqu’à la zone de notre première enquête, le rocher blanc. Nous avons été présentés à Anatoly, le dernier membre de l’équipe. C’est un archéologue ukrainien avec une barbe rousse, parlant très peu anglais, mais possédant un grand sens de l’humour et un amour encore plus grand pour la vodka.




Nous avons établit notre campement dans une petite vallée. Lorsque la route a été tracée pour la première fois dans cette région du Caucase vers l’an 2000, les ouvriers ont détruit de nombreuses sépultures anciennes sur leur chemin. Environ 1000 tombes sont disséminées dans la zone. Beaucoup, coupées en deux par des routes, déversent maintenant leur contenu sur le sol. Des dizaines d’os et de crânes humains sortaient juste des parois tout autour de nous. ils appartiennent à des Sarmates originaires du nord de l’Iran. Les nobles étaient enterrés dans les parois des falaises et les esclaves dans les zones inférieures. Les tombes datent du 3ème au 7ème siècle après JC. Certains crânes d’esclaves avaient une étrange apparence en forme de dôme, allongé, pour et par pratiques rituelles. Grigory a dit que quand il en a vu un pour la première fois, il a pensé que c’était un crâne almasty mais s’est vite rendu compte que l’os n’était pas assez épais.
Dans les deux semaines précédant notre arrivée, cependant, Grigory avait découvert ce qui semblait être des fragments de crâne d’une épaisseur inhumaine dans une grotte des falaises du rocher blanc. En les examinant, j’ai convenu qu’ils semblaient en effet trop épais pour provenir d’un humain moderne. Nous les avons emballés pour analyse au Royaume-Uni. Nous avons également prélevé certains des os sarmates au cas où leur ADN aurait des marqueurs étranges qui pourraient suggérer une hybridation avec des hominidés reliques.
Le rocher blanc lui-même s’élevait, couronné de nuages , à pic juste au-dessus de notre camp. Derrière, il y avait une chaîne de montagnes déchiquetées appelées «Les dents de la belle-mère». La région abritait une ours et ses deux petits mais nous n’avons pas eu la chance de les voir.

Anatoly nous a raconté sa propre rencontre avec un almasy dans les années 1980. Il délimitait un terrain proche d’ une ferme abandonnée près de Neutrino. D’une cachette, il vit passer un spécimen à seulement 40 mètres de distance. Il mesurait 1m80 mais était également puissamment bati. Il avait les cheveux gris «de la couleur de l’écorce d’un peuplier». Sa tête était bombée avec une crête sagittale et son nez était humain mais plus petit. Il n’avait pas de menton et un cou épais et court. Il balança ses longs bras en marchant.

Anatoly avait également vu l’un des serpents géants dans une grotte au sud de Kabardino-Balkarie près d’une ville appelée Sammakovo. Il était descendu dans la grotte quand il a vu un serpent noir qu’il estimait mesurer 7 mètres de long, nageant dans l’eau qui remplissait la grotte. Son père avait également vu un tel serpent monstre il y a de nombreuses années au Kazakhstan. Alors qu’il était dans un marais, il vit ce qu’il pensait d’abord être un homme. En se rapprochant, il pensa que le grand objet sombre faisait partie d’un arbre mort. Il se rendit compte que c’était un énorme serpent se dressant comme un cobra.
Le lendemain, nous avons entrepris d’enquêter sur la grotte où Grigory avait trouvé les éclats de crâne. Confronté à une ascension particulièrement difficile, Keith décida qu’il ne pouvait pas y arriver et retourna au camp. Le reste d’entre nous s’est engagé sur le long et sinueux chemin vers le sommet. Finalement, nous avons quitté le sentier et gravi les pentes de plus en plus raides à travers des prairies alpines parsemées de fleurs. Nous nous sommes arrêtés de temps en temps pour reprendre notre souffle et nous avons finalement atteint la falaise.
Nous avons marché le long d’un chemin étroit jusqu’à la grotte où Grigory avait trouvé les fragments de crâne. Une fouille de la grotte n’a révélé aucun autre reste osseux, mais tout de mêmedes échantillons de bouse intéressants. Nous avons passé la journée à explorer des grottes moins profondes, puis à installer deux pièges photographiques. Dave a essayé de grimper sur les parois presque abruptes de l’une des falaises, mais les vents montants l’ont finalement fait faire demi-tour.

Le lendemain, nous sommes remontés (sans Keith) pour récupérer les caméras. En les branchant sur l’ordinateur portable d’Alexey, ils ne montraient que le coucher et le lever du soleil. Sur le chemin du retour, Alexi a vu un chat sauvage.
Cette nuit-là, notre camp fut perturbé par les cris surnaturels d’un chacal. Il a traversé le camp aux petites heures du matin. Nous sommes sortis de nos sacs de couchage pour tenter de photographier, mais au moment où nous étions debout, il avait disparu dans la nuit.
Le lendemain, nous nous sommes séparés. Keith, Anatoly et moi avons enquêté sur une zone boisée, tandis que Dave, Grigory et Adam étaient partis pour interroger un homme du nom de Surgit qui prétendait savoir où se trouvait le corps d’une almasty.
Sur le chemin de la forêt, nous avons exploré quelques petites grottes. Dans un cas, Anatoly avait trouvé 11 squelettes humains datant de 3000 ans. Aucune preuve de l’almasty n’y a été trouvée, juste des excréments de blaireaux.
De loin, on aurait dit que les bois étaient entourés d’herbe. En fait, c’était un tapis d’orties. Le parcours était raide et glissant. À un moment donné, Anatoly a signalé des rayures sur un arbre causé par ce qu’il semblait être des clous plutôt que de griffes. Tout près, Anatoly a trouvé un cheveu dans un arbre. C’était long, rigide et bicolore. Au début, je suis devenu excité, mais ensuite j’ai trouvé d’autres touffes de poils et ils ont commencé à ressembler étrangement à des poils de sanglier. Je les ai quand même mis dans un sac par précaution.
L’autre équipe, dirigée par Adam, qui est fonctionnaire pour le ministère de l’Intérieur britannique, a interviewé Surgit. Le travail d’Adam consiste essentiellement à contre-interroger les personnes qui souhaitent rester au Royaume-Uni pour voir s’ils ils présentent les conditions nécessaires. Par conséquent, il est un expert en entretien. Surgit a affirmé avoir retrouvé le corps d’une Almasty femme en 1996. Elle avait été écrasée par un éboulement sur une montagne connue sous le nom de Kashkatash. Il avait récupéré une dent qu’il avait donnée à un ami. Surgit a dit qu’il pourrait nous conduire à l’endroit en question. Adam semblait convaincu qu’il disait la vérité.

Anatoly nous a donné quelques extraits cryptozoologiques intéressants. Il y a quelques années, un de ses amis était sur un bateau sur la rivière Lena en Sibérie lorsqu’il a rencontré une étrange créature. Elle avait un dos noir bosselé et une nageoire de six pieds de haut. Cela lui rappelait un épaulard, mais ils étaient à des milliers de kilomètres à l’intérieur des terres à l’époque.
Un homme sur le bateau a tiré deux coups de feu sur la bête avec un fusil. Il a tourné et a nagé à grande vitesse vers le bateau. L’homme a pompé trois autres balles dans la créature, qui a plongé sous le bateau et a nagé. La description rappelle les créatures décrites dans le lac Vorota en Sibérie. Les bêtes ici mesurent jusqu’à 12 mètres de long, avec une nageoire dorsale et une tête large. Pourraient-ils être une forme de poisson colossal ?
Une autre rivière qui bruisse de rumeurs de monstre est la Don qui se jette dans la mer Noire. Ici, on parlé à Surgit d’un poisson-chat de 6 mètres de long, qui avait renversé un bateau et mangé un homme et une femme. Le poisson-chat Wells est un prétendant au plus grand poisson d’eau douce du monde (avec le poisson à aubes chinois). Le plus grand spécimen connu mesurait 4 mètres de long. J’en ai vu un de 2,50m et c’était assez spectaculaire pour être qualifié de « monstre ».
Bonjour,
Merci pour ce partage (mais pas merci pour les caractères blancs sur fond noir…). Attention avec Sykes, il a attribué à des animaux banals des échantillons de poil venus de divers endroits et dont les fournisseurs assuraient qu’ils devaient provenir d’HSV.
Sait-on qui est cette N F Gontcharova, apparemment signataire du dessin ? Un témoin, une membre de l’expédition ?
Cordialement,
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Bonjour Jean, merci pour votre retour, je prends bien note de votre remarque pour la prochaine refonte graphique du site. Oui il y a beaucoup à dire sur le travail de Brian Sykes concernant les hommes sauvages. Cela vaudrait un article à part entière !
Lorsque je l ‘ai rencontré, il y presque 10 ans, ce fut au musée de Lausanne en compagnie de Michel Sartori. Notre généticien britannique a passé vraiment beaucoup de temps à étudier les archives de B.Heuvelmans, et il m ‘ a semblé avoir une solide culture en la matière. Une connaissance certaine des échantillons existants et disponibles pour analyse. Ce qu’il fit de tout ça ultérieurement fut une grosse déception, avec cette trilogie documentaire calamiteuse de Channel 4 » Bigfoot files » si je me souviens bien, dans laquelle il tient un rôle central . Le pire ce fut cette annonce que le yéti était (en fait ( très proche d’) un ours polaire. Heureusement on n’entend plus parler de tout ça. Reste son revirement complet, et son livre ( que je n ‘ai pas lu d’ailleurs) sur l ‘affaire Zana. Tout de même très intéressant qu’un scientifique de premier plan se consacre à ce mystère.
Quant à l ‘illustration, je l ‘ai utilisée parce que je la trouve fantastique, mais je n ‘ai aucune idée de sa provenance réelle, je ne sais donc pas qui est la personne qui l ‘a dessinée. C’est une très bonne question que vous avez soulevée, et je vais tenter d’en savoir davantage.
bien cordialement
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