Entretien avec Yvon Leclerc

Yvon Leclerc a développé depuis plusieurs années une expertise scientifique reconnue dans l ‘analyse d’empreintes de pas. Confronté, au Québec où il vit, au phénomène du sasquatch, il a développé tout un protocole d’étude des empreintes attribuées aux hommes sauvages. Cette méthode permet non seulement de déterminer l’authenticité des traces, mais aussi d’en retirer de solides informations sur l ‘anatomie de la créature qui les a laissées. Une avancée qui, si elle était appliquée massivement, pourrait être décisive dans la prise en compte de la question des hommes sauvage par la communauté scientifique.

Yvon Leclerc, scientifique à l ‘esprit libre, a accepté dans cet entretien, de nous expliquer comment il procède.

Strange Reality: Pouvez vous nous expliquer votre parcours professionnel, votre carrière scientifique ?

Yvon Leclerc : En 1990, j’ai travaillé 2 ans sur une empreinte que j’ai découverte. J’ai travaillé avec le Dr. William Sarjeant un grand spécialiste des empreintes fossiles de l’Université Saskatoon. Moi je travaillais avec mes méthodes et lui avec les siennes. Dans sa conclusion, il mentionne que ce sont mes méthodes qui étaient les bonnes et ajoute que c’est la première empreinte de phytosaure trouvée dans le monde en excluant les USA. En 1991, j’ai présenté mes travaux sur « Les vertébrés avant l’heure » au VIIe symposium international sur les vertébrés inférieurs. Publiés dans la revue « Spectre » de l’association des professeurs de sciences du Québec et objet de deux émissions  « Découverte » de  Radio-Canada. En 1995, je découvre 15 empreintes fossiles de la période géologique  du cambrien (530 M.A.) dans la région de Montréal. En 1997, je monte un projet afin d’étudier les empreintes d’émeus qui ressemblent aux empreintes fossilisées du groupe d’ornithopodes, afin de démontrer que les empreintes fossiles peuvent nous révéler beaucoup plus de renseignements que l’on croyait.

Empreinte dans la pierre

 En 1998, je fais deux présentations de mes méthodes et leur application, au Congrés d’Argentine ayant pour thème « Les empreintes fossiles ». Mes études sur les empreintes d’émeus on servi d’exemples pour la première présentation. La même année, je fais la présentation de la méthode au 9e congrés Canadien de paléontologie. En 2000, j’ai fait partie de l’équipe du laboratoire de climatologie de l’Université du Québec -Trois-Rivières. Nos travaux ont été présentés au congrés de Madrid. La présentation a été donnée par Joseph Litinsky, climatologue, et le thème était « La tendance climatique au 20e siècle ». 

En 2004/2005, une partie de mon travail a été présentée au Musée de Vancouver dans une exposition intitulée SASQUATCH. L’exposition était basée sur le livre Meet the Sasquatch (2004) pour lequel j’ai fourni des recherches et des illustrations détaillées. Depuis lors, l’exposition maintenant appelée SASQUATCH REVEALED, a voyagé dans huit musées publics en Amérique du Nord et réside actuellement en prêt permanent à l’International Cryptozoology Museum (ICM) à Portland, Maine, États-Unis.

En 2019, je présente 3 projets aux conférences canadiennes de paléontologie. « étude d’empreintes fossiles » « Les vertébrés inférieurs ». « L’étude des fossiles par la mécanique du matériau » . On m’a demandé de choisir un des 3 projets, j’ai choisi le 3e, que je considérais comme le plus original. 

En conclusion, j’ai réalisé que la démarche scientifique n’a pas nécessairement de rapport avec les diplômes ni avec l’ouverture d’esprit. Cette ouverture vient avec la création et les passions , entre autre.   

Comment en êtes vous venu à vous consacrer à la cryptozoologie ?  

Au début des années  1990, on m’a demandé, comme spécialiste des empreintes fossiles, d’étudier des photos d’empreintes de 45 cm. Les photos ont été prises au Lac Memphrémagog, côté USA. J’étais emballé de pouvoir démontrer la fraude..  Eh bien non, j’ai bien été obligé de dire que les empreintes étaient authentiques et réelles. Nous avions la preuve de la mécanique du pied de l’animal, dans ces photos.

Les empreintes de Memphrémagog

L’animal avait marché sur le sol dur, sur une branche et sur un sol mou; c’était flagrant, nous pouvions même distinguer les traces de certains os du pied.  J’ai rencontré un orthopédiste spécialiste de la mécanique du pied humain qui m’a complété le  dessin ostéologique que j’avais tracé à partir des photos. De plus, j’ai obtenu une copie du moulage d’une empreinte de 45cm du cas de Bossburg de 1969. J’ai appliqué la méthode d’éclairage de surface, le frottis et comparé les 2 empreintes. Sur le frottis, l’orthopédiste a tracé tous les os du pied de l’animal. Le frottis, c’est le principe de l’imprimerie – comment peut-on mettre cela en doute? Il est impossible de sculpter des empreintes qui s’adaptent au terrain. Le frottis nous révélerait les traces d’outils et du papier sablé.

L’empreinte de Bossburg

 Nous avons reconnu l’authenticité des empreintes du Lac Memphrémagog côté USA  et l’existence du sasquatch et, à partir de ce cas, le reste s’est enchaîné. Le dossier du Lac Descarie est le plus curieux. Nous avons un dossier qui a était bien monté par les gardes-chasse et enquêté par le médecin coronaire. Les dits scientifiques n’ont pas fait leur travail; vingt ans après l’événement, le moulage était toujours dans sa boîte recouverte de sable de plage. C’est un enseignant en philosophie de l’université qui m’a parlé du dossier. J’ai l’ai pris en main le dossier et je crois que l’on est probablement  passé à côté d’une découverte. 

L’empreintes du lac Decarie

J’ai été demandé par le journal local pour aller étudier des empreintes dans les Mont-Valin au Saguenay. Le moulage a été effectué par un inspecteur des coupes de bois. Il avait bien raison, car nous étions en présence d’une empreinte de bigfoot. Je suis allé sur les lieux et nous avons vu une empreinte de 20 cm et une de 45 cm. J’ai eu également à étudier les phénomènes des Lac Pohénégamook, du Lac Memphrémagog, du Lac Des Chênes et le phénomène du St-Maurice.

L’affaire des empreintes de pieds du mont Valin

D’après vous la cryptozoologie est-elle une pseudo science ? une discipline légitime ?

 Qui dit que c’est de la pseudo science? Les diplômés? J’ai compris depuis longtemps que dans ce milieu dit scientifique on y retrouve deux groupes : les connaisseurs et les chercheurs. D’abord les connaisseurs représentent entre 90 et 95% du milieu dit scientifique…. ils n’ont pas d’idées et, si ce n’est pas écrit dans les livres, pour eux c’est impossible. Malheureusement ce sont eux que l’on entend le plus souvent à propos de tout et de rien,  « mais ils ont un PH.D ». Ce titre sécurise les médias et ils en font des vedettes populaires. On voit même certain d’entre eux s’exprimer en permanence, mais quand font-ils de la science?  

 Les vrais scientifiques sont ceux qui remettent toujours en question les faits et généralement, ce groupe porte le titre de chercheurs. On les entend rarement et à l’occasion il font une découverte qui bouscule les connaisseurs , qui vont encore tenir le crachoir, sans avoir lu l’article qui n’est pas encore publié. Naturellement ces vedettes ont été fabriquées par les médias populaires et non par les revues scientifiques. Le devoir d’un scientifique, c’est d’aller voir et non de faire accroire. Il faut étudier les dossiers et la démarche scientifique. Quand un connaisseur affirme que les empreintes sont fausses, j’aimerais qu’il m’explique ses arguments. Il n’a probablement jamais vu une empreinte de visu. En science, il faut démontrer le faux comme le vrai. Ce qui accordera les lettres de noblesse à la cryptozoologie,  c’est l’uniformisation de la démarche scientifique. Heuvelmans était un scientifique breveté et pourtant il n’a pas su démontrer les faits dans le cas des empreintes. Il interprétait et c’est là le problème. J’ai constaté que les gens n’observent pas. L’habitude d’observer se développe avec la curiosité entre autre.

   Pouvez vous nous décrire la région dans laquelle vous vivez, d’un point de vue cryptozoologique: des observations, des témoignages, des empreintes; des faits-divers ?

  Le pays du Québec est 7 fois plus grand que la France, donc il y a beaucoup de territoire à observer. Les terres de la rive nord et la rive sud du Fleuve St-Laurent sont les régions les plus populeuses. Au nord, ce sont d’immenses territoires très peu habités. Il faut se promener dans ces territoires pour écouter les gens qui ont vu des phénomènes. Trois personnes de la région du Saguenay font la même description d’un comportement d’un animal marchant sur le coté de la route et qui soudainement fait un saut au milieu de la route pour s’accroupir dos à eux.  Un autre témoin nous rapporte le même comportement dans la région de l’Outaouais.  Quatre témoins de régions différentes nous racontent qu’il étaient à l’intérieur de leur chalet vers la brunante et ils nous décrivent le même récit « Une espèce de gorille avec des yeux rouges nous observait par la fenêtre ». Le phénomène du St-Maurice est un cas de cryptide intéressant. Cinquante personnes sur un bateau de croisière sur la rivière on  observé  un poisson nageant comme une baleine. Il mesurait autour de 10 m et avait la peau brun foncée et lustrée. Les récits concordant donnent de la crédibilité au phénomène.

 Sur quoi travaillez vous particulièrement en ce moment ?

Les empreintes fossiles de la période géologique du cambrien (530M.A.)

Les fossiles confondu à la pierre, des empreintes dans la pierre qui nous semblent des traces bio-sédimentaires.

Les empreintes de bigfoot.

Les phénomènes liés aux lacs ou terrestres et tout ce qui peut sortir de l’ordinaire ou tout ce qui est mytsérieux

  Qu’est qu’un monstre? Un monstre de 6 cm, est-ce un monstre?… une mouche de 6cm, est-ce un monstre? Un esturgeon de 10 m.,  pouvons-nous parler d »un monstre? Le mot monstre peut se dire aussi de ce qui est laid.  Les médias entretiennent les mythes et légendes. En 2000, la communauté scientifique a commencé à inventorier les océans, elle a découvert de 2,000 à 3,000 nouvelles espèces par année et beaucoup de poissons n’ont pas attendu pour être inventoriés.  

Les empreintes attribuées aux Hommes sauvages sont toujours suspectées d’tre des faux, et ne sont pas prises en compte par la communauté scientifique. Comment distinguer les fausses empreintes ?  

Un des principaux problèmes des études d’empreintes, c’est qu’il n’existe pas de livre montrant les os des pattes d’animaux avec une vison du dessous des pattes d’animaux. Les livres nous montrent des silhouettes noires. Moi j’ai commencé à photographier les dessous des pattes d’animaux écrasés sur les bords des routes pour fabriquer une bibliothèque d’empreintes. Les dits  connaisseurs devraient dire qu’ils ne connaissent pas ou que cela n’est pas leur champ d’intérêt, s’ils sont honnêtes. Actuellement, personne n’est arrivé à faire la démonstration de la présence de la mécanique du pied ou la présence d’empreintes d’os dans les empreintes. Il faut arriver à démontrer la similitude des empreintes à travers le temps et les lieux. 

Quelle est votre méthode d’analyse des empreintes, quelles informations supplémentaires obtenez-vous ?

 Ecouter les gens qui ont vu et aller sur les lieux. Prendre des photos à des heures différentes de la journée en ayant soin de placer un gallon à mesurer près de l’empreinte à photographier. Faire un moulage de plâtre à prise rapide. De retour à la maison,  indiquer au dos du moulage original, la date à laquelle le moulage a été fait et le nom de la personne qui l’a produit.  Faire une copie du moulage et indiquer au dos du moulage: original, la date à laquelle le moulage a été fait et inscrire un numéro correspond à l’ordre des moulages. Peindre les moulages de 3 couches de peinture d’aluminium très lustrée. La peinture métallique lustrée facilitera l’analyse du moulage et rendra les reliefs plus faciles a étudier. Prendre 8  photos avec 8 différents éclairages de surface. Placer les 8 photos sur la même page accompagnées d’une photo des os du pied humain, dans le cas du bigfoot, ou d’un animal qui semble le plus similaire à l’empreinte à étudier. La photo des os doit nous montrer le dessous du pied. Placer un acétate sur la page photo et dessiner les os que vous pouvez voir sur les 8 photos et ramener les dessins de façon qu’ils n’en fassent qu’un. La méthode du frottis va vous confirmer le dessin.

Le frottis est une technique utilisée par les collectionneurs de monnaie, les collectionneurs d’outils anciens et les sculpteurs de pierre. La technique consiste à placer un papier sur l’objet et frotter avec une mine de crayon. C’est le principe de l’imprimerie. Les coupes relevées sur les axes des doigts, permettent d’étudier la position et le nombre des articulations. 

La coupe des moulages effectuée à tous les cm en transversale, à la scie à ruban, permet l’étude en 3D. Personnellement je le fais rarement. Lors d’une publication scientifique ces coupes permettent de mieux voir la forme qui a été étudiée. Il existe un peigne à moulure qui évite de faire des coupes, mais c’est moins précis. Le moule en creux (le négatif) doit être mis au niveau dans les 2 sens et on doit indiquer leur position sur le moulage. Placez une caméra sur le trépied. Déposez un millilitre de colorant alimentaire dans la partie la plus profonde. Faites une première photo. Ajoutez un autre millilitre de colorant et refaites une autre photo, ainsi de suite. Vous obtiendrez des lignes de coupe horizontale, tel un relief de montagne. La quantité de colorant peut varier selon le type d’empreinte, mais il est important d’indiquer la quantité utilisée.

En science, on doit être en mesure de répéter l’expérience. Et finalement il est important de comparer le résultat avec d’autres cas similaires. D’où l’idée d’un dictionnaire d’empreintes. Ces techniques me permettent de faire la preuve de l’existence des os et même de la texture de la peau dans certain cas, en plus de l’étude en 3D. 

Les empreintes de pas représentent le signe le plus tangible, et le plus répandu de l’existence d’hommes sauvages

Qu’est ce qui pourrait être amélioré dans les méthodes de recherches propres à la cryptozoologie?  

Se donner une démarche scientifique sérieuse et uniforme. Refuser des interviews avec les connaisseurs ou les médias de mauvaise foi. Ce genre d’entrevues abrutit et entretient les mythes et légendes, ce qui a pour effet  que les gens n’osent plus parler. Faire de l’éducation avec des gens qui passent leur journée en forêt et leur expliquer la démarche scientifique. Ces forestiers pourront monter un dossier scientifique, quand il verront des phénomènes ou des empreintes sur la terre ou sur les pierres.  

Par quel moyen pourrait on rapprocher la cryptozoologie de la science académique ? 

Etablir un dictionnaire des empreintes comprenant les photos à lumière de surface et les frottis correspondants. Ce dictionnaire devrait être accessible à tous les chercheurs. Organiser des rencontres sans égard aux diplômes, puisque personne ne peut-être expert dans les domaines inconnus. Lors de ces rencontres il faut écrire une méthodologie et une démarche scientifique uniformisées. Les chercheurs académiques sont occupés par leur recherche et ne sont pas intéressés, à moins que le sujet rejoigne leur recherche. Si nous décidions de devenir des gens curieux et à l’écoute de gens qui ont vu des phénomènes, nous ferions de grands pas dans le savoir de l’histoire de la terre. Le phénomène des OVNIS en est une preuve. Les pays commencent à ouvrir les dossiers. Depuis que la NASA  à décidé de mettre un budget dans la recherche de vie extraterrestre, beaucoup d’universitaires ont commencés à croire. bizarre, bizarre …    

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