Le mystère de l’anneau

Au cœur des Alpes, sur les parois des plus haute cimes, accrochés sur des pentes vertigineuses, et inaccessibles, au bord de profonds précipices, il y aurait des anneaux de bronzes, de fer, fixés à même la roche, au bord du vide.  A des altitudes, des hauteurs qui en éliminent d’emblée la moindre utilité. Aucune explication rationnelle n’a jamais été apportée par les populations locales.

Ces anneaux venus d’on ne sait où, appartiennent tout entier au merveilleux.

Tout un pan de notre culture, notre folklore fantastique, a été chassé des médias modernes, journaux, radios, télé, trouvant refuge, une fois de plus dans l ‘édition  et les ouvrages d’érudits locaux. D’ailleurs le meilleur moyen de croiser la route de ces anneaux énigmatiques, aujourd’hui, est de parcourir les ouvrages sur les légendes, et les énigmes régionales.

Paul-Philippe Buord, auteur des Mystères en Haute-Savoie, parle page 264 de « la plus grand énigme de son département». Ce ne sont pas de minuscules boucles d’après lui, certaines auraient mesuré environ 70cm de diamètres, on parle de la grosseur d’un rond de tonneau.

Roger Jay, dans le livre des mystères des Savoies, aborde le sujet page 47. D’après lui il s’agissait «d’énormes boucle de fer qui ne purent servir qu’à amarrer des vaisseaux prodigieux». Car ces anneaux évoquent immanquablement des boucles amarrage de navires. Lui évoque la localité de Montmin, comme destination finale probable de l ‘Arche de Noé. Le superbe lac d’Annecy est bien à proximité. Mais 1000 mètres en contre bas !

Les deux auteurs sont formels sur le même point : il s’agit d’une énigme historique et ils donnent chacun une liste précise ,  de localités où trouver ces anneaux.

Ces anneaux sont ils réels, ou plutôt ont-ils bien existé ? Qui a pu les fixer, pour quel but ? Commençons l’enquête sur le véritable mystère de l’anneau.

Montmin et le lac d’Annecy

Nous allons nous concentrer sur  ce phénomène, en Savoie en France et en Suisse dans le Valais.

Pour débuter notre parcours, une trace écrite plutôt, récente .

En 1995, la conférence annuelle sur l ‘activité scientifique du centre d’études francoprovençales se consacre avec raison à un sujet d’importance : Les êtres imaginaires dans les récits des Alpes. Cette plongée dans le folklore est l’occasion pour la fameuse ethnologue suisse Rose-Claire Schüle ( 1921-2015), de se pencher sur les mystérieux anneaux, un de ses sujets d’enquête favoris.  

D’après ses travaux, l’expression  Anneaux légendaires du Déluge date du début du 19ème siècle, avec pour première trace écrite, l’ouvrage Voyage d’un convalescent de Christian Des Loges en 1813. Page 4 : « A Agaune, la plaine du Valais formait un lac. A Nax sur Sion, à Beauregard sur Chippie, dans le dizain de Sierre,et à Saint Maurice du Lac, on y indique des anneaux, monuments de cette tradition; les bancs de sable que l ‘on trouve sur les hauteurs, (…) rendent cette tradition très vraisemblable».

Burkhard Reber, pharmacien et archéologue suisse ( 1848-1926) cite lui une première référence écrite plus ancienne :

«Le chanoine soleurois Franz Jakob Hermann (1717-1786)  cite, dans ses manuscrits, conservés à Soleure, le Balstal et le Hammer  comme possédant de pareils anneaux pour attacher les bateaux. Il s’en sert pour prouver que le Balstal était,  du temps des Romains, encore un lac.» 

Balstahl en Suisse

Voici donc la légende : Jadis dans le Valais, mais aussi ailleurs dans les Alpes, le niveau des eaux était beaucoup, beaucoup plus haut. Les flots éclaboussaient les  cimes des plus hautes montages, les vallées alpines, constituaient le fond de lacs profonds, qui étaient restés tels quels depuis… le déluge.

A quoi auraient pu servir ces anneaux, à cette hauteur, sinon à arrimer l‘arche de Noé ? Alors que le niveau des eaux commençait à baisser, loin d’avoir débarqué sur le mont Ararat, Noé et sa famille auraient en fait mis pied sur terre dans les Alpes, et ils y ont donc aménagé ces anneaux d’amarrage. Car il ne fit jamais aucun doute dans les esprits que ces anneaux ont, à un moment de l‘histoire, servi à  amarrer quelque embarcation.

Pour Rose-Claire Schüle, une première surprise,  ces croyances sont toujours bien ancrées dans la population : « Jadis, tout le centre du Valais était un immense lac. Au sommet du Chédéon tu peux encore voir les anneaux où nos ancêtres amarraient leurs barques. Ce lac était un reste du Déluge et il a mis des siècles et des siècles à disparaître. D’ailleurs à Baar, juste au-dessus du Chédéon, on appelle un endroit les Rives, c’est parce que le lac venait jusque là. Je pense que c’était bien avant qu’il y ait Sion et Martigny. » ( propos Recueillis dans le village de Nendaz en 1948)

L’ethnologue semble presque étonnée de la vivacité des croyances autours de ces anneaux de fer ou de bronze : «La tradition concernant ce lac et ses légendaires anneaux, connus sous le nom d »‘anneaux du déluge », est restée longtemps très vivante, si vivante qu’en 1968, l’écrivain valaisan Maurice Chappaz peut écrire : «AIIez me graisser les anneaux du déluge qui sont accrochés à la carne des ravines, en haut des villages!» Si vivante même qu’en cette même année 1968, une maîtresse d’école primaire à Montana, enseigne à ses élèves que le lac arrivait jusqu’à Saint-Maurice-de-Lacques – d’où le nom- et qu’on y voyait toujours les anneaux pour amarrer les barques.

Le Déluge de Géricault

Rose-Claire Schüle partit, sur le terrain à la recherche de traces de ces fameux anneaux et aussi de ce lac mythique. Le Valais, a t-il connu une sorte d’immense inondation, de «déluge» ayant conduit les habitants à aménager les sommets montagneux en véritables ports fluviaux?

Tout d’abord, localiser les anneaux, appelées mailles, ou boucles localement. L’ethnologue, face à l ‘avalanche de témoignages, et d’indications plus ou moins précises, pensait que ce serait une chose aisée :

 “Tu n’as qu’à aller à Baar (Nendaz), là au sommet du Chédéon, à l’endroit nommé Rives, on voit les boucles ; mon frère, celui qui est en Amérique m’a plusieurs fois dit les avoir vues”.

“Si tu n’a pas vu les mailles, c’est que tu n’a pas été à l’endroit voulu. Mon grand oncle m’a souvent expliqué où il les avait vues”. “Si les boucles ont disparu, ce qui m’étonnerait car je ne vois pas quelqu’un grimper jusque là-haut, vous n’avez qu’à bien regarder, il doit y avoir des traces sur le rocher. Quand j’étais jeune on les voyait distinctement, maintenant je suis trop vieille pour t’y accompagner”. “Mon père m’a souvent expliqué où se trouvent les boucles de Saint-Maurice-de-Lacques. Je vous y accompagnerai un jour de congé, je suis aussi curieux d’aller les voir…”.  Malgré toutes mes investigations, parfois périlleuses et toujours solitaires, nuls n’ayant jamais le temps pour faire le déplacement, je n’ai jamais vu ou aperçu les fameux anneaux.»

Première déception pour Rose-Claire Schüle, les anneaux semblent inexistants. Ne sont-ils qu’une légende dépourvue de la moindre consistance ?

Elle partit ensuite à la recherche de ce lac disparu. Bingo, première découverte:

«En Valais, un grand éboulement obstrua le cours du Rhône entre Saint-Maurice et Martigny. Le Mons Tauredunum s’était écroulé et les matériaux accumulés dans la Vallée du Rhône formèrent un barrage et un lac temporaire. Lorsque ce barrage céda sous la pression de l’eau une violente inondation submergea Genève.  La légende s’est emparée de cet événement et la tradition populaire a curieusement gardé ou repris le souvenir de ce lac. Certains l’attribuent à l’éboulement du Tauredunum, d’autres aux résidus du déluge , d’autres encore à une fonte subite du glacier du Rhône.»

Une catastrophe naturelle frappa bien la région au tout début du moyen-âge, c’est attesté, par les chroniqueurs contemporains de l’événement, tel Grégoire de Tours, ou l ‘évêque d’Avenches qui raconte ainsi:

« En cette année 563 l’imposante montagne de Tauretunum, dans le territoire du Valais, se précipita si subitement qu’elle engloutit un fort qui était proche, ainsi que des villages avec tous leurs habitants ; et elle agita tellement le lac qui, long de 60 milles et large de 20 milles, sortant de ses deux rives dévasta de très anciens villages avec hommes et troupeaux ; il détruisit même beaucoup de lieux saints avec leurs desservants et il enleva avec furie le pont de Genève, des moulins et des hommes, et étant entré dans la cité de Genève, il y fit périr plusieurs personnes. »

Les description ne font pas hélas référence à un lac, mais plutôt à un cataclysme de type tsunami. C’est d’ailleurs par cette appellation ( Le tsunami du Léman) que cet épisode est étudié par les historiens.

Il n’existe pas de dessin du tsunami du Léman. Par contre, un peintre, David Alois Schmid, a reproduit avec beaucoup de précisions celui sur le lac du Lauerz (SZ) en 1806

Logiquement, Rose-Claire Schüle, se basant sur la sagesse populaire, éprouve de grandes difficultés à trouver des preuves qu’un tel super lac exista autour du lac Léman :

«À l’aide des nombreuses attestations orales recueillies et des sources imprimées, j’ai essayé d’établir une carte des rives de ce lac. Le résultat a de quoi surprendre : l’altitude des rives varie pour la vallée principale, de plus de 500 mètres et devient complètement fantaisiste dans les vallées latérales. Pourtant, les écrits tout comme les narrateurs étaient catégoriques et ils avançaient dans leur grande majorité un témoignage irréfutable de l’existence de ce lac : des anneaux auxquels les Valaisans attachaient leurs barques lorsqu’ils traversaient la vallée sont encore visibles ou du moins on les a encore vus, il y a peu de temps.»

Plus concrètement, l ‘ethnologue relève que la présence humaine semble stable, ininterrompue, dans la région, invalidant la thèse d’une migration temporaire de la population dans les hauteurs.

La piste explicative de l ‘inondation soudaine s’évapore, il n ‘en resterait alors qu’une déclinaison locale du mythe du déluge, dont les anneaux ne seraient qu’une production incongrue.

Ce n’était pas l’avis d’Arnold Van Gennep, spécialiste incontesté du folklore alpin.

Dans les années 1950 il répertorie des emplacements, attestés par des témoins oculaires de confiance qu’il a personnellement rencontré, dans les Alpes françaises. Et d’après lui, c’est certain : Sur les hauteurs de Bellevaux, Bonneville, Vougy, Magland, ou Meillerie, les anneaux existaient encore au début du siècle. Sur le massif du Salève, deux de ces anneaux étaient notamment visibles jusqu’en 1905   au lieu-dit Chavardon, sur les hauteurs de Collonges-sur-Salève.

Mais ces informations, basées sur des témoignages, ne sont accompagnées d’aucune photo, d’aucun croquis et pour cause : jamais l ‘ethnologue, ne réussit à mettre la main, poser les yeux sur une seule de ces boucles.

Comme Rose-Claire Schüle, et comme l’archéologue Jean-Christian Spahni, qui dans son article de 1950  sur les monuments mégalithes de la région affime :  “Chose étrange, jamais personne n’a vu l’un ou l’autre de ces anneaux. Par hasard, ils occupent toujours des endroits inaccessibles ou très difficiles à trouver. Les habitants qui se sont offerts de les montrer ont invariablement déclaré, parvenus au lieu présumé, que l’anneau avait disparu”.

Monument mégalithes ? Oui vous avez bien lu. Les Alpes étaient peuplées dès la préhistoire. Par exemple, sur les hauteurs de Lac Léman, les archéologues ont mis à jour une zone d’habitat dense datant du néolithique et de l’âge du bronze, ( au moins 50 habitations), nommée Massongy «la pièce de bels», qui suit la découverte en 1976, à 3,5km de là, d’un autre «village» de taille équivalente, à Sciez, « Les petits Crêts».

Tombe à inhumation, le squelette est celui d’une femme d’environ 30 ans portant un collier de perles d’ambres. site Mossongy/Léman. Inrap

Il y avait des dolmens, dans les Alpes, certains sont encore bien conservés, il y a d’innombrables bloc de pierres à cupules, de nombreuses peintures rupestres et….des cercles de pierres.

Et du cercle de pierres à l ‘anneau, nul besoin de faire des pas de géants. Nos ancêtres étaient friands de cette forme géométrique,  ils produisaient notamment dans la région des anneaux-disques, des objets luxueux en jade, dont les ateliers de production, en fonction 6000 ans avant notre ère ont été retrouvés à 2500m d’altitude.

Pour le pharmacien et Archécologue Suisse Burkhardt Reber, si les anneaux en fer ou en bronze sont introuvables dans les Alpes, c’est qu’ils n’ont jamais existé. Pour lui il y a une explication probable ce mythe :

« On a essayé d’expliquer ces anneaux en disant qu’ils auraient servi à y attacher des échelles de cordes. D’autres auteurs ne croient pas à leur existence. Il serait possible qu’à l’origine il se trouvât, aux endroits en question de ces cercles gravés dans la roche, comme d’autres sculptures préhistoriques, et qu’à travers les temps, l’érosion les ait fait disparaître, tandis que la tradition en a maintenu le souvenir. Finalement, l’imagination les a transformés en véritables anneaux. »

Ces anneaux n ‘auraient donc jamais existé ? Pas plus que ces lacs ou ces mers mythiques, ni plus que ces embarcations légendaires qui slalomaient entre les pics alpins. Et vus de loin, ces cercles de pierres auraient parfaitement l ‘apparence d’anneaux, d’où ces multiples témoignages et la sincérité apparente des personnes interrogées.

Mais ce n ‘est pas la fin de l ‘histoire.

En 1916, un directeur de l ‘enseignement primaire nommé Anfos Martin, entame une inspection près de son domicile, autour de Montélimar, pour le Bulletin annuel de la Société préhistorique française. Bien-sur, il recherche lui aussi des anneaux de bronzes, et s’il ne parvient pas à les trouver, son déplacement est loin d’être vain.

Le territoire est plat, les Alpes se trouvant à plusieurs dizaines de kilomètre à l ‘est. Mais le fleuve du Rhône coule non loin,  et il est parfois entouré de falaises, comme à Port-Viviers, du moins son emplacement ancien, surplombé par un énorme rocher de 50 m de hauteur. Cette partie du fleuve était jadis naviguée intensément grâce à la technique du halage : des chevaux tiraient avec des cordes les bateaux depuis la rive. Il faut imaginer, il y a deux ou trois cents ans, des files de bateaux, dont certains déplaçaient 1500 tonnes, et les nombreux chevaux pour les propulser.

Anfos Martin aborde maintenant  notre sujet :   

«Quelques personnes de Viviers, s’intéressant à l’histoire locale, vont jusqu’à prétendre que ces barques étaient attachées à un anneau naturel de pierre, qui se trouve à chaque extrémité du rocher.

A l’extrémité Nord comme à l’extrémité Sud du rocher, on remarque, en effet, dans le rocher même, un peu au-dessus du sol, deux anneaux, ou plutôt deux anses, dans lesquelles on peut passer une corde. Ces deux anses sont parfaitement conservées et c’est merveille pour celle de l’extrémité Sud qui est non seulement à côté d’une carrière en exploitation, mais se trouve presque ras du sol et n’a qu’une médiocre épaisseur. L’anse de l’extrémité Nord est beaucoup plus forte et ne pourrait être brisée que très difficilement. Quand on passe la main, par les cavités, dans les anses, on constate qu’elles ont, à leur partie interne, une rainure, aussi lisse que du marbre poli; et l’idée vient immédiatement que cette rainure a été produite par le frottement séculaire d’une corde.  

Ce que nous avons voulu établir par notre étude, c’est que des anneaux, ou anses creusés par la nature ou peut-être même, en partie, par l’homme dans certains des rochers, pouvant constituer des abris, qui bordent le Rhône, ont été utilisés, à une époque qu’il n’est pas permis actuellement de préciser, pour les besoins de la navigation, et que la rainure polie que l’on remarque dans ces anneaux ou anses provient du frottement du câble qu’on y introduisait pour attirer les barques, soit a la montée, soit à la descente, auprès de ces rochers. En établissant cela, nous pensons avoir apporté notre modeste contribution à l’étude des anneaux du déluge, c’est-à-dire à l’étude des anneaux ou anses avec rainure polie, creusés dans des rochers éloignés de toute rivière et situés à une altitude élevée.»

Photographies de Patrice Perez, publiées sur ce blog passionant : Ancone Culture et Patrimoine.

Ces deux anneaux sont creusés dans la roche, ils sont de même forme, mais pour Anfos Martin, ils sont au moins en partie d’origine naturelle.  En revanche selon lui, ils ont bien servis à  amarrer des embarcations, c’est pour cette raison qu’ils ont été considérés comme des anneaux du déluge.

 Mais cette hypothèse rationnelle ne semble pas convaincre complètement son auteur. D’abord, il le dit lui même : le Rhône est distant  d’environ 500 mètres !  Et lorsqu’il compare les traces de frottements avec une autre pierre, elle parfaitement identifiée comme ayant servi au passages des câbles de halage, alors il ne peut cacher son embarras : «Sur la borne d’Ancône, en effet, il y a plusieurs rainures car la maille ne frottait pas forcément toujours au même endroit, tandis que, dans les anses du Planjaux, il n’y a qu’une rainure et une rainure très nette. Pourquoi n’y en a-t-il pas plusieurs, ou pourquoi tout au moins les bords de la rainure qui existe ne sont-ils pas émoussés, si la cause en est due également au frottement séculaire d’une maille ?»

Si les anneaux ont disparu, désintégrés, décomposés, s’agit-il de fragiles et incertaines traces de leurs fixations dans la roche ? Celles-ci se trouvent par hasard au bord d’une route. Combien d’autres pourraient bien se cacher, indétectable au creux des reliefs inaccessibles ?

Il  est temps de se pencher avec plus d’attention sur ce que pourraient-être ces anneaux. Si vraiment il y eu des anneaux de bronze, ou de fer,  nul besoin de remonter au déluge, ils ne peuvent être plus ancien que d’environ 3000 avant notre ère, c’est à dire  l’âge de bronze, qui met fin à la période du néolithique.

A cette époque là les Alpes étaient elles submergées par les flots ? Et bien non, pour remonter à l ‘origine de dépôts fossiles d’animaux marins que l ‘on retrouve parfois au haut des montages, il faut remonter jusqu’au mésozoïque, il y a une centaine de millions d’années, période qui vit l ‘apparition des dinosaures. Cela ne coïncide pas du tout.

S’ils ne sont pas liés à la navigation, ces anneaux auraient-il pu avoir une autre fonction ?

Jean-Philippe Buord l’affirme : On sait qu’à Nancy-sur-Cluses, les habitants s’en servaient pour descendre des cercueils en rappel.

Et peut-être autre chose que des cercueils ? Des boucles en bronze, disposées comme une sorte de Via Ferrata ont-ils été utilisés pour se déplacer ou pour le fret ? Pour le passage de cordes ? Par qui et pour quoi ?

Exemple de Via ferrata

Vers -200 Hannibal Barca fut un général et homme politique qui défia les romains. Considéré comme un génie militaire il était originaire de Carthage ( Tunisie), il conquit une partie de la méditerranée occidentale, ayant par exemple l ‘Espagne, la Sicile, la Sardaigne sous son contrôle. Évidemment cela ne plaisait pas aux Romains. Il y eu plusieurs guerres avant qu’Hannibal ne soit finalement défait. Au passage les Romains reprirent pour leur compte une partie des tactiques d’Hannibal sur le champs de bataille.

Le plus grand exploit du général carthaginois fut d’avoir envahi le territoire de Rome, sans toutefois prendre la ville elle-même. Mais ses troupes restèrent sur place pendant 10 ans. Pour réussir cet expédition militaire,  il partit d’Espagne, fit traverser les Pyrénées à  son armée ( au moins 30 000 soldats), puis il fut rejoint par 40 000 gaulois tentés par l’aventure.

Traversée des Alpes par Heinrich Leutemann

Tout ce beau monde a ensuite traversé les Alpes, vers l ‘Italie. Mais il est encore impossible de retracer cet itinéraire avec certitude. Le problème c’est qu’il n’y a quasiment aucune trace archéologique permettant de dater cet événement. A part la découverte de défenses d’éléphant dans les montagnes qui furent ensuite perdues. Car oui, l ‘armée d’Hannibal détenait des éléphants de combat.

Des anneaux de métal, installées par les ingénieurs militaires d’Hannibal, ont-ils permis de hisser les éléphants sur les plus hautes montagnes ?

En l’absence d’un anneau à étudier, difficile de faire autre chose que spéculer. Mais une chose est certaine, l’armée d’Hannibal ne peut pas être responsables de l’existence d’anneaux, quand ceux-ci se trouvent hors des Alpes.

Or à 400km des Alpes, il y a les Vosges, un massif montagneux de l ‘est de la France. On y rencontre exactement les mêmes légendes au sujet d’anneaux de fer servant à arrimer l ‘arche de Noé. Culminant à plus de 700m de hauteur, le Mont St Odile, est en lui-même un lieu très particulier. Terre de légendes, une abbaye y est installée, et plus d’un million de catholiques s’y rendent en pèlerinage chaque année. Malheureusement, en 1992 un avion airbus s’est écrasé sur le Mont St Odile, faisant 87 victimes.

C’est un endroit mystérieux, parsemés de ruines très anciennes, dont le «mur des païens» un mur de 11 km de circonférence qui entoure le mont, constitué de pierres massives. Surnommé le Maennelstein, il y a un promontoire rocheux culminant à 817m, un assemblage étonnant de blocs de pierres. Robert Forrer, archéologue et antiquaire suisse décédé en 1947 rapporte :

« On prétend qu’au Maennelstein on voyait autrefois, solidement fixés dans la roche, des anneaux servant à attacher des bateaux, au temps où l’Alsace n’était encore qu’un lac. D’où émergeaient à peine les hautes cimes des Vosges. »

C’est un endroit prisé des randonneurs, et des adeptes de la médiation, et du druidisme. Et tous on pu constater que l ‘anneau était encore bien présent. Voici enfin, sous nos yeux un de ces anneaux légendaires.

Sur les sites web des clubs de randonnées de la région ces photos de l ‘anneau sont généralement accompagnés d’un commentaire expliquant qu’il servait  amarrer des bateaux du temps ou les vallées étaient inondées. Le mythe du déluge n’a rien perdu de sa vitalité !

Mais ce n ‘est pas tout. Dans ce même massif montagneux des Vosges, à quelques dizaines de kilomètres du mont saint Odile, cette fois dans un endroit appelé sommet du Taennchel culminant à près de 1000m de hauteurs. Ici aussi on parle de lieux de culte druidique, il y a également des blocs de roches monumentaux présentant des formes singulières. La légende : un lac recouvrait alors toute la région. La rive Ouest était les Vosges, la rive Est, la forêt noire. Des géants, s’établirent sur la rive ouest où ils amarrèrent leurs bateaux.

Et il y a là-bas un énorme rocher surnommé « roche des fées» ou «rocher de l’anneau», qui porte bien son nom.

Avec ici une inscription et une date : IN DILUVIO SALUS NOE 1879

Noé sauvé du déluge -1879

Si l ‘anneau présent ici a été posé en 1879, c’est une manifestation surprenante du mythe du déluge.Ces anneaux pourraient donc avoir été apposés « a posteriori», pour appuyer et prouver les légendes qui les mentionnaient ? Ou alors ne s’agit il que de remplacer l ‘anneau d’origine tombé en poussière ? Il est manifestement évident que si des anneaux de fer sont encore en place, et bien visible aujourd’hui ils ne peuvent qu’être âgés de quelques centaines d’années tout au plus.

Mais gardons nous encore d’une conclusion trop hative. Voici un dernier élément troublant, mis en lumière dans cet article très documenté issu d’un blog consacré au Mont st Odile.

D’après l ‘auteur de l ‘article, l’anneau, et son emplacement exact, là on peut encore le trouver aujourd’hui, figurent sur la totalité des cartes anciennes de ce lieu. Pour preuve, cette carte du Mont St Odile datant de 1603. L’anneau y est bien présent.

Voilà cher lecteur, nous arrivons au bout de notre voyage au pays des anneaux du déluge. Que peut-on en conclure ? Des éléments factuels, liés à nos connaissances actuelles sur l ‘histoire de la Terre, de l ‘évolution, vont totalement  à l ‘encontre de la croyance en ces anneaux du déluges, ces boucles d’amarrage. Ni les Alpes, ni les Vosges n ‘ont connu une telle submersion, dont l’ homme aurait pu être témoin. Mais nous l ‘avons vu ils existent, d’une manière ou d’une autre comme une expression de la discrète vitalité de notre folklore.  

L‘histoire ancienne de ces territoires montagneux reste à découvrir. Entre les grottes aux fées, les menhirs, mégalithes et autres cercles de pierres, les anneaux de bronzes figurent en bonne place. Loin d’avoir été désertés par l ‘homme, les massif montagneux étaient le théâtre d’un foisonnement que nous mesurons à peine aujourd’hui.

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