Hibagon, le yéti japonais

Lorsque l’on évoque les créatures mythique du Japon, nous viennent immédiatement à l’esprit, les Yokaï, une multitudes de figures surnaturelles issues du folklore. Certains d’entre eux sont bien connus des amateurs de mangas. Fidèles notre démarche, nous prenons d’abord comme point de départ, les « monstres » qui empiètent sur notre réalité, ces animaux fabuleux qui font la Une des journaux, et qui manifestent une existence réelle.

Evidemment nous ne pouvions passer à côté de l’équivalent japonais du bigfoot, surnommé Hibagon. Son histoire est celle d’une apparition tonitruante et sensationnelle au tout début des années 1970, suivie d’ une fièvre populaire et d’une chasse au monstre, pour aboutir à une disparition totale, au début des années 1980. Mais peut-on se fier à cette histoire tant de fois racontées ? Est-il réellement surgit de nulle part ? Il semble que la tradition autour d’une créature de type yéti/bigfoot au Japon soit beaucoup plus riche qu’on ne le pense souvent. De même, a t-il réellement disparu du jour au lendemain ? En fait il se pourrait bien qu’il ait fait parler de lui après, et même assez récemment. 

Sans plus attendre, partons cher lecteur découvrir Hibagon, et commençons par son environnement : le mont Hiba.

La région où est sensé vivre Hibagon, les montagnes de Chûgoku, et en particulier la région du mont Hiba, était relativement inhabitée jusqu’à il y a environ 400 ans. Une espèce aurait-elle pu y vivre pendant plusieurs milliers d’années, quasiment sans contact avec l’Homme ?
Le mont Hiba fait partie d’une sorte de parc national, Hiba Dogo Taishaku, connu pour sa réserve naturelle de hêtres du Japon (fagus crenata et fagus japonica). Comme la forêt d’Iraty en France.

Toutes les observations d’Hibagon se sont produites dans un rayon de 50km ( 30miles) autour du mont Hiba. (article d’origine)

Notre histoire commence en 1969, autour de Saijô, un petit village d’une quinzaine de maisons. Juste à côté, peu de temps avant, a débuté en pleine montagne la construction de  Kenmin no mori, une petite station de ski et de tourisme, avec un terrain de camping, d’une superficie de 1164 hectares. et culminant à 1264m. Sur le chantier d’aménagement, un ouvrier découvre des empreintes de pas étranges qui forment une piste de plusieurs mètres de long. Il interpelle ses collègues qui viennent constater les faits. Ce fait divers se répand très vite dans les environs, et la police est bientôt obligée de mener l’enquête pour rassurer la population et tenter d’éclaircir le mystère. D’autant qu’une rumeur raconte qu’une créature inconnue a également été aperçue dans la journée, rôdant aux alentours du barrage, dans le nord de la commune.

La construction de cette infrastructure a t-elle dérangé celui que certains habitants ont surnommé  » le dieu du Mont Hiba » ?

Finalement, la police locale ne parvenant à aucun résultat, (les moulages d’empreintes réalisés étaient inexploitables) elle demanda l’aide de la police départementale qui n’eut pas beaucoup plus de sucés. La presse révéla alors l’affaire au grand public, et un premier corps expéditionnaire envoyé par une université de Nagoya se rendit sur les lieux afin de lancer une investigation, dans l’espoir de récupérer le moindre indice, trace, empreinte, ou autre. En vain.

Par contre, pendant ce temps-là, les témoignages d’observations et de rencontres commencèrent à émerger. C’est le début officiel de l ‘affaire, lorsque la mairie de Saijö ouvre un bureau anthropoïde ( vous ne rêvez pas) afin de recueillir éléments et témoignages. Miko Toshihiro, employé communal, devient le principal enquêteur de ce dossier.

La première observation signalée a eu lieu le 9 juillet 1970, lorsque Junji Miyazaki conduisait une camionnette sur la route forestière de Rokunohara, qui mène au chantier de construction. 

Lieu d’observation
Empreinte attribuée à Higabon, 1970

Le 20 juillet de la même année, près du barrage Munohara M. Yasutaka Marusaki, alors âgé de 31 ans, observe une créature ressemblant à un gorille, qui le fixe en s’éloignant lentement et disparaissant dans les bois. Il semblait descendre dans la vallée. Selon Maruzaki, il avait à peu près la taille d’un veau, le cou deux fois plus large qu’un humain, et il y avait des empreintes de pas de la créature et des traces d’arbres piétinés. C’est le premier témoignage oculaire précis. Il y aura ensuite de nombreuses observations autour du barrage de Munohara.

Le 23 juillet 1970, un homme vivant dans une ferme du même secteur rencontre un monstre aussi grand qu’un adulte. D’après lui corps était couvert de cheveux noirs, la tête était exceptionnellement grande et le visage ressemblait à un humain.

En décembre 1970, des empreintes de pas supposées appartenir à un monstre ont été découvertes dans les champs de neige du mont Azuma. site d’origine

Les plus grandes empreintes de pas attribuées à Hibagon mesuraient environ 30 cm de long (12 inch) pour 27 de large, bien que la plupart soient bien plus petites. Son poids est estimé à 80 ou 90 kg (180 pds), mais cette estimation paraît un peu sous-évaluée pour un anthropoïde de cette taille. Car selon les témoignages oculaires, la créature avait une taille d’environ 160 cm (environ 5 pieds) à 180cm, la hauteur d’un humain adulte, mais une tête qui faisait presque le double de celle d’un humain, à partir du cou. Sa tête et son visage sont en forme de triangle inversé, pas de crête sagittale mentionnée. Son corps tout entier est recouvert de poils, à l’exception de son visage, et probablement des paumes de ses mains et de la plante des pieds, bien que cela ne soit pas mentionné dans les témoignages officiels.

Une illustration d’Hibagon publiée dans le Chugoku Shimbun à l’époque. Vraisemblablement basé sur des témoignages oculaires. Article d’origine

Il ne possède pas de cheveux, on dit qu’environ 5 cm ( 2 inch) de poils brun foncé se dressent sur sa tête et que tout son corps est couvert de poils rugueux de la même couleur que les poils de sa tête. il ne possède donc pas de sous-pelage, mais des poils poussant indépendamment sur la peau, comme les anthropoïdes, ce qui indique une parenté avec les primates supérieurs.

Son visage est simiesque, avec les narines dirigées vers l’avant, le teint sombre, la région de la bouche proéminente,

Aucune information officielle et vérifiée ne mentionne le fait qu’il porte des vêtements ou utilise quel qu’outil travaillé. Personne ne semble non plus avoir entendu son cri, et il n’est pas connu de cas de prédation sur le bétail ou les animaux domestiques de sa part, pas plus qu’il n’est agressif ni ne ravage les cultures. Un seul cas de destruction de culture est connu. Un champ de maïs a été trouvé partiellement ravagé le lendemain d’une observation d‘un Hibagon, mais il n’a pas été prouvé que les dégâts avaient été causé par celui-ci. Il est toutefois probable qu’il en soit la cause, lors de sa fuite.

Pour résumer la  » fiche technique » de l ‘Hibagon :

・Hauteur 150cm-170cm. Estimé à peser entre 80kg et 90kg.
・Le visage est un triangle inversé et les yeux sont étrangement aiguisés.
・Tout le corps est couvert de poils brun foncé presque noirs. Les poils du corps correspondant aux cheveux se dressent sur la tête.
・Il se déplace lentement, n’a pas peur des humains et ne représente aucune menace.

Ce livre a été écrit par l’ancien responsable du bureau des anthropoïdes de Saijö, La peinture à l’huile d’Hibagon sur la couverture du livre est une toile exposée dans une auberge à Hibayama Onsen. L’ancien propriétaire l’aurait fait dessiner par un peintre de sa connaissance d’après les souvenirs de sa rencontre dans la forêt. Des témoins oculaires ont également affirmé que le dessin était très réaliste.

Le yéti du mont Hiba est vite connu dans tout le Japon, et il suscite les vocations de chasseurs de montres. Des explorateurs, des groupes de recherche se précipitent à Saijo, qui était jusque-là une bourgade paisible. Cette période fut surnommée « l’émeute hibagon » . Le bureau des anthropoïdes de la municipalité, s’occupait de recueillir les rapports des témoins oculaires, de répondre aux médias, un conseiller des anthropoïdes fut même nommé en renfort.

Le bureau des anthropoïdes de la municipalité de Saijö

Des étudiants de Kobe installent leur camp sur le mont Hiba

L’éminente université de Kobe organise une expédition en 1972, mais ne trouve aucune preuve et clos son enquête.

Pourtant Hibagon continue imperturbablement d’être observé, chaque été, jusqu’en 1974. Cette année là, le 8 août, un homme observe quelque-chose sur une route de montagne située à la frontière de Sukawa, Ichikawakitamachi, Shobara.
Une créature poilue sur tout le corps, mesurant environ 1,6 mètre (5 pieds) dont le torse est environ deux fois plus volumineux que celui d’un humain. Le monstre a semblé surpris par la voiture de l’homme et a disparu dans les bois.

Quelques jours plus tard, le 15 août, à Nigorikawa-cho, dans la ville de Shobara, un automobiliste repère un gros animal noir marchant au bord d »une route sur quatre pattes. Il s’agit d’un ours, pense alors le témoin, mais quand la créature a remarqué la voiture qui s’approchait, à la stupeur de l’automobiliste, elle s’est levée sur deux jambes et est partie. Le conducteur a alors le réflexe d’arrêter son véhicule, de se saisir d’un appareil photo heureusement à portée de main, et de sortir pour prendre un cliché de l’animal qui se cachait derrière un arbre.

Le cliché pris à Nigorikawa, le 15 août 1974 montrant un Hibagon. Ou un tronc d’arbre ?

Après une dernière observation en octobre 1974, la ville de Saijo a annoncé la fin de l’émeute Hibagon, et la fermeture du bureau des anthropoïdes. Hibagon semblait avoir disparu aussi mystérieusement qu’il était apparu. Les années passant son souvenir était en voie de s’ estomper.

Mais Hibagon n’avait pas dit son dernier mot. En octobre 1980, des hommes singes poilus sont signalés à Yamano, un village de montagne au nord de la ville de Fukuyama, à environ 40km au sud du mont Hiba, On ne parle plus alors d’Hibagon mais de Yamagon.

Les journaux de l’époque ont rapporté des observations de Yamagon, l’ Hibagon de la ville de Yamano.

Un homme-singes a ensuite été aperçu à Kui-cho, , toujours plus au sud en mai 1982, et fut surnommé lui « Kuigon ».  Le suffixe Gon en japonais renvoie vers les notions de pouvoir, de puissance, de légitimité, et pourrait signifier qu’il est le maître des lieux. Un surnom fréquent pour les hommes sauvages, par exemple le BasaJaun Basque, le seigneur de la forêt.

Une personne qui a été témoin d’Hibagon a déclaré en voyant un croquis de Yamagon qu-il s’agissait du même individu . Hibagon, Yamagon et Kuigon sont issus finalement de la même région, et il est probable qu’il s’agisse du même type de créature, observée à des endroits et des moments différents.

L’observation la plus curieuse d’Hibagon se produit en 1982 à Mitsugi, tout près de Yamano, la créature est décrite comme mesurant environ 2 mètres de haut (7 pieds) donc, beaucoup plus grande que les observations précédentes, et en plus ce grand Hibagon tient ce qui ressemble à un outil en pierre, comme une hache.

Puis, ensuite… plus rien ? C’est ce qui est déroutant avec Hibagon, rien avant 1970, rien après 1982 ? Pas de passé, pas de présent, Hibagon pourrait être qu’une parenthèse inexpliquée, une anomalie passagère.

En fait, Hibagon n ‘est pas le fruit du hasard et de la coïncidence, il s’inscrit dans une tradition discrète mais consistante liés aux hommes-singes au Japon. Et toujours vivante, d’après de sinformations obtenues par le cryptozoologue japonais Michihiro Amano.

Dans ses ouvrages Michihiro Amano, utilise le terme UMA ( unidentified mysterious animals).

Après Hibagon : Le 8 août 1995, un ornithologue canadien sur le terrain pour des recherches dans un petit village du département de Kumamoto (400 km-250 miles au sud d’Hiroshima, sur l’île de Kyüshü) découvrit une piste d’empreintes de pas de 40 cm de long ( 15 pouces) pour 20 cm de large. La nouvelle passa dans le journal, et une photo des empreintes publiée, mais la créature ne semble pas avoir été aperçue par les gens de la région, où du moins personne n’est encore venu témoigner à ce jour, mais il se peut que les langues se délient dans les années à venir, si créature il y a. La taille du propriétaire des empreintes a été estimée à plus de 2m (6,5 pieds). Le cryptozoologue Michihiro Amano est l’un des rares à faire la corrélation avec l’Hibagon.

Avant Hibagon : Les innombrables histoires de monstres et de spectres japonais des siècles passés, sont particulièrement présentes dans la presse de l ‘ère Meiji (1869-1912), une période d’ouverture et de développement. On y trouve des articles concernant des rencontres avec des grands singes. Le 27 avril 1883, dans les montagnes de Fukuoka, ( à environ 300km/185 au sud d’Hiroshima, sur l’île de Kyüshü) un homme aperçut un grand singe tout blanc. La même année, le 23 août, dans le même département, toujours dans les montagnes, c’est une « grande bête sauvage ressemblant à un babouin mais sans en être un et couverte de poils bruns» qui fut aperçue. Ces deux derniers témoignages sont écrits en langue archaïque, et relativement difficiles d’accès, à mi chemin entre la langue ancienne qui persista jusqu’au XIXème siècle et la langue moderne, .

Koichi Yumoto est l ‘historien de référence sur les yokaï

Le ruijin’enkei, le bureau anthropoïde de Saijö ne semble pas avoir eu connaissance de ces autres faits divers, faisant par conséquent à tort de l’affaire Hibagon un cas isolé. Encore plus ancien, deux vieilles légendes concernent le mont Hiba. La première concerne la déesse créatrice Izanami qui fut, selon la tradition, inhumée au sommet du mont Hiba.

Déesse du panthéon Shintô, Izanami engendra par son union avec le dieu Izanagi les îles de l’archipel japonais et des kamis (ou divinités) de la nature.

La deuxième nous concerne davantage, le sanctuaire de Kumano, au pied du mont Hiba. La légende est la suivante:

« Le sanctuaire de Kumano, enceint par des cèdres géants et millénaires, est protégé par le dieu-singe et vénéré sans relâche par les Hommes ».

De plus, sur l’un des rouleaux manuscrits conservés dans le sanctuaire serait dessinée une silhouette humaine peu ordinaire. Un dieu singe? Le sanctuaire de Kumano a probablement été érigé lors de l’arrivée des Japonais dans ces montagnes il y a près de quatre cent ans. Il semblerait donc que les Japonais connaissent une créature proche de l ‘Hibagon en réalité depuis leur arrivée dans les montagnes du Chûgoku. À l’époque de l ‘apparition d’Hibagon, dans les années 1970, certains habitant disaient « C’est le dieu du mont Hiba, l’incarnation du dieu de la montagne est en colère ». »

Car il existe un motif folklorique solide autour de l ‘homme-singe au japon. Le folklore fantastique japonais est si riche qu’il est facile de passer à côté.

On peut retrouver le thème du dieu-singe anthropophage, nommé notamment Sarugami, ou Bokuroku, à qui des sacrifices humains sont pratiqués. ( plus sur les Yokaï « singes » ici)

Konjaku Monogatarishū , est une collection de plus d’un millier de contes écrits à la fin de la période Heian (794-1185). La collection entière était à l’origine contenue dans 31 volumes, dont 28 subsistent aujourd’hui, couvrant divers contes de l’Inde , de la Chine et du Japon.

Il y a longtemps, un moine suivant une formation de pèlerin s’est égaré dans les montagnes de la province de Hida (préfecture de Gifu) et est arrivé à une chute d’eau, il était perdu, puis il a vu un homme sauter dans la chute d’eau et disparaître . Alors, le moine a également sauté dans la cascade et est sorti derrière , où il a trouvé un chemin et est finalement parvenu dans un village. On lui attribua une maison splendide, il eût droit à diverses fêtes, et en plus, on lui attribua une belle fille d’environ 20 ans. Alors le moine s’est bien plu, à la vie laïque et à la vie de couple marié et a passé environ huit mois là-bas. L’homme avait grossi à cause de ses festins quotidiens, mais sa femme commençait à pleurer et à sombrer chaque jour qui passait. « Cette année aussi, j’avais du mal à trouver la bonne personne, et quand tu es venu, tout le village a voulu t’offrir en sacrifice. Cependant, il est triste que tu sois destiné à être sacrifié et mangé par le dieu de la montagne parce que vous tu as fait un vœu de mariage comme celui-ci et c’est triste. Quand l’homme demanda : « A quoi ressemble ce dieu ? », elle répondit : « Il ressemble à une grosse singe femelle. » . Lorsque le moment est finalement venu, l’homme a été emmené devant le sanctuaire dans les montagnes, où il a été allongé sur une planche à découper. Au milieu de la nuit, la porte du sanctuaire s’ouvre et des singes de la taille d’un humain apparaissent l’un après l’autre. Alors l’homme a essayé de le tuer, avec une épée cachée entre son entrejambe et l’a poussée vers le bas et l’a enfoncée sur le singe en chef, le poignardant à mort . « C’est scandaleux de demander un sacrifice chaque année. Puisque vous vous dites être un dieu, vous ne devriez pas être blessé par mon épée, alors essayons de tuer deux ou trois singes là-bas pour voir si je peux les couper.  » Les singes ont eu peur, alors l’homme a attaché la tête du singe et de ses deux et trois subordonnés avec des lianes de kudzu, ont mis le feu au sanctuaire et est retourné au village. Dans le village, il était de coutume de garder les portes des maisons fermées pendant quelques jours après le sacrifice, donc personne ne sortait, mais la femme de l’homme l’a remarqué et l’a accueilli à la hâte, alors les gens ont commencé à sortir . L’homme a montré le singe attaché à tout le monde et a l’a visé avec un arc en disant :  » C’est un type dégoûtant qui prétend être un dieu depuis des années et qui a mangé des sacrifices humains « . Après cela, il n ‘y eut plus de sacrifices et l’homme a vécu heureux en tant que chef du village.

Et il y a le Satori, dont le nom signifie prédire les intentions des gens, percevoir l’esprit des gens à l’avance. Les Satori sont des hommes-singes étranges et intelligents qui passent pour vivre dans les montagnes des provinces de Hida et Mino ( préfecture de Gifu) et sont capables de lire dans l’esprit des gens. Les humains les rencontrent le long des sentiers de montagne ou lorsqu’ils se reposent dans les montagnes. S’ils en ont l ‘occasion ils s’attaquent aux humains, pour les violer, les manger. Sekien Toriyama, artiste du 18ème siècle spécialiste des Yokaï décrit un Satori dans son Konjaku Gazu Zoku Hyakki comme un singe géant aux cheveux longs.

Le Satori de Sekien

Le yamabiko   signifie « écho », aussi Sekien le décrit comme un esprit qui imite les sons dans les montagnes

Le Hi hi est une autre créature simiesque d’origine chinoise, similaire au SartorI et au Yamako mais en plus puissant et plus féroce. Il ne peut s’empêcher de ricaner quand il aperçoit des humains, d’où son nom.

L’origine du Satori n’est pas tout à fait claire. Les encyclopédies de la période Edo relient le satori aux Yamako, des singes de l’ouest de la Chine. Il a également été théorisé que les Satori sont des cousins ​​​​du Yamabiko, un petit Yokai ressemblant à un singe. La capacité du satori à lire dans l’esprit des gens et la capacité du Yamabiko à imiter leurs mots sont enracinées dans le même folklore. Des folkloristes plus récents ont suggéré que les Satori sont des dieux déchus de la montagne de l’ancienne religion proto-shinto qui ont été reconvertis en yokai au fil des âges.

Yamako d’après « L’encyclopédie sino-japonaise illustrée » Wakan Sansai Zue 1712

Revenons maintenant à notre cher, et pas si solitaire Hibagon. D’ailleurs, les empreintes d’Hibagon collectées présentent des tailles diverses, impliquant la présence de plusieurs individus.

Alors qui est-il, qu’était-il ?

Nous allons passer en revue rapidement les théories habituelles. La méprise avec un ours est évidemment l’une des principales, il est présent au Japon, l ‘ours noir est un bon candidat. Mais les témoin affirment qu’ils auraient reconnu un ours si c’était le cas. Un animal échappé d’un zoo, ou plutôt détenu clandestinement par un particulier, puis relâché ou évadé ? C’est une piste également, même s’il s’agissait de plusieurs individus, et qu’ils étaient visiblement bien adaptés à leur environnement, en tout cas ne mendiaient pas de nourriture et n ‘ont attaqué personne. Un singe loca un peu corpulent, et mal identifié ? Selon les témoins Hibagon n ‘avait pas la queue que les singes devraient avoir, ni le croupion rouge. 

Ours noir du Japon

Une supercherie ? L’hypothèse mérite toute notre attention. Tout d’abord l’affaire a commencé au moment de la construction d’une station touristique. L’envie d’obtenir rapidement une notoriété énorme, pour rentabiliser les investissements, (sachant qu’en 1968 La Planète des singes est à l ‘affiche) aurait été un mobile très crédible. Jusqu’à aujourd’hui, Hibagon a garantit la célébrité à cette région, il semble être partout et nous attendre à bras ouvert.

La thèse de la conspiration est étayée par une pratique mise en place à Saijô. Au plus fort de  » l ‘émeute Hibagon », lorsque le village était envahi par des curieux de tous horizons, la municipalité a instauré un dédommagement financier en faveur des témoins. L’indemnité se montait à 5000 yens, une belle somme ( le salaire de départ à la mairie était de 15 000 yens) venant en réparation du harcèlement dont les 29 témoins furent victimes. Cela t-il suscité de faux témoignages ?

Oui probablement, mais voilà, Saijô, le cœur géographique des apparitions d’Hibagon est une toute petite communauté où les valeurs morales sont enracinées. Tout le monde se connaît, et chacun vieille jalousement sur sa propre réputation. Non seulement, les témoins s’offusquent qu’on les suspecte d’avoir tout inventé, mais en plus ils refusent d’envisager que leur voisin, leur cousin ait pu leur mentir. Cinquante ans après l ‘affaire, les témoins sont toujours aussi sûr d’eux, toujours aussi impressionnés, toujours aussi motivés à témoigner publiquement. comme on le voit dans cet article.

Et… s’il s’agissait d’une espèce de primate inconnue ?

Dont l ‘habitat aurait été perturbé par le chantier d’aménagement et qui se serait déplacé peu à peu vers le sud. Un trajet que semble indiquer la chronologie et la localisation des observations.

1:Hibagon 2:Yamagon 3:Kuigon. 73% de la superficie du Japon est constituée de forêts et montagnes

L’hypothèse d’un grand anthropoïde indigène du Japon, ayant élu domicile dans les montagnes du chûgoku (région centrale du Japon comprenant le département d’Hiroshima) et peut-être de Kyûshû, sachant qu’il n ‘y a aucun grand singe vivant au Japon en dehors des zoo. Mais continuons de creuser sur cette hypothèse fantastique.

En effet, il n’est pas rare qu’on retrouve sur les îles des espèces continentales plus petites. Notamment, le loup japonais (canis lupus hodophilax), ayant pour ancêtre le loup de Corée (canis lupus coreanus) descendant lui-même du loup Sibérien (canis lupus albus), n’était pas plus grand qu’un coyote et il était le plus petit loup au monde (long d’un mètre environ-3,2 pieds ).

Le gigantopithèque aurait-il également atteint le Japon lors d’une période de glaciation, trouvant un refuge dans les basses montagnes du sud du Japon, où pousse en abondance le bambou, sa nourriture supposée. Il n’avait également pas de rival pour la nourriture, et pas de prédateur. Toutefois, les ressources et les espaces du Japon étant moindres qu’en Chine, cela a pu justifier que sa population reste réduite, et que par adaptation sa physionomie se conforme à l’exiguïté relative de son nouvel environnement. Il y aurait alors vécu pendant plusieurs millénaires à l’écart des hommes, et y vivrait peut-être encore.

Tout cela n ‘est que pure spéculation, nous ne saurons sans doute jamais le fin mot de l ‘histoire.

à moins que…

Une découverte surprise vienne tout changer. Est-ce que cela s’est produit en 2017 dans la zone d’observation de l ‘Hibagon ? Il semble que le squelette d’un grand primate y fut retrouvé.

Autant vous le dire tout de suite, je n ‘ai pas beaucoup d’informations, il semblerait, hélas, que les habitants qui ont enterré la carcasse après l ‘avoir photographié sont décédés depuis et le lieu de sépulture n ‘a pas été encore retrouvé. Cela n ‘a pas l ‘air très sérieux, mais tout de même, un livre, Hibagon Japanese bigfoot a été écrit sur Hibagon en 2021 et il contient les détails sur cette  » chasse » au squelette.

L’auteur qui vit au Japon, semble affirmer que plusieurs régions ( notamment celle de Niigata) ont une tradition concernant un homme-singe, et que des randonneurs disparaissent un peu trop souvent à ces endroits. ( Par exemple)

Ici la chaine youtube de l’auteur

Il se pourrait bien qu’Hibagon nous réserve encore quelques surprises…

 






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