Le Tokoloshe

Le Tokoloshe est une créature bien présente pour de nombreuses populations de culture zoulou ou Xhosa,  au  Zimbabwe, Mozambique et en Afrique du Sud. Il est difficile d’imaginer combien cette créature est prise au sérieux, mais on peut relever dans la presse locale de nombreux indices de sa présence réelle ou imaginaire, et de la peur panique que le tokoloshe inspire encore aujourd’hui.

Voici ce que l ‘on dit de lui : Il ressemble à un lutin, il est effrayant, c’est un esprit facétieux et méchant, qui peut se rendre invisible, il aurait une relation spéciale à l ‘eau. Les personnes malveillantes utilisent des tokoloshes pour nuire aux autres. Au minimum, un tokoloshe peut être utilisé pour effrayer les enfants, mais il peut surtout provoquer la maladie, voire le décès de la victime. Seul un guérisseur spirituel a le pouvoir de le repousser.

Le Daily Sun est le principal tabloid d’Afrique du Sud

On trouve également des articles sur le tokoloshe dans des journaux plus sérieux du Mozambique et du Zimbabwe.

Le Mail&Guardian est un journal, et un site web d’informations reconnu dans toute l’Afrique australe, pour ses enquêtes notamment.

TOKOLOSHES, ces créatures employées par les sorciers, sont au cœur de la culture des habitants du Lowveld. Il est largement admis que celui qui possède l’un de ces êtres bestiaux peut s’enrichir aux dépens des autres.

Le tokoloshe – qui ressemble à un babouin ou à un homme poilu de petite taille avec un long pénis – est également réputé pour avoir un appétit sexuel insatiable et pour satisfaire ce désir, il rôde la nuit pour violer des femmes sans méfiance.

La semaine dernière, par exemple, deux hommes du village de Marite, près de Hazyview, ont été expulsés de la région. Ils ont reconnu avoir possédé des tokoloshes et les utiliser pour voler du maïs chez leurs voisins

Les habitants du district d’Ohrigstad disent qu’ils ont poursuivi un homme de leur village après avoir trouvé des preuves qu’il avait gardé un tokoloshe.

Le sorcier avait approché un fermier blanc et lui a suggéré de licencier tous les travailleurs noirs de la propriété, car il pourrait faire son travail seul. Le fermier le fit rapidement mais sa curiosité fut éveillée. Une nuit, il visita les champs et trouva un grand nombre de ces petites créatures qui cultivaient la terre avec son nouvel employé comme superviseur.

Les travailleurs sociaux reçoivent fréquemment dans cette région des plaintes de personnes qui affirment avoir été violées par un tokoloshe. Quand une femme se réveille la nuit avec de l’humidité entre ses jambes, elle va probablement croire qu’elle a été abordée sexuellement par cet être surnaturel.

On pense que chaque tokoloshe a un pouvoir surnaturel appelé mashoshapansi – qui le rend invisible. Il peut étendre son pénis indéfiniment et le faire passer sous terre jusqu’aux organies génitaux d’une femme endormie ou sans méfiance. La créature peut également entrer dans les maisons des personnes par une fente dans la porte.

Beaucoup de mes informateurs me disent que le divorce – l’un des plus grands problèmes sociaux dans les zones rurales – est causé par les tokoloshes qui violent les femmes de travailleurs migrants. Quand une femme perd son intérêt pour son mari, cela est souvent interprété comme le résultat d’un viol commis par le tokoloshe.

Selon un récent article d’Isak Niehaus, anthropologue à l’Université du Witwatersrand, le tokoloshe est fréquemment associé à des activités sexuelles illicites et hédonistes et aux perturbations sociales qui en découlent.

My Zimbabwe News est un site d’information en continu

Choc et désarroi ont saisi le village de Vukuzenzele situé dans le district d’Esigodini, dans la région d’Esikhoveni, à la suite de terribles révélations selon lesquelles un garçon de quatre ans, disparu mystérieusement il y a quatre mois, était en fait retenu par des sorciers soupçonnés de vouloir le transformer en tokoloshe.

Les révélations glaçantes ont été faites par des chasseurs de sorcières connus sous le nom de tsikamutandas qui se sont rendus dans la région pour une cérémonie de purification la semaine dernière à l’appel des villageois.

Cela après une recherche intense par les villageois du fils de Belinda Mlilo, disparu mystérieusement le 20 novembre 2018.

Selon certaines informations, Mlilo, employée de maison de  la famille Mhlanga, aurait laissé son enfant alors qu’elle se rendait dans un buisson à proximité pour ramasser du bois de chauffage. Le garçon aurait mystérieusement disparu lorsqu’il aurait tenté de suivre sa mère.

Notre visite dans la région mardi après-midi a révélé une atmosphère sombre, après que les tsikamutandas eurent assuré aux villageois que l’enfant était toujours en vie, mais était maintenu quelque-part par des sorcières de la région qui voulaient le transformer en tokoloshe.

Un ancien du village, Paul Sibanda, a déclaré que les tsikamutandas avaient révélé que l’enfant était vivant, mais que sa langue manquait, cette information a plongé la communauté dans l’ horreur.

«….Ils ont dit que les sorcières venaient de la région et qu’ils allaient les identifier et les confondre lors d’une cérémonie de purification au cours de laquelle ils porteraient secours au garçon. Ce n’est pas la première fois qu’un enfant disparait dans le village. Il y a deux ans, un autre enfant mystérieusement disparu a par la suite été retrouvé avec des parties intimes manquantes », a déclaré Sibanda.

 «C’est un mystère», a déclaré un autre voisin, secouant la tête avec incrédulité.

(….)

Le chef Njabulo Mguni a également confirmé que l’incident avait conforté l’intuition de Sibanda, qui a eu l’idée de faire appel aux chasseurs de sorcières:

 « C’est vrai, l’enfant a disparu et nos recherches au cours des quatre derniers mois se sont avérées infructueuses. Nous fondons maintenant nos espoirs sur les prophètes qui se sont rendus dans notre village pour une cérémonie de purification et qui ont affirmé que le garçon était toujours en vie et qu’ils allaient le sauver de l’endroit où il est gardé secrètement. »

Pendant ce temps, en 2016, une jeune fille de 13 ans d’Inyathi, dans le district de Bubi, dans le nord du Matabeleland, a choqué la communauté lorsqu’elle a avoué être restée dans un grenier pendant quatre jours en compagnie de quatre prétendus gobelins et six voisins au cours desquels ils se sont régalés de la chair de gens morts.

Ces articles font tous le portrait d’une créature malveillante, humaine mais difforme, coupable de crimes sexuels, et issue du savoir-faire des sorciers locaux.

Mais il n’y a aucun dessin, aucune gravure, aucune sculpture,  les locaux ne le représentent jamais par peur de l’attirer, par superstition. Car il n’y a jamais de rencontres heureuses avec un tokoloshe.

 Pourtant en 2017, une série de photos est postée sur internet par un mozambicain. D’après lui, des sorciers traditionnels, des sangomas, auraient capturé un tokoloshe qui venait chaque nuit harceler les femmes de leur village.

A l’origine ces photos ont été postées depuis un compte facebook
S’agit-il juste d’un simple costume ?

Est-ce un réel tokoloshe, ou seulement une personne déguisée comme pour un carnaval, voire droguée ? Est-ce une fête folklorique ou une scène plus macabre ? Personne n’est allé vérifier, ou enquêter sur ces photos, l’interprétation est ouverte. Même s’il s’agit d’un simple costume, d’une mise en scène, la personne ici à l’image présente plusieurs caractéristiques prêtées au tokoloshe, notamment la petite taille, le faux sexe, (on ne distingue pas de langue). De plus en observant, autant que possible,  ses ongles, ses cheveux, on peut déduire qu’il s’agit d’un individu vivant en marge de la société et qu’il est entouré de sangomas.

Nous poursuivons maintenant notre exploration du mythe du tokoloshe, travers ce que nous disent de lui les traditions orales de cette région.

ll n’y pas beaucoup de documentation disponible pour nous aider à décrire et caractériser le tokoloshe. Il y a certes encore beaucoup à découvrir sur le sujet dans les récits d’explorateurs et de colons. Mais qu’en disent les Africains eux même ?

Si aujourd’hui, on peut retrouver dans les médias de certains pays comme le Zimbabwe, ou le Mozambique, de nombreux articles sur le tokoloshe et ses méfaits supposés, il est pertinent de partir de la sagesse ancestrale, du folklore le plus ancien. Concernant le Tokoloshe, il existe une source, qui si elle n’a pas été négligée jusqu’ici a été plutôt sous exploitée concernant le tokoloshe.

Je fais référence à l’ouvrage Indaba my Children, un imposant recueil des traditions orales d’une bonne partie de l’Afrique. Cette ouvrage de référence est l’œuvre de Crédo Mutwa, écrivain, poète, sculpteur et surtout sangoma, c’est-à-dire sorcier sud-africain. Sa vie elle-même résonne comme une légende des plus épiques.

Credo Mutwa

Credo Mutwa nait le 21 juillet 1921 dans la province sud-africaine du ZuluLand dans la région du KwaZulu Natal, à l’est du pays, sur la côte bordant l’océan indien. Son père est un catholique à la pratique extrême, sa mère elle, vient d’une famille qui ne s’est jamais convertie dans laquelle figurent de nombreux sangomas, hommes ou femmes. Ils prennent très mal cet union avec un catholique fervent. Les sangomas sont des devins, des voyants, des guérisseurs, des exorcistes, des personnes censées entrer en contact avec les esprits ancestraux. Ils sont supposés avoir des capacités et accomplir des tâches similaires ou identiques aux chamanes de différentes cultures du monde.

Le Zululand se situe au nord de Durban

Pour effacer cet outrage, les sangomas de la famille de Credo Mutwa,  exigent alors qu’il soit élevé par la famille de son père, et ainsi coupé de tout contact avec la culture traditionnelle zoulou. Mais à l’âge de 16 ans, Credo Mutwa est victime d’une violente agression, qui le laisse meurtri et malade, il dépérit. Son père, au nom de sa foi, refuse qu’il soit soigné par autre chose que des prières. A ce moment Credo Mutwa est assailli de nombreuses visions, dont celle du roi Shaka Zulu, qui lui ordonne de prendre le titre de Vusamazulu, « celui qui éveille les zoulous ».

Finalement, Credo Mutwa rejoint la famille de sa mère, dans un bidonville de Durban. Il est soigné par sa tante Mynah, une sangoma, qui reconnait en lui un futur sangoma, et pendant sa guérison Credo Mutwa apprend auprès d’elle la culture ancestrale zoulou et tout ce qu’il faut connaître pour être sorcier. Il est initié au bout de deux ans, ce qui est très court, et il commence sa vie de Sangoma.  

Dans les années 1950, il travaille,  dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, pour un antiquaire de Johannesburg, pour le compte de qui il parcourt le pays afin d’ authentifier des pièces d’art africain. Ces voyages lui permettent d’approfondir sa connaissance du folklore et des traditions de son pays.

En mars 1960, il participe à des marches de protestation contre l’apartheid, violemment réprimées, d’ailleurs son amie proche est abattue par la police. Le cœur brisé, il conclu que la violence ne peut être une solution, et il se donne pour but, alors, d’expliquer la richesse de la culture de son peuple pour obtenir des Blancs le respect et la paix. Il veut alors « combattre l’ignorance criminelle des colons à l’égard des populations africaines ».

La massacre de Sharpeville le 21 mars 1960, 249 victimes.

Il convainc son patron, et des missionnaires, de financer la publication en 1964 des 700 pages d’Indaba my Children, une somme considérée comme le premier et encore aujourd’hui l’unique recueil des traditions tribales orales, et des croyances religieuses des peuples bantous, qui forment une aire culturelle et linguistique allant du Cameroun à l’Afrique du Sud.

 L’ouvrage est encore aujourd’hui au centre de controverses, des universitaires doutent de l’ authenticité de certaines légendes, tandis que des Bantous lui reprochent d’exposer aux yeux de tous les éléments les plus secrets et tabous de leur culture auparavant inaccessible pour les étrangers. Credo Mutwa n’en reste pas moins un sangoma de profession,  respecté par ses pairs,  un remarquable écrivain, à la fois poète et philosophe, mais surtout c’est un esprit libre. Plusieurs pages d’Indaba my children sont consacrées au Tokoloshe.

page 604 :

Quelque chose doit être clarifié ici qui n’a jamais été expliqué avant. Tous les étrangers d’ Afrique ont entendu parler du tokoloshe. Mais l’image qu’ils en ont, si jamais ils en ont une, est celle d’une créature velue, proche de l’homme comme le sont les elfes, mais qui vivrait dans l’eau, et serait parfois chargées par les sorciers de terroriser les gens. Ce concept comme beaucoup d’autres, est totalement erroné. De même,  tout ceux qui ne voient dans le tokoloshe qu’une superstition doivent être prudents. Le tokoloshe, ce n’est pas juste le fruit de l’imagination de ces « sauvages superstitieux », comme certains occidentaux « éclairés » ont qualifié les Bantous dans la presse. De nombreuses croyances des Bantous sont basés sur des faits, scientifiques, et le tokoloshe est l’un d’eux . Personne ne se met à croire en quelque-chose, s’il n’y a pas des faits qui, d’une manière ou d’une autre le conduise à cette croyance.

Puis Credo Mutwa raconte l’histoire de la création du premier Tolokoshe, invention d’un sangoma, qui sera elle-même copiée ensuite par tous les autres sangomas. Cette histoire est l’histoire de la vengeance de Mulundi, un très vieux sorcier,  mais puissant et rusé contre, Kambela un tyran sanguinaire. Se sachant menacé par Mulundi, Kambela ( qui avait auparavant massacré la famille de Mulundi) dormait dans sa hutte entouré de gardes du corps. Mais alors qu’il était assoupi, un léger bruit le réveilla.

 Lorsqu’il ouvrit les yeux, il aperçut la dernière chose qu’il vit de son vivant : un petit être trapu et suintant, démoniaque, masqué et vêtu de peaux de babouins, dont se dégageait «   l‘essence même du mal . D’une ficelle nouée autour de son coup pendait la tête pratiquement décomposée d’une femme. Il avait en main un arc muni de flèches empoisonnées, prêt à être utilisé. 

Ce qu’il fit et il tua Kimbela.

Le premier Tokoloshe venait de frapper. Mais qui était-il ? qu’était-il ? Voilà comment Credo Mutwa le décrit : «  Un tokoloshe n’est pas un fantôme, ni un phénomène surnaturel. C’est un être humain parfaitement réel, qui existe dans le cadre de ce que la science nous a appris. Mulundi avait choisi un pygmée de très petite taille, et il avait réduit son poids au moyen d’un régime stricte. Mais plus que tout, il avait réussi à le transformer en zombie en altérant simplement le fonctionnement de son cerveau. Un poinçon très aiguisé peut suffire. »

Sa petite taille et son poids infime lui permirent de se faufiler dans les ouvertures minuscules de la hutte du tyran sans éveiller les soupçons.

Pour Credo Mutwa, le tokoloshe et zombie haïtien ont donc beaucoup en commun. Tout d’abord un sangoma provoque la « fausse » mort d’un individu, qu’il va ensuite rechercher dans la tombe. Plusieurs semaines après, le tokoloshe est envoyé vers sa première victime, qui généralement meurt tout simplement de peur. Par la suite, les sorciers bantous auraient perfectionné l’art du tokoloshe et se seraient mis à les façonner dès l’enfance.  D’après lui, en 1922, un gang de sorciers, avaient mis sur pied un élevage de tokoloshe, dans les montagnes du Drakensberg, au Basutoland ( Lesotho) .

 Voilà comment Credo Mutwa décrit la création d’un tokoloshe : Quand l’homme blanc, et les missionnaires sont arrivées, le meurtre des enfants nés idiots ou atteints de crétinisme a cessé, et cela a conduit à une multiplication de ces spécimens grotesques de l’espèce humaine. Mais si jamais un de ces idiots venait à disparaître, alors personne ne s’en plaignait, surtout pas les parents eux même. Nombreux sont ceux, qui, finalement se sont retrouvés entre les mains de sorciers, particulièrement les filles. Ils les ont dressées, se sont reproduits avec elles, les maintenant dans des caves obscures jusqu’au moment de l’accouchement. Souvent au Basutoland ( Lesotho)-le pays des meurtres rituels, ces enfants sont mis au monde par césarienne, sans aucune considération pour la vie de la mère. Des remèdes sont alors confectionnés à partir de parties de son corps, qui sont administrés à son propre enfant afin qu’il grandisse dans une atmosphère profondément malfaisante. Le bébé était ensuite élevé par d’autres femmes captives, nourri d’une mixture de lait de chienne, d’ânesse, de vache, de sang de corbeaux et de vautours. Dès l’âge de 6 mois, il subit des transformations afin de l’adapter à ses futures missions : fixée sur son dos par des sangles, une pièce de bois ronde déforme sa colonne vertébrale, le rendant bossu. De la même façon,  les jambes étaient sanglées pour prendre des formes grotesques en grandissant.

Si le tokoloshe est élevé dans la haine des autres, il idolâtre son maître sorcier. Il suit alors un curieux apprentissage : on lui apprend escalader les arbres avec ses membres déformés, à creuser un terrier. Il devient expert dans les multiples façons de tuer quelqu’un, autant que dans la manière d’effacer complètement ses traces. A l’âge de 12 ans, sa langue est mutilée pour supprimer toute possibilité de parler. Parvenu à cet âge, il représente une marionnette aussi légère qu’une plume dans la main du sorcier, un robot sans aucune pensée qui va exécuter chaque ordre reçu, une créature qui aux yeux de celui qui l’a élevée et entrainée, à plus de valeur qu’un troupeau d’une centaine de vaches. »

 Credo Mutwa conclu ainsi ce passage « tokoloshe signifie littéralement « le grand mal mystérieux ». Aucun Bantou ne le représenterait dans une scupture. Quand un Bantou parle du tokoloshe, il le nomme «  le mal mystérieux », ce qui signifie « mêle toi de tes affaires ».  

Un aspect de la mythologie autour du tokoloshe n’est pas abordé par Credo Mutwa, concernant la libido de la créature. Aujourd’hui si le tokoloshe continue à faire les gros titres dans certains pays d’Afrique australe, il le doit surtout à ses crimes sexuels supposés.  Là encore nulle mention d’un être simiesque, d’un primate velu dans les récits contemporains. A suivre.

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