Témoignages : L’homme sauvage des Pyrénées

Réserve naturelle nationale du Néouvielle ( photo Romaric Juvanon)

Nous publions ici deux témoignages contemporains que nous avions dans nos tiroirs. Ils ne sont pas inédits, mais ils demeurent peu connus, et ils se recoupent en partie. Ils décrivent des hommes sauvages prenant l’habitude de chaparder et de s’abriter dans les chalets d’altitude avant leurs ouvertures officielles. Voilà de quoi alimenter les soirées au coin du feu, c’est la saison.

L’homme sauvage de la Chartreuse, témoignage de Christophe F., 1976

Ce témoignage a été recueilli par Christian Le Noël lors de plusieurs échanges électroniques en  2005 avec le témoin, qui révèle un incident traumatisant de sa jeunesse, survenu en 1976 dans le massif de la Chartreuse.   

1° courrier électronique (mercredi 18 mai 2005) :

     Je n’ai que ma parole. Mais cette histoire est vraie ! Nous étions six, dont mon frère. Nous étions partis de Bruxelles en voiture, pour nous rendre aux environs de la Dent de Crolles, près de Grenoble. A cette époque, je pratiquais assidûment la spéléologie et l’alpinisme avec mes camarades. 

     C’était un mois d’avril durant les vacances de Pâques. En voiture, nous avions grimpé le plus haut possible. Ensuite, nous avions continué à pied dans la montagne pour enfin loger dans un refuge ouvert. Comme c’était très tôt dans la saison,  il y avait encore beaucoup de neige et nous étions les seuls dans cet endroit. 

Hercule-homme sauvage de l ‘église de Guchen, Hautes-Pyrénées
( photo Franz E. Petiteau)

Soudain, en pleine nuit, la porte s’est violemment ouverte et les chaussures ont volé au bout du refuge à grand fracas. Depuis mon sac de couchage, je me trouvais à moins de deux mètres d’un être fantastique. Il se tenait dans l’embrasure de la porte. Couvert de longs poils sur tout le corps. J’ai évalué sa taille à deux mètres de haut. Je le voyais nettement, car il se présentait en contre-jour avec les dernières lueurs du feu de camp qui se trouvait devant notre porte. Mes camarades l’ont tous vu et certains ont même hurlé de frayeur. Apparemment effrayé, l’homme-singe s’est enfui dans un silence total. Je n’ai perçu aucune odeur particulière.

 

Nous avons refermé peureusement la porte et nous nous sommes rendormis. Le lendemain, nous étions tellement apeurés que nous n’avons même pas cherché de traces dans la neige. Nous avons plié bagage, et nous sommes partis.

 J’ignorais, à cette époque-là, que des hommes sauvages ont déjà été aperçus dans les Alpes. Aujourd’hui, après avoir parcouru votre site (ndlr : le site internet défunt de l’AFRC), je suis certain d’avoir vu l’équivalent du Yéti dans les Alpes. 

   

Les dents de Crolles

2° courrier électronique (lundi 23 mai 2005) :

Cher monsieur, merci pour votre aimable réponse. 

     D’après mes souvenirs, ces évènements se sont produits en avril 1976. Aucun d’entre nous six n’a jamais osé parler de cette histoire tant le phénomène nous paraissait incroyable. Le lieu est le suivant : dans le massif de la Grande Chartreuse. En venant de Grenoble, au-delà de la Dent des Crolles se situe une région très boisée et ensuite d’alpages d’altitude vers le Grand Som. Plusieurs petites routes plus ou moins carrossables permettent l’accès vers de belles randonnées. En début de saison, la neige reste longtemps accrochée sur les sommets. 

     La créature : 2 mètres de haut. Une épaisse chevelure car je n’ai pas vu le cou. De longs bras, plus long que ceux d’un être humain. L’ensemble du corps est recouvert de longs poils qui pendent. L’être s’est déplacé dans un silence total. Il est entré brusquement dans la cabane comme s’il connaissait l’endroit. Il devait être très fort pour avoir projeté nos bottines qui bloquaient le bas de la porte, de l’autre côté de la cabane. Bien qu’il ne fût pas menaçant, sa carrure m’a paru effrayante.

     La porte du refuge paraissait trop petite pour lui. L’homme sauvage est resté quelques instants à regarder vers nous. Bien qu’il se trouvait à moins de deux mètres de moi, je n’ai pas vu son visage ni son regard car il y avait un « contre-jour » avec les lueurs du feu de camp devant le refuge. Aucun de nous n’a osé sortir. Nous avons bloqué la porte le mieux possible et nous nous sommes recouchés peureusement. 

     Aujourd’hui, je regrette de ne pas avoir cherché de traces. Mais j’étais sous le choc. Je n’avais pas la maturité nécessaire pour réagir méthodiquement. Je serais heureux de recevoir un exemplaire de votre publication et je m’y abonnerai sans aucun doute. Je vous autorise bien volontiers à publier mon récit. 

3° courrier électronique (vendredi 27 mai 2005) :

Cher monsieur, 

La façon brutale avec laquelle l’homme sauvage a ouvert la porte du refuge est mon premier souvenir. Je confirme qu’il a fait un pas à l’intérieur. Il a dû probablement pencher la tête pour rentrer, mais il était bien à l’intérieur. Couché sur le sol, à sa gauche, j’étais au premier rang. La cabane a la forme d’une tente : c’est-à-dire deux pans de bois (le toit) reposant directement sur le plancher élevé. Une lourde porte et aucune fenêtre. 

Bien à vous,

C. F.

Les intrus du refuge du Bastan, 2005

refuge du Bastan-été

Le second témoignage a déjà été publié dans l’ouvrage de Florent Barrère, Sur les traces de l ‘homme sauvage, page 83.

Le témoin, Jean-Baptiste B., un copain de lycée de Florent, lui a raconté un épisode qui l ‘a fortement marqué et effrayé, survenu en 2005.

Jean-Baptiste, se trouvait alors en randonnée en raquettes, avec son épouse et un ami, dans le massif du Néouville. La neige arrivait sous leurs pieds à partir du lac de l’Oule, en arrivant au refuge de Bastan elle atteignait un mètre d’épaisseur.

Les trois amis atteignent le chalet vers 20h, ils se mettent aussitôt à confectionner un repas de pommes de terre et de raviolis. Ils jettent les restes dans la neiges.

A 22h30 ils se couchent, au rez-de chaussée du refuge. Une demi-heure plus tard, ils commencent à entendre de l ‘agitation venant de l ‘endroit où les restes du repas ont été laissés.

le refuge de Bastan-hivers ( photo Michel Bessone)

23h30, des cris étranges, comme des couinements rauques, et des bruits de pas bipèdes sont entendus venant du premier étage du refuge. Les bruits indiquaient qu’après être restée dans le couloir, les créatures se sont dirigées vers les chambres du premier étage.

L’accès n ‘est pas simple pour un animal sauvage, seule une échelle étroite permet d’y accéder, et une porte doit être ouverte pour entrer. Plus tôt, lorsque les amis sont arrivés au refuge, la porte de l ‘étage était alors bien fermée.

Il semble que le reste de la nuit fut calme, le lendemain matin les randonneurs se sont éloignés du refuge le plus rapidement possible, sans vérifier si le premier étage était occupé. Ils n’ont pas cherché de traces dans la neige, ils sont simplement constaté que la moitié des restes avait disparu.

FIN

4 commentaires

    1. Merci à vous pour votre enthousiasme et vos encouragements à toute épreuve. J’avais compilé l’ensemble des témoignages portés à ma connaissance sur ce sujet en France dans l’ouvrage : « Sur les traces de l’homme sauvage » (Favre, 2021)

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