A la recherche des dragons vivants 1

par Richard Freeman

Le dragon est l’ancêtre de tous les monstres. Avant le démon, avant le vampire, devant le loup-garou, devant le géant. Le dragon est l’archétype du monstre, il fut le premier d’entre eux.

L’image du dragon se retrouve sur les parois des cavernes, à côté de lui, les mammouths semblent minuscules. Il surgit dans l’art rupestre chinois dans la province du Shanxi, des milliers d’années avant Jésus-Christ. Il hantait les Sumériens et les Babyloniens, était adoré par les Aztèques et craint par les Celtes. À l’est, c’était un dieu étincelant de la pluie, à l’ouest un monstre cracheur de feu friant de jeunes filles. On le trouve dans toutes les cultures sur terre.

Il s’agit de la plus ancienne ( – 6000 ans) représentation de dragon répertoriée, mosaïque de coquillages disposée sur le sol d’une tombe de l’autre côté du défunt, la mosaïque d’un tigre. Culture Yangshao, Xi’an, Chine

Confucius, (551-479) AV. J.-C., le célèbre philosophe chinois a écrit au sujet des dragons…

 Je sais comment les oiseaux volent, comment les poissons nagent, comment les animaux courent. Mais il y a le Dragon. Je ne peux pas dire comment il monte sur les vents à travers les nuages et vole à travers le ciel. Aujourd’hui, j’ai vu le Dragon.

Stace (Publius Papinius Statius), poète de la Rome antique (40- 96) Thebaïde, livre V :

Cependant, au milieu de la plaine, un serpent, enfant de la terre, qui remplit ce bois d’une terreur religieuse, se dresse, déroule la masse énorme de ses replis, et laisse encore après lui de longs anneaux. Ses yeux lancent un feu sombre, sa gueule gonflée se colore de l’écume d’un venin verdâtre; sa langue fait vibrer ses trois dards; trois rangs de dents aiguës apparaissent menaçants, et son front doré s’élève terrible et majestueux. Les laboureurs l’ont consacré à Jupiter Inachus, protecteur de ces lieux, à qui ils n’ont pu offrir que le faible hommage d’un autel de gazon. Tantôt ce reptile, de ses anneaux tortueux entoure le temple du dieu; tantôt il broie les arbres de cette malheureuse forêt, et écrase dans ses embrassements les vastes frênes. Souvent il s’étend sur les fleuves et touche aux deux rives. L’onde, coupée par ses écailles, bouillonne. Mais maintenant que, par l’ordre de Bacchus, toute la terre est haletante de chaleur, que les Nymphes éperdues se cachent dans la poussière, [5,520] plus terrible encore, le monstre replie sur lui-même ses flancs, son dos sinueux, irrité par le feu de son venin desséché. Il se roule à travers les étangs, les lacs arides, les sources taries, les vallées vides de leurs fleuves, et, dans son anxiété, tantôt la tête renversée, il pompe l’air humide, tantôt, rasant les plaines gémissantes, il se courbe sur le sol, il s’y attache pour extraire le suc des herbes verdoyantes. L’herbe atteinte de son souffle brûlant tombe partout où il promène son dard, et ses sifflements portent la mort dans les campagnes. »

Dragon dace de la colonne de Trajan, Rome
En étudiant les textes les plus anciens, étayés par les données de l’archéologie, de la linguistique comparative et de la génétique des populations humaines, Micheal Witzel met au jour une seule source africaine originale, datant d’environ 100 000 ans, pour nos mythes collectifs .

Michael Witzel, un linguiste et philologue de l’Université Harvard a utilisé l’analyse phylogénétique des légendes pour retracer leurs origines à une époque beaucoup plus lointaine que quiconque ne l’avait jusque-là envisagé.  Dans son livre The Origin of the World’s Mythologies ( Oxford University Presse, 2013), il date les premières légendes du dragon d’au moins 40 000 ans, à une époque où des humains modernes quittaient l’Afrique pour se rendre en Europe et à travers le monde. Ainsi, il se peut que l’origine des dragons se trouve en Afrique. Le dragon immortel a certes ses crocs et ses griffes plantés dans les tréfonds de la psyché humaine. Mais on l’aperçoit encore de nos jours.

1 Les dragons terrestres

En 1884, le grand naturaliste victorien Charles Gould a écrit un tome fascinant intitulé Mythical Monsters   Fact or Fiction. Ce livre a été publié seulement 25 ans après celui de Darwin  L’Origine des espèces, et postulait l’existence zoologique de créatures légendaires.

Gould s’attaquait ici à des absents de l’Arche comme la licorne, le phénix, le serpent de mer et, surtout, le dragon. Après avoir retracé l’histoire draconique pendant plusieurs chapitres, il en arrive aux conclusions suivantes sur la nature des dragons.

« Nous pouvons en déduire qu’il s’agissait d’un long lézard terrestre, hibernant, et carnivore, avec le pouvoir de recroqueviller son corps et sa queue serpentins; il peut être doté d’une sorte d’aile, comme une extension de son tegument ( peau), sur le modèle des Dracos volants . Il est capable de prouesses occasionnelles sur ses seules pattes arrières, lorsqu’il est excité en position d’attaque. Il semble avoir été protégé par des armures et des pointes projetées, comme celles de Moloch horridus et Megalania prisca, et était peut-être plus proche de cette dernière espèce qu’à toute autre qui est encore venue à notre connaissance. Probablement il a préféré le terrain sableux, pays ouvert aux terres forestières, son habitat était la haute terre de l’Asie centrale, et le moment de sa disparition celui du déluge biblique discuté dans un chapitre précédent.

Bien qu’il l ait probablement ça en commun avec la plupart des reptiles, il apprécie de se baigner fréquemment quand il n’est pas si enragé, ou se prélasser au soleil, sur une bande de terre ou en surplomb d’ une caverne. Quant à l’idée de son penchant pour les hirondelles, et de son pouvoir de les attirer, mentionné dans certaines traditions, il est possible qu’elle soit dérivée d’ oiseaux volants autour et au travers de ses mâchoires ouvertes à la poursuite de mouches attirées par les humeurs viciées de sa bouche. Nous savons que de nos jours un oiseau, le trochilus des anciens, pénètre librement dans la bouche ouverte du crocodile, et le débarrasse des parasites affectant ses dents et ses mâchoires. « 

un pluvier et un crocodile

D’une certaine façon, Gould s’est davantage rapproché de la vérité que quiconque le soupçonnait.

Nous connaissons bien entendu le dragon de Komodo, mais il avait un ancêtre préhistorique qui était bien plus grand. L’époque du Pléistocène (- 2 millions à 10 0000 ans) a été caractérisée par la prolifération de la mégafaune. Des animaux de grande taille vivaient sur tous les continents (à l’exception de l’Antarctique).  L’Australie en a accueilli quelques-uns des plus bizarres et des plus étonnants. 

Il s’agit notamment de:

·           Diprotodon      un wombat semi-aquatique de la taille d’un hippopotame.  

Diprotodon

·           Procoptodon,  un kangourou de 3 mètres de hauteur

Procoptodon

·           Nototherium   un marsupial « rhino ».  

Rob Hedge on Twitter: "Incredible creatures. 3m long, 2m tall, almost 3  tonnes in weight. There are also specimens of its smaller cousin,  Nototherium...… https://t.co/eWeb7bqnCe"

·           Palorchestes    koala de la taille d’ un ours

·           Genyornis  est une oie géante terrestre et carnivore !

Genyornis

Pour s’attaquer à ce troupeau surréaliste d’herbivores des antipodes, des carnivores tout aussi étranges ont évolué.

Le plus spectaculaire reptilien macro-prédateur fut surement le géant varanid Megalania prisca.  Cet immense lézard a atteint une longueur de 10 mètres- rivalisant ainsi avec les plus grands crocodiles contemporains. Tout comme un dragon de Komodo à l’échelle, Megalania s’en prenait aux grands herbivores de son temps. Et comme le dragon de Komodo, sa morsure pourrait avoir été venimeuse.

Les défenses en armures projetables, mentionnées par Gould appartenaient en fait à une tortue géante, Meiolania, dont les restes fossiles avaient été mélangés avec ceux de Megalania.

Megalania prisca (varanidae), le plus grand lézard terrestre connu, fut décrit pour la première fois par Sir Richard Owen en 1859, Mégalania vivait dans une variété d’habitats du Pléistocène de l’Australie orientale – forêts ouvertes, forêts et peut-être prairies.
Mégalania prisca aurait vécu jusqu’il y a -40 000 ans et ressemblait beaucoup au varan de Komodo, mais plus grand

Les Aborigènes sont arrivés dans la région il y a environ cinquante mille ans. Partager leur environnement avec un tel monstre devait être traumatisant, et Megalania  – presque certainement un mangeur d’Hommes – s’est installé dans la culture autochtone.

 La vaste bête est devenue Mungoon-galli – ‘The Goanna Bunyip’. Les indigènes croyaient que Mungoon-galli provoquait des tempêtes de sable en faisant tournoyer sa queue puissante, de la même manière que les Chinois ont cru que les dragons exerçaient un contrôle sur la météo. C’est l’une des nombreuses coïncidences que l’on retrouve lorsque l’ on étudie le folklore du dragon dans les cultures du monde entier.

Ce qui était auparavant considéré comme un fantasme de la crytozoologie a finalement été prouvé : Les premiers Australiens ont bien cotoyé Mégalania

Il y a environ dix mille ans, le climat d’Australie a commencé à changer.  Il est devenu plus aride, les forêts tropicales se sont retirées vers le nord, et les cours d’eau intérieurs ont diminué.  Dans le même temps, les humains ont exploité la nouvelle sécheresse et ont commencé à allumer d’énormes feux de brousse. Ce type de feux sont fréquents dans les zones tropicales à la saison sèche, mais les incendies entretenus à cause du changement climatique ajoutés à la chasse humaine, c’en était trop pour la mégafaune de l’Australie. Les marsupiaux géants et les oiseaux ont donc, comme l’ensemble de la mégafaune, disparu.  

Nos mâchoires se sont décrochées lorsque nous avons trouvé ce minuscule fossile d’un lézard géant lors d’une fouille de deux mètres de profondeur dans l’une des grottes du Capricorne, près de Rockhampton , a déclaré le paléo- hérpétologue Gilbert Price en 2015.

Le fait que des varans géants partageaient l’outback avec les ancêtres des Aborigènes pourrait en faire les premiers specimens de cette mégafaune à succomber face à l ‘accroissement de la population Humaine.

Sa proie ayant disparu, il est supposé que Megalania prisca l’a suivi dans l’extinction. Mais ce n’est peut-être pas le cas. 

Le dragon de Komodo a survécu à l’extinction des éléphants nains qu’il chassait, en tuant de plus petites créatures. Il n’y a aucune raison que Megalania n’ait pas pu faire la même chose. Il convient de noter, que, en plus de la faune endémique de taille modeste, il y a beaucoup d’espèces introduites en Australie. Il s’agit notamment de buffles d’eau-buffalos asiatiques sauvages et de chameaux-dromadaires. Ralph Molnar – un paléontologue australien et spécialiste du Megalania dit qu’il a examiné ce qui pourrait avoir été un os de Megalania non fossilisé! Il fait partie d’un ilum ou d’un os de la hanche, et Molnar pensait qu’il semblait avoir entre 100 et 200 ans. Cela éclaire notre sujet d’une manière différente.

Pour un animal censé être éteint depuis des dizaines de milliers d’années, il est encore bien vivace dans les mémoires.

Les Aborigènes ont toujours affirmé avoir rencontré des lézards géants, mais quand l’Australie a commencé à être colonisée par des européens, eux aussi ont croisé le chemin du « seigneur de l’Outback ». 

L’une des premières observations a eu lieu en 1890 au village d’Euroa, Victoria.  Un lézard de près de 10 mètres est sorti de la brousse provoquant la panique et laissant une traînée d’empreintes de taille énorme. Une troupe de quarante hommes, armés d’armes à feu et de filets, se sont mis en chasse avec des chiens de troupeaux afin de piéger le monstre et l’exterminer. Mais la bête devait avoir d’autres projets, elle disparut dans le maquis pour ne plus être vu.

forêt tropicale du parc national Dorrigo, Nouvelles-Galles-du-sud, Australie

En mai 1961, trois bûcherons rencontrèrent un énorme lézard. Ils se trouvaient dans une partie reculée de la forêt de Wauchop (Nouvelle-Galles du Sud). Après avoir marqué quelques arbres pour l’abattage, le trio s’assit pour infuser du thé dans une zone précédemment défrichée. Cet endroit était maintenant couvert de bois pourri et les bûcherons se mirent à entendre le craquement de quelque chose de grand s’approchant d’eux. En levant les yeux, ils aperçurent un lézard titanesque qui les observait depuis un remblai. Pris de panique, le trio s’enferma dans le véhicule, regardant horrifiés le dragon traversant la piste de terre et retournant dans la forêt. Tous s’accordaient sur une longueur d’environ 10 mètres, et que l’animal tenait son corps à 1 mètre du sol. 

Peut-être l’observation la plus importante s’est produite en 1979 dans les montagnes de Wattagan (Nouvelle-Galles du Sud), car elle a impliqué un herpétologue professionnel – un scientifique qui se spécialise dans l’étude des reptiles!  Frank Gordon avait emmené son Landrover à quatre roues motrices dans les montagnes à la recherche de minuscules lézards connus sous le nom de scinques d’eau.  Après plusieurs heures de recherche infructueuse, Gordon est retourné à son véhicule et a remarqué un grand tronc d’arbre couché sur une rive de 6 pieds de haut à côté de la land-Rover.  Gordon ne se souvenait pas d’avoir remarqué cet arbre avant, mais il n’en fit pas grand cas, jusqu’à ce qu’il tourne a clé de contact et démarra son véhicule. Cela avait fait le « tronc » se replier et se soulever sur quatre jambes puissantes, pour foncer dans les bois. Gordon, qui a été assez choqué, a estimé qu’il était d’un peu moins de 10m de long, en jugeant par rapport à son Land-Rover. Quelle ironie , après avoir échoué à trouver des petits lézards, il en avait trouvé un très grand ! Lorsqu’un expert reconnu dans le domaine voit un animal comme celui-ci – de près et avec un cadre de référence pour la taille – les doutes sur son existence sont sérieusement érodés.

Ces géants sont généralement décrits comme étant d’un gris-vert tacheté, et comme dans l’observation ci-dessus sont souvent confondus avec les arbres tombés. Peut-être que c’est une forme de camouflage utilisée par le Megalania dans la chasse en embuscade . Dans un autre cas, provenant également des montagnes Wattagan, deux agriculteurs ont arrêté leur land-rover pour déplacer un tronc qui bloquait la route. Une fois de plus, le bois mort s’animait, se transformant en monstre bien plus long que la largeur de la route, estimée à 6 mètres.  Heureusement, (les hommes étaient à l’extérieur du véhicule, ils s‘approchèrent du monstre en parfaite ignorance), la bête ne devait pas être affamée car elle fît retraite placidement dans les buissons.

Plus au nord en Nouvelle-Galles du Sud, on trouve l’une des plus grandes forêts subtropicales en Australie – la réserve naturelle de Limpwood. La réserve est un vaste plateau de forêt intacte. Il y a de vraies pentes abruptes, et elle fait partie de la chaîne Macpherson qui s’étend entre les Nouvelles-Galles du Sud et le Queensland. La partie nord fait partie d’un volcan éteint vieux de 20 millions d’années dont le noyau de lave est maintenant le mont Warning.

En 1984, feu Peter Sleeman se promenait dans la forêt. Il se trouvait dans un endroit ou l’eucalyptus, devenu sec avaient laissé la place a des arbustes fleuris, originaires d’amérique du sud. Comme il marchait autour de la brousse,  il a clairement entendu des pas qui semblaient le suivre. Prudent quant à savoir qui pourrait le suivre dans une région aussi éloignée, il a dévié vers un sentier jusqu’à une petite clairière et a attendu que son harceleur émerge.

À son horreur, ce n’était pas une personne, mais un monitor géant qui pointait sa tête au coin de la clairière !  Il ressemblait à un varan bigarré (Varanus verius) sauf pour sa taille énorme. Le varan bigarré a une tête d’environ 15cm de long. La tête de ce géant était quatre fois plus grande, et se maintenait à 1 mètre du sol. Il n’a observé que la tête, les pattes avant et la partie avant du corps. L’animal agitait sa langue fourchue et semblait goûter l’air. Sleeman s’est rendu compte – avec peur – qu’il était chassé.

Heureusement, la cachette de Sleeman était bonne, et le monstre s’est éloigné. Sleeman a quitté les lieux et n’ y est jamais revenu. En estimant un lézard quatre fois plus grand qu’un varan bigarré, nous pouvons en déduire une créature de 6 à 8 mètres de long. Il a transmis l’histoire au frère de Gary Opit, un zoologiste australien respecté avec de nombreuses années d’expérience sur le terrain, qui anime une émission environnementale sur 2RN North Coast ABC Radio. Gary et son frère ont exploré la région, mais n’ont jamais trouvé aucune trace du dragon.

Varanus Varius, le bigarré, est le second lézard le plus grand d’Australie après Varanus giganteus (qui est lui-même un des plus grands lézards au monde après le Varan de Komodo, le Varan malais et le Varan-crocodile

Un autre rapport étudié par Gary était une observation par une femme près de  Brunswick Heights à l’embouchure de la rivière Brunswick. Le lézard était étendu au travers de la route sur la rue Fingle sur toute la largeur – au moins 5m. Il se leva et s’éloigna dans les buissons de la réserve.

Les Nouvelles-Galles du Sud n’ont pas le monopole des dragons. Beaucoup d’autres zones semblent être leur habitat.  La plaine de Nullarbor en Australie-Méridionale est l’un de ces lieux. La plaine est criblée de gouffres et de catacombes comme un morceau de gruyère. Comme pour les cavernes de l’Europe ancienne, on dit qu’il s’agit de repaires de dragons.

En 1940, une famille autochtone campait près des catacombes. Ils dormaient à l’extérieur de leur camion,  dehors au bord de la route. L’un des enfants s’est égaré au coucher du soleil, et malgré une recherche effrénée n’a pas pu être trouvé. Le lendemain matin, une traînée d’empreintes de lézards surdimensionnées et la marque d’une longue et lourde queue ont été trouvées menant à l’une des grottes. On a supposé qu’un Mungoon-galli avait émergé pendant la nuit et avait mangé l’enfant. Inutile de dire qu’ils ne se sont pas attardés longtemps.

Rex et Heather Gilroy, enquêteurs australiens du paranormal, ont réuni ce qu’ils considèrent être de nombreuses preuves de la survie de lézards géants en Australie, ce moulage a été réalisé à partir d’une empreinte géante de varan, trouvée par fermier à  Morya en Nouvelles-Galles-du-sud en 1979

Dans la même région en 1973, deux hommes au volant d’une Jeep tard dans la nuit, ont trouvé leurs phares illuminant un piéton plutôt bizarre – un varan goanna immense, deux mètre de haut,  et deux fois la longueur de la Jeep. Sa peau a été décrite comme du cuir gris, comme celui d’un éléphant.

Les qualité de résistances de cette peau ont été démontrées lors d’une rencontre survenue près de la rivière Margret dans la région de Kimbley, au nord-est de l’Australie, en 1982.  Un éleveur allait rassembler son bétail, quand à son grand étonnement, il vit un lézard de 6 mètres traquer ses animaux à travers une herbe longue. Il épaula son fusil et tira deux balles sur le dragon à seulement 45 mètres. L’animal, totalement indemne retourna dans la brousse.

Certains pensent que les Chinois ont atteint l’Australie il y a des siècles. En 338 av. J.-C., l’érudit chinois Shin Tzu décrivait des animaux gardés au zoo impérial de Pékin. Une description est celle d’un kangourou, évidemment cela doit provenir de l’Australie, soit directement, ou via-commerce dans le Pacifique Sud. Les missionnaires qui se sont rendus en Chine au 16ème siècle, auraient vu une carte de l’Australie datant du 6ème siècle. 

Si c’est le cas, auraient-ils pu rencontrer d’énormes lézards qui ont ajouté à leur riche tradition de dragons?

L’Australie n’a pas l’exclusivité sur les lézards géants. Son voisin proche, la Nouvelle-Guinée, a aussi des dragons. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les soldats japonais ont aperçu ce qu’ils ont décrit comme des « crocodiles grimpant à l’arbre » au fond de la jungle papoue. Puis, à l’été 1960, la panique a éclaté sur l’île, alors que des rumeurs selon lesquelles des gens avaient été tués par des dragons de 5m de long ont commencé à circuler. On disait que les monstres respiraient le feu et buvaient du sang. Leurs victimes ont été laissées avec de profondes marques de griffes imprimées dans la chair. La peur est devenue si importante que les autorités gouvernementales ont installé des palissades et offert des récompenses substantielles pour la capture de l’une des bêtes. Aucune récompense n’a jamais été réclamée, les dragons ont disparu et l’énigme reste irrésolue.

Décrit pour la première fois en 1878, Varanus salvadorii semble être l’un des plus longs varans au monde, atteignant plus de 3m de long. Il est menacé par la déforestation et le braconnage. Le varan est chassé par les tribus locales qui considèrent l’animal comme un esprit mauvais qui « monte aux arbres, marche debout, respire le feu et tue les homme ».

En 1960, Lindsay Green et Fred Kleckhan – deux agents du ministère de l’agriculture- ont trouvé de la peau et un os de la mâchoire d’un des dragons dans un village près de Kariuku. Aujourd’hui, ils auraient été possible d’ identifier ces spécimens via l’analyse de l’ADN, quelque chose d’inouï à l’époque.

En 1969, David M. Davies, un explorateur a observé des peintures rupestres montrant ce qui ressemblait à un lézard géant debout sur ses pattes arrière. Des images qui auraient effrayé ses compagnons indigènes.

La famille des varanidés est apparue en Asie centrale au Crétacé supérieur (−100,5 à −66,0 Ma). On en connaît plus de 80 espèces actuelles, réparties entre l’Afrique, l’Asie et l’écozone australasienne.

Fin 1978, un spécimen a finalement été filmé en Papouasie méridionale par les français Jean Becker et Christian Meyer. Cependant, même cela ne pouvait pas aider à déterminer s’il s’agissait d’une nouvelle espèce.

Au milieu des années 1980, le célèbre explorateur britannique, le colonel John Blashford-Snell, a été informé du « crocodile grimpant à l’arbre ». Les habitants l’appelaient Artrellia et semblaient en avoir une grande peur. On lui a dit qu’il se tenait debout et respirait le feu. D’après les descriptions qui lui ont été données par un vieux chef, il a esquissé un animal qui ressemblait davantage à un dinosaure. Une histoire raconte qu’un jeune guerrier qui ,il y a de nombreuses années, chassait au fond de la forêt, se sentait fatigué, s’assit sur une bûche. La «  buche »,  dans un style qui nous est désormais familier s’est révélé être un dragon. Il atteignait les 3 mètres de haut, juché sur ses pattes postérieures, et il possédait une mâchoire de crocodile. L’homme terrifié s’est enfui vers son village.

Varanus varius

Intrigué, le colonel est parti sur sa piste. Rien moins que le frère du premier ministre de la province de l’Ouest, lui a dit qu’un homme âgé était mort à l’hôpital Daru après avoir été attaqué par une femelle Artrellia protégeant son nid. Un ancien du village a également dit que les créatures pouvaient atteindre plus de 4 mètres de long, et se tenaient souvent sur leurs pattes postérieures, leur prêtant un aspect de dinosaure. Ils sont arboricoles, et sautent sur leur proie, qu’ils tuent avec leurs énormes griffes et leurs morsures empoisonnées. Même les petits spécimens étaient craints. Peu de temps auparavant, un petit avait été capturé et placé dans une cage en bois. Il s’est rapidement libéré et a tué un gros chien avant de s’échapper de nouveau dans le jungle.

Le colonel a cherché le dragon lui-même, sans succès. Il a ensuite offert une récompense en espèces pour toute personne qui pourrait lui apporter un spécimen. Finalement, un prêtre du village a tiré sur un petit Artrellia. Il a été identifié comme Varanus salvadori , (une espèce précédemment connue, mais dont aucun ne soupçonnait qu’il pouvait grandir autant). Le colonel a vu plus tard plusieurs spécimens de 3 mètres 50, dont un individu énorme avec une tête aussi grande que celle d’un cheval. Un tel spécimen ferait plus de 7 mètres de long.

Avec une longueur de plus de 4 mètres, le dragon salvadori est le plus long lézard du monde actuellement accepté par la science. Cependant, ce n’est pas le plus grand. Cette distinction va toujours au dragon de Komodo. Plus des deux tiers de la longueur du Dragon salvadori est constitué par sa queue sinueuse, tandis que la queue du dragon de Komodo ne prend que la moitié de sa longueur entière, donc il l’emporte de loin sur son cousin allongé. Pourtant, la possibilité demeure que les spécimens de ce dragon serpentin grandissent beaucoup plus que ce que l’on sait actuellement et se cachent non découverts au milieu cette île énorme et encore mal explorée. Cette idée est soutenue par un certain nombre témoignages.

La capacité qu’a le lézard à courir très rapidement sur ses pattes arrières lui aurait permis d’échapper dès l’origine à ses prédateurs, notamment au ptérosaure, un reptile volant.

Robert Grant et David George exploraient le district de l’île Strachan en 1961, lorsqu’ils ont rencontré un lézard à la peau grise d’environ 6 mètres de long. Le cou de la créature mesurait à lui seul 1 mètre.

En 1999, deux groupes de personnes ont repéré une créature comme un dinosaure au lac Murray près de Boroko. Il mesurait six mètres de long, avec une peau de crocodile. Il avait d’épaisses pattes postérieures avec des pattes avant plus petites et une longue queue.

Le lac Murray est le plus grand de Papouasie Nouvelle Guinée, il est connu pour abriter un monstre de légende, justement appelé « Murray », à l ‘allure de dinosaure bipède.

Pas plus tard qu’en 2004 en Nouvelle-Bretagne, une île au large de la Nouvelle-Guinée un lézard géant de plus de 6 mètre de long, capable de s’élever jusqu’à 3 mètres de haut et aussi épais qu’un réservoir d’eau de 900 litres était supposé hanter un marais criblé de moustiques juste à l’extérieur de la capitale provinciale Kokopo, près de la ville dévastée de Rabaul qui a été dévastée par une éruption volcanique en 1994. Le monstre a tué et mangé trois chiens. Les habitants pensaient qu’il s’agissait d’un dinosaure et la police transportant des M-16 et des fusils de chasse a fouillé la zone, mais n’a trouvé aucune trace .

Dans les marais du Soudan, on dit qu’il vit une bête connue sous le nom de lau. Les indigènes décrivent la bête comme quarante à cent pieds de long, à peu près aussi épais qu’un âne et jaune. Certaines descriptions lui fournissent une crête ou une crinière. Étrangement, il est également dit posséder des tentacules faciaux avec lesquels il saisit sa proie

L’explorateur et naturaliste des années 1920 J. G. Millans a interviewé un occidental qui croyait fermement au monstre. Le sergent Stephens, (qui n’a jamais été identifié avec un prénom), lui a dit…

« Un Abriahim Mohamed, employé de la société (une société de télégraphe), a vu un lau tué près de Raub , dans un village appelé Bogga. Je connaissais l’homme et je lui ai posé des questions. Il répétait toujours la même description du monstrueux reptile. Plus récemment, un a tué par des Shilluks à Koro-a-ta au-delà de Jebel-Zeraf (marais d’Addar). J’ai obtenu quelques os du cou de ce spécimen d’un Shilluk qui les portait comme un talisman. J’ai envoyé ces os au  sous-gouverneur Jackson (maintenant de la province de Dongola), qui à son tour les a envoyés au British Museum pour identification, mais aucune explication satisfaisante n’a été donnée, ni même a-t-il été suggéré à quelle espèce de serpent ils pourraient appartenir « .

Le Lau par Philippe Coudray

L’histoire d’Abrahim a été corroborée par un Rabha Ringbi, un Nian-Niam du quartier de Wau dans le Bahr-el-Ghazal, qui avait vu un monstre similaire tué dans les marais près de cet endroit:

« Des Dinkas vivant à Kilo (une station télégraphique sur le Zeraf) m’a dit que le lau fréquente le grand marais dans le voisinage de cette station et ils entendent parfois son sanglot profond résonner la nuit dans le marais.

Il y a peu de temps, j’ai rencontré un administrateur belge à Rejaf. Il revenait tout juste du Congo, et se disait convaincu de l’existence du lau puisqu’il avait vu un de ces grands serpents dans un marais et qu’il tirait dessus à plusieurs reprises, mais les balles n’avaient aucun effet. Il a également déclaré que le monstre a fait un énorme sentier dans le marais comme il se déplaçait dans les eaux plus profondes. « 

Un autre élément de preuve intrigant a été photographié par le capitaine William Hutchins et publié dans le magazine Discovery. C’était un masque en bois rituel représentant la bête. Quand Hitchins a interrogé Meshengu elle Gunda, le chanteur et sculpteur indigène qui a fait le masque, quant à l’existence de la bête, l’Africain a répondu philosophiquement :

« J’aurais pu dire, comme un jeune homme, quand j’étais ignorant, qu’une chose comme une voiture n’existe pas. Je n’en avais jamais vu ou même entendu parler d’une alors. Mais il y a votre voiture à devant les yeux et je me suis assis sur ses chaises et entendu ses entrailles digérer à l’intérieur. C’est pareil pour le lau ».

Les dragons d’aujourd’hui se cachent dans le Nouveau Monde aussi.

Les habitants des parties boisées de l’Arkansas rural, ont une tradition d’un lézard de plus de 5 mètres appelé un gowrow. Le monstre arbore d’énormes défenses et se cache dans les grottes et sous les rebords rocheux. En 1897, William Miller, un vendeur ambulant qui prétendait avoir tué un spécimen près de la ville de Marshall, a dit qu’il avait envoyé le corps à la Smithsonian Institution. Surprise, il n’y a aucune trace de son arrivée.

Le lézard de Milton est une créature décrite comme un varan de d’environ 4 mètres qui aurait été aperçue à Canip Creek, près de la ville de Milton, dans le comté de Trimble, Kentucky, à l’été 1975

Dans les années 1930, on disait qu’un gowrow se trouvait dans Devil’s Hole, une grotte profonde et large sur la propriété d’un J.E.Rhodes. Après avoir entendu un sifflement fort venant de la grotte, Rhodes a courageusement enquêté. Il a été descendu par une corde à 60 mètres de profondeur par l’ouverture de la grotte, jusqu’à ce que le passage se rétrécisse et empêche une descente plus profonde. L’expérience fut répétée en utilisant une grosse pierre au lieu de Rhodes. Elle été descendue à la même profondeur qu’avant, et un sifflement violent a été entendu. Lorsque la corde a été tirée vers le haut à nouveau, la pierre manquait, et la corde avait été mordu propre à travers.

Varanus Salvadorii

L’Italie semble être une Mecque pour les reptiles étranges. En décembre 1933, un serpent gros comme un animal attaque des fermiers à Syracuse, en Sicile. Il a ensuite été pourchassé et tué par des paysans. La créature mesurait plus de 3m de long, mais sa nature exacte ne sera jamais connue car les fermiers effrayés ont brûlé le cadavre.

Des créatures lointaines ont été rapportées d’Italie. Des années 1930 jusqu’aux aux années 1980, des créatures qui semblent s’être enfuies des bestiaires médiévaux ont été vues errant dans le pays. En 1935, un « dragon » de 2 m50 a été vu rôdant dans le bois de Monterose au nord de Rome. Le vieil homme qui l’a signalé, a affirmé qu’il avait vu cette chose tous les dix à quinze ans depuis qu’il était un garçon. Son corps écaillé était vert et or.

Plus récemment, une bête plus grosse a été vue en liberté. Un reptile de 4m  de long a été signalé en 1969 près de Forli, au nord-est de Florence. Le témoin terrifié a dit:

 « C’était une énorme chose écailleuse d’au moins 4m de long. Il marchait sur les jambes épaisses et son souffle était comme brûlant, chaud. J’ai couru pour ma vie et il m’a suivi pendant quelques centaines de mètres.

A suivre chapitre 2 : les dragons ailés

Richard Freeman

Richard Freeman, membre éminent du Center for Fortean Zoology, il est la définition même du cryptozoologue : un passionné, un aventurier, un écrivain, un libre-penseur, quelqu’un qui consacre sa vie à enquêter sur les mystères du monde animal, aux quatre coins du monde. Son dernier ouvrage est disponible notamment ici : https://www.bookdepository.com/Adventures-Cryptozoology-Richard-Freeman/9781642500158

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